Israël interdit à Omar Barghouti d’aller voir sa mère sur le point d’être opérée

5 janvier | Ali Abunimah pour The Electronic Intifada |Traduction Jean-Marie Flémal pour «Pour la Palestine ».

en anglais.

Israël empêche Omar Barghouti de se rendre en Jordanie pour être présent aux côtés de sa mère qui doit être opérée d’un cancer.

Barghouti croit qu’il est puni en raison de son rôle prépondérant dans le mouvement BDS en faveur des droits palestiniens, « étant donné le palmarès bien connu du régime israélien dans sa guerre totale » contre la campagne non violente.

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La mère du défenseur des droits de l’homme, Wafieh Barghouti, 75 ans, a reçu un diagnostic de cancer voici plusieurs mois. « Depuis lors, elle se bat avec courage et dignité et continue de publier sur Facebook ses nombreux et typiques commentaires piquants », a déclaré Barghouti ce jeudi.

Israël a menacé publiquement Barghouti à propos de son rôle en tant que dirigeant du mouvement BDS.

En mai 2016, Israël lui a effectivement notifié une interdiction de voyage en refusant de lui renouveler ses documents de résidence.

Et ce, après que le ministre de l’Intérieur Aryeh Dehri avait explicitement menacé de lui retirer le statut de résident en prétextant qu’il l’utilisait « pour voyager dans le monde entier afin de nuire à Israël de la façon la plus grave qui soit ».

Le ministre du Renseignement, Yisrael Katz, a prôné l’instauration d’une campagne « d’élimination civile ciblée » des dirigeants BDS avec l’aide des renseignements israéliens. Le terme hébreu utilisé par Katz était semblable au terme israélien désignant un « assassinat ciblé ».

Gilad Erdan, le ministre en charge de la lutte contre BDS, a déclaré que les activistes devaient « payer le prix » de leur travail.

Amnesty International a condamné ces menaces, disant qu’elles ont « créé un environnement de plus en plus dangereux » pour les défenseurs des droits de l’homme en Israël, en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza.

En avril dernier, Israël a soumis Barghouti à plusieurs journées d’interrogatoire et à une ordonnance de silence, ce que Bargouti lui-même a qualifié de « chasse aux sorcières maccarthyste » contre lui et le mouvement BDS.

Une ordonnance du tribunal

Selon ses propres dires, Barghouti a été autorisé à se rendre à Amman avec sa mère pour plusieurs séances de chimiothérapie mais, chaque fois, ses avocats ont dû introduire une demande d’ordonnance du tribunal afin de suspendre temporairement l’interdiction de voyager qui lui est imposée. Mais, cette fois, il lui est impossible de se rendre auprès de sa mère, qui doit être opérée.

« En réponse à une requête urgente introduite par mes avocats – laquelle expliquait l’opération que ma mère doit subir incessamment et la nécessité de ma présence à ses côtés – un tribunal israélien a levé temporairement l’interdiction de voyager du 2 au 16 janvier 2018 », a déclaré Barghouti.

Toutefois, le ministre israélien de l’Intérieur n’a toujours pas renouvelé son document de voyage au bout de trois semaines, et ce, malgré l’ordonnance du tribunal, a-t-il poursuivi.

Barghouti d’ajouter que les menaces et restrictions qui lui étaient imposées « étaient bien légères en comparaison avec les crimes de guerre et crimes contre l’humanité (y compris l’apartheid) perpétrés par le régime israélien d’oppression contre des millions de Palestiniens ».

Et de mentionner entre autres l’emprisonnement de l’adolescente Ahed Tamimi, l’exécution du manifestant handicapé Ibrahim Abu Thurayya, la colonisation et le nettoyage ethnique en cours, et le siège de Gaza (ce dernier privant systématiquement les Palestiniens de soins contre le cancer).

Le temps de l’apaisement est révolu

« Maman, pardonne-moi, je ne serai pas physiquement avec toi durant ton épreuve », a déclaré Barghouti. « Notre sacrifice est insignifiant comparé aux nombreux et pénibles sacrifices de notre peuple. »

Barghouti a affirmé que « les intimidations et les brimades d’Israël ne me dissuaderont jamais de faire ce qui est juste – continuer à assurer ma modeste contribution à la lutte de mon peuple pour sa libération ».

Aux personnes désireuses d’apporter leur aide, par exemple, en adressant des lettres aux autorités israéliennes, Barghouti a fait savoir : « Rien de l’extérieur ne peut soumettre le régime israélien d’occupation et d’apartheid à une pression plus forte que celle des BDS. Le temps de l’apaisement et des appels à genoux afin qu’il respecte nos droits doit venir à sa fin. »

Et de conclure : « Pour contribuer à ce qu’Israël cesse de nous tenir sous sa botte, je demande des campagnes BDS plus créatives, plus stratégique et plus soutenues qui se traduiront par des sanctions internationales semblables à celles qui furent imposées à l’Afrique du Sud de l’apartheid. Ce n’est qu’à ce moment que la justice prévaudra. »

Lire également cet article sur le site de Plate-Forme Charleroi-Palestine