Israël critiqué pour le battage fait autour de son aide au Népal alors que Gaza est toujours en ruine

Par Ali Abunimah, 27 avril 2015

Le directeur de Human Rights Watch a critiqué Israël pour sa mise en scène de l’aide d’urgence qu’il apporte au Népal dévasté par un tremblement de terre alors qu’il continue à empécher la reconstruction à Gaza.

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« Il est plus facile de s’occuper d’un désastre humanitaire lointain que de celui plus proche provoqué par Israël à Gaza » a twitté Kenneth Roth en commentant l’annonce par Israël d’un vol de 260 médecins de l’armée et personnels militaires à destination de Katmandou.

« Arrêtez le blocus » a demandé Roth. Plus tôt dans le mois, 46 agences d’aide internationale ont vivement demandé des sanctions contre Israël s’il ne mettait pas fin au siège de Gaza qui a empéché la reconstruction ne serait-ce que d’une seule maison durant les 8 mois passés depuis l’attaque destructrice du dernier été.

« Le blocus est une punition collective; il est imposé en violation des [lois humanitaires internationales] et, selon l’ONU, peut être source de crimes de guerre, » déclare le rapport signé, entre autres, par Oxfam et Save the Children.

Le blocus continuel de Gaza dévastée équivaut à « un crime de guerre », disent les agences d’aide.
En dépit du fait que 100 000 personnes, dont les logements ont été détruits par Israël, demeurent sans abri, « Aucun logement permanent n’a été reconstruit » ajoute-t’il.

Plus de 2200 palestiniens ont été tués par l’attaque israélienne, dont 547 enfants. Au moins 11000 palestiniens ont été blessés.

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Malgré l’urgence de l’appel des agences d’aide pour Gaza, le rapport a été quasiment ignoré par les médias.

Soutien de l’ambassadeur des Etats-Unis

Les derniers rapports établissent le bilan des morts dus au tremblement de terre au Népal et aux douzaines de répliques à 3000 personnes, avec la plupart des dégats concentrés dans la capitale Katmandou.

Pendant ce temps, L’ambassadeur des Etats-Unis en Israël Shapiro a lui aussi été rapide à exploiter la tragédie, twittant que les Etats Unis et Israël « ont donné [la] même réponse : annonce de secours immédiat et assistance. »

sur Twitter, — Dan Shapiro (@AmbShapiro) 25 avril 2015 :

Prières pour le peuple du Népal. les Etats Unis et Israël ont la même réponse : annonce de secours immédiat et assistance. Heureusement, nous pouvons sauver des vies

Shapiro a été complétement silencieux à propos du blocus de Gaza qui continue d’empécher d’y apporter aide et assistance.

Les désastres comme outils de propagande

L’utilisation par Israël de son apport d’aide lors de désastres mondiaux afin de corriger son image trempée de sang est une technique bien rodée qui constitue une politique officielle.

« Vous allez participer à une mission importante » a dit le premier ministe Benyahim Netanyahou aus personnels militaires envoyés au Népal. « Ceci est le véritable visage d’Israël – un pays qui fait tout son possible dans de telles occasions. »

En 2013, Israël à déployé des équipes d’assistance aux philippins après que des milliers d’entre eux aient été tués par le typhon Haiyan.

Il a, à cette occasion, mis en oeuvre une propagande multimedia sophistiquée, avec un compte Twitter dédié et des videos sur YouTube pour vanter ses efforts.

Le blogueur de Electronic Intifada Benjamin Doherty qualifie ce type de propagande de « blanchiment d’image » (« blue washing »).

Doherty, écrivant avant la dernière attaque destructrice contre Gaza, a noté que les aides les plus mises en avant par Israël étaient loin d’être exceptionnelles, voire dans le contexte des événements proches de lui, minuscules.

La catastrophe humanitaire en Syrie a chassé des millions de réfugiés dans les pays avoisinants, et Israël a fait de menus efforts.pour fournir des soins de santé à quelques syriens. Les efforts minuscules de l’armée israélienne pour fournir de l’aide à une poignée de syriens sont sur-représentés dans les medias internationaux alors que les camps de réfugiés et les villes en Jordanie, en Turquie et au Liban sont complétement saturées de syriens fuyant les violences. Il n’y a aucun autre pays en faisant si peu avec autant de bruit autour.

Un effort israélien qui n’a rien d’exceptionnel

En effet, des douzaines de pays et d’agences d’aide ont fourni de l’assistance au Népal. Etant donné la taille relativement importante de son budget militaire, la contribution d’Israël aux efforts d’assistance ne va pas au delà de ce que fournissent les autres nations.

En plus des approvisionnements, le Royaume Uni a envoyé sept équipes de recherche et sauvetage, quatre chiens de recherche et sauvetage et une équipe de traumatologues.

Le Qatar a annoncé qu’il avait mis en place un « pont aérien » avec plusieurs appareils transportant de grandes quantité de matériel de sauvetage et un hôpital de campagne. La Turquie a également offert d’envoyer un hôpital de campagne de 50 lits.

L’Iran a annoncé qu’il travaillait déjà avec ses voisins pour envoyer en urgence de l’approvisonnement et des équipes de sauvetage.

Le Pakistan a expédié quatre avions de transport militaire C-130 transportant du matériel de sauvetage et un hôpital de 30 lits.

Politique officielle

Les missions d’aide à des pays comme le Rwanda, l’Arménie, la Turquie, Haïti, les Philippines et la Macédoine ces dernières dizaines d’années ont aidé à « susciter du respect pour Israël » a observé le général de réserve Shuki Shemer , le précédent officier médical supérieur de l’armée israélienne.

«Les missions outre-mer contribuent à la « hasbara » d’Israël »
Hasbara – le mot hébreu pour « explication » – en est venu à signifier propagande d’état dans le contexte des efforts faits par le gouvernement pour améliorer l’image du pays.

En effet , ceci était une recommandation particulière du Reut Institute, le groupe de réflexion israélien qui a créé la feuille de route qu’Israël et ses organisations alliées utilisent pour saboter et attaquer le mouvement de solidarité avec la Palestine, en le nommant « délégitimisation ».

« En lien avec la bataille contre la délégitimisation et pour redorer l’image d’Israël, Tikkun Olam acquiert une grande signification parce cela crée une dissonance avec l’image diabolisée d’Israël défendue par les délégitimiseurs, » affirme le Reut Institute dans son influent rapport 2010 sur comment combattre les critiques d’Israël.

Tikkun-olam est une expression en hébreu qui signifie « réparer le monde » et elle possède une valeur éthique dans beaucoup d’interprétations modernes du judaïsme.

C’est également la bannière sous laquelle Israël, qui s’auto-définit « Etat juif », mène ses missions d’aide, ce qui en fait un outil efficace de hasbara.

Israël peut chercher à démontrer qu’il pense réparer le monde, mais il ne pense définitivement pas à réparer Gaza.

“Trafic d’êtres humains”

Le tremblement de terre au Népal a mis en lumière une pratique internationale que certains assimilent à du trafic d’êtres humains.

Comme élément de son « secours », Israël a évacué 25 bébés nés de mères porteuses népalaises, neuf d’entre eux étant prématurés.

« Beaucoup de couples d’homosexuels israéliens ont adopté des enfants avec l’aide de mères porteuses au Népal parce que la grossesse pour autrui (GPA) est illégale en Israël pour les couples homosexuels, » rapporte The Guardian.

Les officiels du gouvernement israélien disent qu’ils vont accélerer la sortie d’un texte du ministre de l’intérieur autorisant ces enfants, qui sont des citoyens népalais et ne peuvent être considérés juifs selon la loi israélienne, à entrer dans le pays.

La procédure standard nécessite des tests ADN pour prouver que le père d’un enfant est israélien.
Il y a eu une pression en vue de légaliser la GPA pour les couples gay en Israël afin de contourner le problème en vue de les recruter dans la guerre contre ce qui est nommé « la menace démographique » portée par les palestiniens.

« Légaliser la GPA pour les gays en Israël autoriserait ‘des oeufs juifs dans des mères juives’ », a avancé Fred Hertz.

Les activistes gays juifs voient la GPA pour les couples homosexuels comme importante pou « maintenir l’avantage démographique sur les non juifs », a expliqué Hertz, un juriste et avocat LGBT pro-israélien.

Alors que les enfants étaient évacués par avion hors du pays, il n’y a eu aucun commentaire sur le sort de leur mère.

La GPA commercialisée, où des habitants des pays riches paient des femmes de pays désespérément pauvres pour qu’elles portent un bébé pour eux, est une industrie en croissance rapide dans des endroits comme l’Inde, la Thaïlande ou le Népal, qui a un revenu moyen par tête de seulement 730$.
La pratique de la GPA commerciale est interdite dans plusieurs pays européens. La GPA hors commerce est autorisée dans certains pays européens. Aux Etats-Unis, certains états autorisent d’en faire commerce, mais l’attirance pour des pays comme l’Inde et le Népal provient du fait qu’ils sont bien meilleur marché.

Un article de 2010 dans ‘Mother Jones’ à propos du marché « louer un utérus » en Inde décrit « des dortoirs de gestation » dans ce qui constitue des « usines à bébés », et affirme que les femmens y sont confrontées à des procédures qui peuvent mettre leur vie en danger.
L’Inde a récemment mis en vigueur de nouvelles restrictions concernant son industrie de la GPA de 1.5 million de dollars.

L’été dernier, la Thaïlande a déclenché une enquête après que neuf bébés obtenus par GPA ont été trouvé dans des circonstances qui suggérent un trafic d’êtres humains avec, entre autres, l’Australie

Cette industrie, très peu régulée globalement, à fait parler d’elle l’année dernière après qu’un couple australien a été accusé d’avoir abandonné un bébé , dont il avait commandé la gestation à une femme en Thaïlande, après avoir appris que le garçon, prénommé Gammy, avait le syndrome de Down.

La Thaïlande envisage d’interdire cette pratique.

Traduction : Roger M. pour l’Agence Média Palestine

Source originelle: Electronic Intifada