L’intervention de Simon Assoun, pour l’UJFP, à la manifestation qui s’est tenue à Ménilmontant le 19 février, contre les actes antisémites, contre leur instrumentalisation, pour le combat contre toutes les formes de racisme.
Bonsoir, merci d’être présents nombreux,
Réunis ce soir pour dénoncer les actes antisémites qui se sont produits ces derniers jours, auxquels il faut ajouter la profanation d’un cimetière juif d’Alsace. Et parce que Tous les actes de racisme, de haine, de rejet de l’autre, de mépris, d’infériorisation, de stigmatisation d’où qu’ils viennent et quelques soient ceux qu’ils visent, nous concernent tous ici.
Quand les Juifs sont visés rapportait Fanon tendez l’oreille c’est de vous que l’on parle ; il avait raison et c’est toujours vrai aujourd’hui. Mais on peut aussi DIRE AUJOURD’HUI QUE lorsqu’on vise des musulmans ou des noirs ou des arabes ou des rroms, on parle aussi des juifs. C’est nous tous, qui sommes visés. Pour nous il n’est pas possible de diviser ou de hiérarchiser le racisme. Celui qui est brandi comme celui qui est tu, celui qui est instrumentalisé comme celui qui est nié.
Nous revendiquons l’égalité et la dignité pour tous, contre un régime violent et inégalitaire, qui continue de véhiculer un héritage colonial et qui adhère au pire néolibéralisme.
Nous refusons l’instrumentalisation de l’antisémitisme : que ce soit contre le mouvement des gilets jaunes, les quartiers populaires, les musulmans, ou pour criminaliser le mouvement de solidarité avec la Palestine. En tant que Juifs, nous refusons d’être utilisés par ce pouvoir pour casser les luttes sociales en racialisant les débats : ce gouvernement ne peut pas répondre aux attentes sociales des gilets jaunes, il répond en les accusant de racisme contre les Juifs. Il place les Juifs et le racisme au cœur de sa guerre sociale, et nous désigne donc nous les Juifs comme responsables. Nous ne pouvons pas l’accepter ni pour le mouvement social ni pour nous même. On voudrait produire plus d’antisémitisme que l’on ne s’y prendrait pas autrement.
C’est pourquoi nous n’avons rien à faire avec la farce qui se joue en ce moment à République. Où marchent main dans la main ceux qui fabriquent le racisme et ceux qui prétendent lutter contre.
Le cas Ciotti n’est il pas exemplaire : hier il demande à l’assemblée d’intégrer à la loi Blanquer l’interdiction des signes religieux pour les accompagnateurs des sorties scolaires, visant explicitement les mères voilées, aujourd’hui IL manifeste à République contre le racisme antisémite. RACISTE À L’ASSEMBLÉE – ANTIRACISTE PLACE DE LA RÉPUBLIQUE.
Leur appel à manifester se conclut par «l ’antisémitisme n’est pas la France ». L’antisémitisme fait partie de ce pays il a tout à voir avec une certaine histoire de France, et la construction d’une identité exclusive sur des bases raciales, notamment concernant les Juifs. La prégnance des préjugés antisémites, la signature des récents actes témoignent que ce vieil antisémitisme européen n’est pas mort.
Une autre instrumentalisation est faite de ces actes antisémites pour criminaliser l’antisionisme. Cela non plus nous ne pouvons l’accepter. C’est également en tant que Juifs que nous ne renoncerons pas à soutenir le juste combat des Palestiniens contre le colonialisme israélien. Nous ne soutiendrons jamais le régime d’apartheid israélien.
Le véritable antiracisme c’est nous tous ici qui le portons ; nous sommes fiers de construire avec vous tous un espace antiraciste respirable, c’est à dire dégagé de toutes ces instrumentalisations. Qui n’a pas peur de poser les questions politiques et d’assumer jusqu’au bout le combat pour la justice et la dignité pour tous.
Juste un mot pour vous dire pourquoi Ménilmontant ; ce quartier historiquement très populaire a rassemblé de très nombreux exilés du monde entier dont beaucoup de Juifs. C’est un quartier qui a résisté pendant l’occupation, qui a été communiste, et où les minorités ont coexisté et lutté ensemble. Un avenir de coexistence et de lutte commune, c’est ce que nous souhaitons à notre camp antiraciste.