Communiqué de l’UJFP
Le 25 juin, un commando de la résistance palestinienne a attaqué une base de l’armée israélienne près de la frontière avec la Bande de Gaza, tuant deux militaires et faisant prisonnier un troisième. Le Premier ministre Ehoud Olmert a dénoncé alors cet « acte terroriste » et sous prétexte de libérer le prisonnier israélien ordonne l’invasion de la Bande de Gaza.
Au cours d’une vaste offensive, l’artillerie et l’aviation israélienne ont pilonné des zones résidentielles, détruit des ponts, réduit en cendres un entrepôt, bombardé une université, endommagé une centrale électrique (privant ainsi 700 000 habitants de courant), lancé des missiles contre des installations industrielles, rasé des habitations, incendié un ministère gouvernemental, puis fait prisonnier une trentaine de ministres et députés du gouvernement palestinien, le tout en infraction aux règles diplomatiques, politiques et humanitaires en vigueur selon les normes du droit international. Ces actes, qu’on peut qualifier de terrorisme d’État, ont été commis en flagrante violation des Conventions de Genève, qui enjoignent à la puissance occupante d’assurer la sécurité de la population civile en zone de conflit. Mais au lieu d’assurer sa sécurité, Israël multiplie des exactions à l’encontre de cette même population civile. Tout cela dans le silence des gouvernements, à commencer par les protagonistes de la Feuille de route dont certains se contentent de demander à l’armée israélienne de ne pas aller trop loin et déplorent la violence des deux côtés, oubliant les responsabilités israéliennes dans le conflit.
Lorsque l’armée israélienne empêche les Palestiniens de vivre, à travers les check points et l’occupation du territoire, à travers les assassinats ciblés et la destruction systématique de la société palestinienne, les gouvernements laissent faire. Mais si un soldat israélien est fait prisonnier par des Palestiniens menant une action de résistance, on crie à l’acte terroriste et on exige la libération de ce soldat « otage ». On oublie ainsi les huit mille prisonniers palestiniens, les arrestations et les emprisonnements administratifs, la répression qui s’abat sur un peuple qui refuse sa condition d’occupé.
C’est au moment où un accord était signé entre l’Autorité palestinienne et le gouvernement palestinien sur « l’appel des prisonniers » qui reconnaît implicitement l’existence d’Israël et qui demande la création d’un État palestinien recouvrant la Cisjordanie et Gaza, que l’armée israélienne envahit Gaza, comme pour mieux rappeler que cet accord ne concerne pas l’État d’Israël, comme pour mieux rappeler qu’Israël est le maître et que tout accord, si accord il y a, ne peut être que l’acceptation par les Palestiniens du diktat israélien.
Pendant ce temps, les États-Unis et l’Union européenne continuent de couper l’aide financière à l’Autorité palestinienne sous prétexte que la majorité démocratiquement élue par les Palestiniens lors des dernières élections n’est pas la bonne. Et l’on reproche au gouvernement palestinien de ne pas reconnaître l’État d’Israël, de prôner la violence et de ne pas appliquer les Accords d’Oslo. On oublie ainsi qu’Israël n’a jamais reconnu le droit à l’existence d’un État palestinien, que l’État d’Israël pratique la violence de l’occupation, ce que nous rappelle l’invasion de Gaza, que c’est Israël qui a rendu caducs les Accords d’Oslo, aussi peu favorables aux Palestiniens étaient-ils.
Le ministre de la Défense, Amir Peretz, chef du parti Travailliste, porte l’entière responsabilité des exactions actuelles, tout comme le Premier ministre Ehoud Omert, chef du parti Kadima. Ils devront répondre devant la communauté internationale des crimes de guerre qu’ils viennent d’ordonner.
La paix passe d’abord par la fin de l’occupation, l’arrêt des opérations militaires contre les Palestiniens, et la reconnaissance d’un État palestinien qui ne se réduise pas à quelques morceaux laissés à l’appréciation des Israéliens.