Israël prévoit une attaque terrestre sur Rafah, « dernier refuge » des déplacés de Gaza

Le ministre israélien de la défense a déclaré que l’armée allait bientôt prendre pour cible Rafah, la zone sud désignée comme « zone de sécurité » pour les civils palestiniens.

Des personnes ayant fui les combats dans la bande de Gaza montent à l’arrière d’un camion dans une rue surpeuplée de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza [Mahmud Hams/AFP].

Publié le 2 février 2024

L’armée israélienne prévoit d’étendre son assaut terrestre à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où la plupart des Palestiniens de l’enclave assiégée ont été contraints de se mettre à l’abri en raison des bombardements intensifs sur le reste de l’enclave.

Cette situation a semé la peur parmi les personnes déplacées et suscité l’inquiétude des organisations d’aide internationale, car le dernier endroit désigné comme « zone de sécurité » par l’armée israélienne à Gaza est menacé, tandis qu’Israël continue d’entraver l’acheminement de l’aide.

« La brigade Khan Younis de l’organisation Hamas est dissoute, nous allons terminer la mission là-bas et continuer jusqu’à Rafah », a déclaré le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, dans un message publié jeudi soir sur la plateforme de médias sociaux X. « Nous continuerons jusqu’à la fin, il n’y a pas d’autre moyen. »

Environ 1,9 million des 2,3 millions d’habitants de Gaza sont entassés à Rafah, près de la frontière avec l’Égypte, dans des immeubles résidentiels ou dorment dans la rue, sans protection ni infrastructure de base.

Hani Mahmoud d’Al Jazeera, en reportage à Rafah vendredi, a déclaré que la population déplacée manquait de produits de base, y compris de toilettes et d’eau potable en quantité suffisante. Ils ne sont pas non plus « préparés pour l’hiver » et n’ont pas de couvertures ni de vêtements appropriés, ce qui les expose au risque de tomber malades, a-t-il ajouté.

Mahmoud a déclaré que la déclaration de Gallant « montre un manque total d’attention » pour les habitants de Rafah, qui sont déjà confrontés à des conditions désespérées.

« Pour beaucoup, cela a augmenté le niveau de panique. Ils n’ont nulle part où aller. C’est le dernier refuge pour les Palestiniens à Gaza. Au-delà, il n’y a que la frontière égyptienne », a-t-il déclaré.

Emad, 55 ans, homme d’affaires et père de six enfants à Rafah, a déclaré à l’agence de presse Reuters que si les chars israéliens continuent d’arriver, « nous n’aurons que deux choix : rester et mourir ou escalader les murs en Égypte ».

« La majeure partie de la population de Gaza se trouve à Rafah. Si les chars font irruption, ce sera un massacre comme jamais auparavant pendant cette guerre », a-t-il déclaré.

Selon le ministère de la Santé à Gaza, l’armée israélienne a tué plus de 27 000 personnes, principalement des femmes et des enfants, depuis le début de la guerre le 7 octobre, et les Palestiniens pensent que le dernier plan de guerre d’Israël signifiera plus de morts et de destructions.

Gallant affirme que la « victoire ne sera pas complète si l’armée ne s’étend pas à Rafah », une ville déclarée « zone de sécurité ». Pour les Palestiniens, cela signifie un nouveau génocide », a déclaré M. Mahmoud.

« La cocotte-minute du désespoir »

Les Nations Unies et les organisations internationales de défense des droits de l’homme ont tiré la sonnette d’alarme alors que l’armée israélienne étend progressivement ses opérations terrestres dans le sud de Gaza.

Au cours des dernières semaines, des soldats et des chars israéliens ont « encerclé » Khan Younis, tuant des milliers de Palestiniens et forçant des centaines de milliers d’autres à fuir plus au sud vers Rafah.

L’hôpital Nasser et l’hôpital al-Amal de Khan Younis ont été assiégés par des tireurs embusqués israéliens, des chars et des bombes, tandis que les patients, le personnel médical et les Palestiniens déplacés sont piégés à l’intérieur.

Le bureau humanitaire de l’ONU s’est dit préoccupé par les hostilités à Khan Younis.

« Je tiens à souligner notre profonde préoccupation face à l’escalade des hostilités à Khan Younis, qui a entraîné une augmentation du nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays cherchant refuge à Rafah ces derniers jours », a déclaré Jens Laerke, porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).

Des milliers de Palestiniens ont continué de fuir vers le sud, qui accueille déjà plus de la moitié de la population, soit quelque 2,3 millions d’habitants. … Rafah est une cocotte-minute de désespoir, et nous craignons pour la suite.

Les attaques d’Israël contre Khan Younis et son expansion prévue à Rafah interviennent après que la Cour internationale de justice (CIJ) a rendu une décision provisoire la semaine dernière sur les mesures demandées par l’Afrique du Sud dans son affaire de génocide contre Israël. La CIJ a ordonné à Israël de prendre des mesures pour empêcher les actes génocidaires à Gaza et d’autoriser davantage d’aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Des pourparlers pour arrêter la guerre – au moins temporairement – sont en cours entre Israël et le Hamas avec la médiation des États-Unis, du Qatar et de l’Égypte. Mais il semble peu probable qu’un accord potentiellement imminent puisse arrêter l’incursion terrestre d’Israël à Rafah.

(Traduction D et J)


Tous les dossiers