Jeudi 11 décembre 2014, jour de colère…

Je ne voulais pas croire au silence, je me reprochais d’avoir un « à priori » négatif.

J’avais tort, je le regrette, mais j’avais tort, ils me l’ont confirmé par ce silence assourdissant et révoltant.

Hier, c’était le 10 décembre 2014, jour anniversaire de l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, le 10 décembre 1948, que la même Assemblée décida, en 1950, d’en faire la Journée Internationale des Droits de l’Homme.

C’est à l’occasion de cette célébration que le ministre de l’Autorité palestinienne en charge des questions de colonisation accompagné de quelques manifestants pacifiques est mort des suites des violences infligées par l’armée d’occupation Israélienne, bien décidée à empêcher la plantation d’oliviers, symbole de Paix et d’attachement d’un Peuple à Sa terre.
Un Homme, un Ministre a été tué par une armée d’occupation et le Gouvernement Français n’a rien à dire !

Si, le Porte-Parole du Gouvernement a déclaré :
A l’occasion de la journée internationale des droits de l’Homme mercredi 10 décembre, la France a rappelé son attachement au respect et à la promotion des droits de l’Homme, partout dans le monde.

Dans le même temps, au « point presse » (10 décembre) du Ministère des Affaires étrangères, on pouvait trouver le commentaire suivant :

«La France condamne les violences qui ont conduit à la mort de Ziad Abu Eïn, responsable palestinien, ancien vice-ministre chargé des prisonniers, au cours d’une manifestation pacifique aux abords du village palestinien de Turmus Ayya.

Nous présentons nos condoléances à la famille de Ziad Abu Eïn et nous nous associons au deuil du peuple palestinien.
Nous appelons les autorités israéliennes à faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame.

Dans le contexte actuel de très vives tensions en Cisjordanie et à Jérusalem, la France appelle toutes les parties à l’apaisement et à la responsabilité.»

Je relis :

« les violences qui ont conduit »…

Les violences de « qui », contre « qui » ?
Ziad Abu Eïn était Ministre de l’Autorité Palestinienne, si au Quai d’Orsay on ne le sait pas, alors qui le sait ?

« Nous appelons les autorités israéliennes »

En vertu de quoi on en appelle aux autorités Israéliennes, puisque dans le texte qui précède, ils ne sont en rien impliqués dans ces violences qui se sont produites en Cisjordanie ? Sont-elles les seules garanties d’impartialité et d’objectivité sur ce sujet selon le MAE ?

« la France appelle toutes les parties à l’apaisement et à la responsabilité.»…

Encore une fois notre Diplomatie renvoie dos à dos un Peuple occupé, spolié, massacré depuis plus de 60 ans et son agresseur, son tortionnaire !

Aujourd’hui (11 décembre 2014) lors de ce même « point presse », une question de journaliste :
Q – Le Quai d’Orsay est-il aujourd’hui en mesure de nommer les auteurs des «violences qui ont conduit à la mort de Ziad Abu Eïn», hier en Cisjordanie, pour reprendre les termes de votre communiqué ? Les images et informations disponibles indiquent que les soldats israéliens ont une responsabilité écrasante dans le déroulement des événements. Et l’autopsie confirme que ce membre du cabinet (avec rang de ministre) de l’Autorité palestinienne a inhalé du gaz et pris des coups de la part de militaires israéliens. Envisagez-vous une convocation de l’ambassadeur israélien ? Et/ou des sanctions diplomatiques à l’égard de Tel Aviv ? Lesquelles ?
R – La déclaration que nous avons faite hier condamnait les violences qui ont conduit à la mort de Ziad Abu Eïn et appelait les autorités israéliennes à faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame. Nous relevons que le ministre de la défense d’Israël a annoncé qu’une enquête était en cours.

Encore une fois Fabius Pilate s’en lave les mains !

Il est vrai que le Ministère des Affaires Etrangères est « aussi » celui du Commerce Extérieur, et que lorsqu’on parle de commerce, il reste peu de place pour les Droits de l’Homme…

Aujourd’hui, 11 décembre 2014, les Sénateurs Français ont adopté la proposition de résolution sur la reconnaissance de l’État de Palestine par 153 voix contre 146, ce vote ainsi que celui des Députés le 2 décembre dernier confirme bien par la voix de ses représentants l’exigence de la majorité du Peuple Français de voir reconnaître l’existence de l’Etat Palestinien et le respect du Droit International par le Gouvernement Français.

Yves Abramovicz