Le mouvement de solidarité consacre toute son attention au vote éventuel par le parlement français du projet de reconnaissance d’un Etat palestinien déposé par un groupe de députés.
C’est bien, mais peut-on ignorer le lien profond qui associe dans la stratégie israélienne l’offensive de ces dernières semaines sur l’esplanade des mosquées, et sur Jérusalem en général, avec la reconnaissance éventuelle d’un Etat palestinien ?
Les provocations se sont multipliées ces dernières semaines, avec la présence d’extrémistes juifs protégés par la police dans la mosquée Al Aqsa, des tirs à l’intérieur de la mosquée, des projets de loi sur le « partage » de l’esplanade permettant aux juifs de venir y prier, des manifestations violemment réprimées dans les quartiers palestiniens de la ville, des ordres de tirer sans sommation sur tout manifestant s’en prenant aux forces de police etc… Aux morts palestiniens succèdent des morts israéliens, et ce matin c’est dans une synagogue, fait rarissime, qu’un attentat a tué quatre personnes, suivi de l’exécution des deux tueurs.
La volonté israélienne de transformer le conflit politique autour de l’annexion illégale de Jérusalem en conflit religieux et donc international, est aussi celle de créer un état de fait irréversible sur le terrain. Le gouvernement Netanyahou essaie d’achever l’annexion et la judaïsation de Jérusalem, avant l’éventuelle reconnaissance. Puis de vider cette reconnaissance de toute viabilité, en faire celle d’un Etat sans terre, sans capitale, de quelques bantoustans reliés par des routes réservées aux Palestiniens, pendant que les colonies sont reliées par un réseau de routes réservées aux Israéliens. Le pouvoir israélien encourage surtout des ardeurs de groupes juifs religieux ultra-nationalistes, qui déclarent vouloir détruire la mosquée Al Aqsa, troisième lieu saint de l’islam. C’est une véritable poudrière et le gouvernement Netanyahou joue avec le feu. Israël ne s’intéresse pas à la bataille diplomatique, mais à la concrétisation de son plan sur le terrain. Jérusalem capitale éternelle et indivisible d’Israël. Ne pas prendre en compte la Bataille de Jérusalem aujourd’hui et ses enjeux serait une erreur majeure.
Ne pas intervenir de toutes nos forces pour imposer la protection internationale des lieux saints musulmans et l’application de sanctions telles que la suspension de l’Accord d’association avec l’Union européenne viderait de sens tout vote des parlements européens pour la reconnaissance d’un Etat palestinien.
Le Bureau national de l’UJFP, le 19/11/14