Jour 126 de l’opération « inondation d’Al-Aqsa » : les États-Unis affirment qu’ils ne soutiendront pas une opération terrestre à Rafah, mais Israël intensifie ses attaques

Même Joe Biden admet que la conduite d’Israël à Gaza est « excessive », alors que l’armée israélienne a continué à intensifier ses attaques suite au rejet par Netanyahu de la dernière proposition de cessez-le-feu du Hamas.

Par Anna Lekas Miller 9 février 2024

Des Palestiniens blessés reçoivent des soins dans un centre médical du Croissant-Rouge à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, après avoir été blessés lors d’un raid israélien, le 5 février 2024. (Photo : Bashar Taleb/APA Images)

Les victimes

  • 27 947+ Palestiniens tués à Gaza, dont au moins 12 000 enfants.
  • Plus de 67 459 Palestiniens blessés.

Principaux développements

  • Les États-Unis annoncent qu’ils ne soutiendront pas une opération terrestre « non planifiée » à Rafah.
  • Le président américain Joe Biden critique les actions d’Israël à Gaza, les qualifiant d' »excessives ».
  • L’armée israélienne intensifie ses attaques sur Rafah, malgré les avertissements.
  • Des tireurs d’élite israéliens assassinent au moins 17 personnes devant l’hôpital Nasser à Khan Younis.
  • ONU : 500 000 enfants ne sont pas scolarisés à Gaza.
  • ActionAid : La nourriture devient si rare à Gaza que les gens mangent de l’herbe.
  • Le ministre iranien des affaires étrangères, Hossein Amirabdollah, se rend à Beyrouth pour rencontrer « de hauts responsables libanais et des chefs de groupes de résistance ».
  • Onze Palestiniens sont arrêtés lors de raids en Cisjordanie.
  • L’Arabie saoudite accueille des diplomates arabes de haut rang, appelant à un cessez-le-feu immédiat et à la reconnaissance d’un État palestinien.
  • Des officiers de renseignement de l’armée américaine affirment qu’Israël a tué un tiers des combattants du Hamas.

Les États-Unis s’opposent à une opération militaire « non planifiée » à Rafah

Les États-Unis ont prévenu qu’ils ne soutiendraient pas une opération militaire « non planifiée » à Rafah sans tenir compte des Palestiniens déplacés qui s’y abritent.

« Nous n’avons vu aucun plan qui nous convaincrait qu’ils [les militaires israéliens] sont sur le point de mener, ou vont mener de manière imminente, des opérations majeures à Rafah », a déclaré le porte-parole de la sécurité nationale des États-Unis, John Kirby, lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche jeudi.

« Plus d’un million de Palestiniens sont réfugiés à Rafah et dans ses environs », a-t-il poursuivi. « L’armée israélienne a l’obligation particulière, lorsqu’elle mène des opérations dans cette ville ou ailleurs, de s’assurer qu’elle prend en compte la protection des civils innocents.

Le président américain Joe Biden s’est fait l’écho de ses préoccupations, prononçant un discours dans lequel il a qualifié les actions d’Israël à Gaza d’« exagérées », ce qui constitue un changement radical par rapport à son soutien sans équivoque habituel à Israël.

Les commentaires de Biden interviennent après plusieurs manifestations à travers le pays appelant à un cessez-le-feu, ainsi qu’une pression politique accrue de la part de la communauté palestinienne et arabo-américaine pour ne pas soutenir Biden pendant la campagne électorale de 2024, compte tenu de son inaction sur Gaza.

Le Conseil des relations islamiques a également appelé l’administration Biden à obtenir la libération de deux citoyens américains enlevés par les forces israéliennes à Gaza.

Néanmoins, les États-Unis n’ont jusqu’à présent pas fait grand-chose pour utiliser de manière significative leur influence dans la région – même si Netanyahu a rejeté une proposition de cessez-le-feu plus tôt cette semaine.

Fait alarmant, l’armée israélienne continue d’intensifier ses attaques dans la bande de Gaza. Au cours des dernières 24 heures, des frappes aériennes israéliennes ont visé plusieurs maisons dans la ville de Gaza, ainsi que des maisons à Deir al-Balah et à Rafah. Pas plus tard que la nuit dernière, des tireurs d’élite israéliens ont abattu au moins 17 personnes à l’extérieur de l’hôpital Nasser de Khan Younis, dans un exemple d’une tendance croissante aux attaques ciblées.

Pendant ce temps, la crise humanitaire dans la bande de Gaza ne fait qu’empirer : on estime à 500 000 le nombre d’enfants qui ne peuvent pas aller à l’école, et la crise de la faim est devenue si grave que les gens ont commencé à manger de l’herbe, en l’absence de toute autre chose. Rafah, la dernière zone dite « sûre » de Gaza, a été décrite comme une « cocotte-minute du désespoir », où plus de 1,4 million de personnes s’abritent dans des abris surpeuplés de l’ONU et des villages de tentes. Étant donné que Rafah est le district le plus au sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l’Égypte – la frontière égyptienne reste fermée aux Palestiniens qui espèrent fuir Gaza – beaucoup se demandent où ils iront dans l’éventualité probable d’une invasion terrestre.

Une femme du nom de Warda Abu Warda a déclaré à Al Jazeera : « Où allons-nous après Rafah ? », à la suite d’une frappe aérienne israélienne qui a tué treize personnes à Rafah. « Allons-nous jusqu’à la mer ?

Raids, arrestations et décès en détention en Cisjordanie

Les raids israéliens se poursuivent en Cisjordanie, alors que 11 Palestiniens ont été arrêtés à Ramallah,

Sinjil et Tulkarem la nuit dernière, dont un journaliste identifié comme Hamza Safi.

Un prisonnier palestinien est mort en détention israélienne, ce qui porte à huit le nombre total de Palestiniens morts en détention israélienne depuis le 7 octobre 2023.

La fin de la guerre à Gaza est « essentielle » pour la stabilité régionale

Alors que les représentants du Hamas retournent une nouvelle fois au Caire pour travailler sur un cessez-le-feu avec les négociateurs égyptiens et qataris, les analystes politiques et les dirigeants mondiaux tirent la sonnette d’alarme : l’absence d’accord de cessez-le-feu pourrait entraîner une escalade de la violence dans la région, ainsi qu’une catastrophe humanitaire à Gaza.

« Je pense que les trois grands – l’Iran, Israël et les États-Unis – ne veulent pas d’une escalade », a déclaré Comfort Ero, président de Crisis Group, soulignant que commencer par une trêve de 40 jours (et l’étendre à partir de là) pourrait être un début positif pour éviter le type d’escalade que beaucoup redoutent.

Plusieurs autres pays arabes, dont les Émirats arabes unis (EAU) et l’Arabie saoudite, ont récemment organisé des réunions pour discuter de la désescalade des tensions dans la région et de la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et de la reconnaissance d’un État palestinien. Cependant, étant donné que Netanyahu a rejeté la dernière proposition de cessez-le-feu et qu’il a qualifié de « folles » les demandes du Hamas concernant un plan en trois phases pour la fin de la guerre (qui comprendrait un cessez-le-feu temporaire et la libération de nombreux prisonniers palestiniens en échange de prisonniers israéliens), certains craignent qu’un accord ne vienne trop peu et trop tard.

« Nous constatons également que nous nous rapprochons chaque jour un peu plus d’une erreur de calcul majeure », a poursuivi M. Ero. « Il est donc très important d’éviter ce genre de catastrophe.

Entre-temps, M. Netanyahu a déclaré que le seul « jour d’après » sera le « jour d’après le Hamas – tout le Hamas ». Étant donné qu’un récent rapport des services de renseignement américains a révélé que seul un tiers des combattants du Hamas ont été tués depuis le début de la guerre, cette vision d’une « victoire totale » pourrait être très éloignée. En attendant, les civils seront inévitablement pris entre deux feux.

(traduction J et D)

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