« On attend juste de nous que l’on condamne l’expression du désespoir des victimes.»
On ne dira rien sur les provocations israéliennes de ces dernières semaines sur l’Esplanade des Mosquées. On ne dira rien des agressions physiques et verbales des colons arrogants. On ne dira rien de l’humiliation quotidienne des enfants, des femmes et des hommes palestiniens. On ne dira rien du climat de répression et de haine qu’entretient le gouvernement israélien depuis des décennies, et qui est la vraie cause historique de la violence et de la mort.
On ne dira rien. On attend juste de nous que l’on condamne l’expression du désespoir des victimes. « Condamnez donc si vous êtes un vrai modéré ! » Et nous voilà, à la « queuleuleu » condamnant l’attaque contre la synagogue… et il faudrait se taire ensuite, avec le sentiment du devoir accompli de civilité?
Parce que je ne veux pas mourir lâche, je condamne dans le même souffle, et fermement, l’hypocrisie de la communauté internationale, de ces responsables politiques occidentaux, arabes ou israéliens qui acceptent en silence l’humiliation d’un peuple, la destruction des demeures, la colonisation illégale et la mort des civils palestiniens. Le sang des rabbins, hier, comme le sang de tant de Palestiniens, entache vos mains de la même façon qu’il salit celles des complices passives des atrocités de l’Histoire.
Vous pouvez condamner, certes, mais faites-le alors devant un miroir.
Tarik Ramadan