JO de la honte. Face aux politiques racistes : lutte et organisation

Depuis des mois, la Préfecture expulse les lieux d’habitat informels de personnes exilées en Ile-de-France ; squats, campements, tentes isolées… Si ces expulsions ont parfois été accompagnées de réorientations temporaires vers la province, dans la majorité des cas, la Préfecture ne proposait aucune solution outre la violence et l’errance. 

Ce 18 juillet, à l’aube, la troisième évacuation de la semaine a eu lieu sur un campement de Mineurs Non-Accompagnés du centre-ville. Il a fallu attendre 10h30 pour que la Préfecture envoie un bus pour les mettre à l’abri dans un des CAES (Centre d’Accueil et d’Examen des Situations) réquisitionné pour l’occasion. La plupart des jeunes avaient déjà fui et n’ont pas bénéficié de cette proposition. 

Nous avons à présent la preuve que l’errance et les expulsions ne sont pas une fatalité, mais bien le reflet de choix politiques. Il est possible de loger les personnes à la rue, les places existent. Où étaient ces places d’hébergement en 2023 ? Elles auraient pu empêcher la mort de 656 personnes dans la rue*. 

Ces places réquisitionnées en Île-de-France ne sont en rien une victoire. Des dizaines de MNA ont refusé de monter dans les bus pour les amener en CAES, méfiants et inquiets au vu du manque de garanties sur la durée et les conditions de ces hébergements proposés soudainement par l’État. Pour ces derniers, la Mairie de Paris n’a pas été en mesure de proposer la moindre solution si ce n’est un terrain vague municipal pour installer un nouveau campement loin du périmètre de sécurité des JO. Le soir-même, accompagné de bénévoles d’Utopia56, 70 MNA ont tenté de s’y installer. Ils n’ont pas pu rester plus de quelques heures, une énième fois chassés par la police. Ils se sont finalement réfugiés dans un parking insalubre, appartenant lui aussi à la Mairie, en attente d’être une nouvelle fois chassés lorsque leur présence dérangera trop. 

Pourtant, des dizaines de places ont été libérées dans les gymnases que la Mairie gère, au fur et à mesure que des jeunes hébergés sont reconnus mineurs et donc pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance. Pourquoi les laisser dormir à même le sol dans un parking au lieu de les intégrer dans ces gymnases ?

Le dispositif sécuritaire mis en place par l’État pour l’accueil des Jeux Olympiques réprime depuis des mois le mouvement social, harcèle les personnes à la rue, et les repousse maintenant à plus d’une heure de Paris, sans le moindre titre de transport pour se déplacer. Pourtant, plusieurs décrets de la loi Darmanin viennent d’être promulgués, aggravant les OQTF et les risques d’enfermement en cas de contrôle policier.

La suite, nous la connaissons déjà. Quand les Jeux Olympiques seront terminés, que les yeux du monde auront quitté Paris, les centaines de personnes qui ont été mises à l’abri ces dernières semaines dans les dispositifs d’hébergements de l’État seront remises à la rue. Comme cela a déjà été le cas dans les CAES en région, les mineurs seront incités à faire des demandes de titre de séjour ou des demandes d’asile en préfectures, des procédures qui ne sont pas adaptées à leur situation et qui invalident leurs procédures de recours. En les refusant, les jeunes seront remis à la rue. 

De ces derniers mois, nous retenons que c’est uniquement lorsqu’il y a de réelles mobilisations des personnes concernées qu’il est possible de remporter des victoires, comme nous l’avons obtenu au moment de quitter la Maison des Métallos. Nous déplorons le fait que de telles actions ne soient pas mises en avant par les médias dominants. Le silence devant l’occupation de l’église Saint-Ferréol à Marseille par des mineurs isolés en est une nouvelle preuve. Pourtant, la multiplication de ce type d’actions montre la capacité d’auto-organisation des jeunes et notre détermination à revendiquer nos droits. 

La mobilisation du Collectif des Jeunes du Parc de Belleville ne s’arrêtera pas. Nous ne nous satisferons plus des gymnases. Des milliards d’euros ont été dépensés dans la construction d’infrastructures olympiques, la dépollution de la Seine et un tas de cérémonies ostentatoires. S’il a été possible de financer tout cela en quelques mois, il est possible de mettre en place un système d’accueil et des logements dignes. De l’argent, il y en a. 

Nous continuerons de nous mobiliser contre le racisme qui structure l’État français, afin de réclamer l’égalité des droits et la liberté de circulation et d’installation. 

*Chiffre du Collectif Les Morts de la rue

Instagram : belleville.mobilisation

Mail : contact.jeunesbelleville@gmail.com

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