Intervention de Simon Assoun au rassemblement du 19 octobre 2019 contre l’islamophobie

Ce rassemblement fraternel contre l’islamophobie a eu lieu ce samedi 19 octobre place de la République

Bonjour à tous

Au nom de l’Union Juive Française pour la Paix, j’apporte notre pleine et inconditionnelle solidarité à nos frères et sœurs musulmans, à tous nos concitoyens de confession musulmanes face à l’islamophobie qui se déchaîne partout, dans les médias, dans la rue, dans les entreprises et dans les institutions politiques jusqu’au plus haut sommet de l’État.

Qu’on ne s’y trompe pas, cette islamophobie n’est pas, dans le fond, une question de controverse religieuse ou de laïcité. Elle véhicule une politique d’exclusion et de relégation sociale totale, faisant des français de confession musulmane des citoyens de seconde zone, des ennemis de l’intérieur qu’il faut ficher, exclure, soumettre, jusqu’aux enfants dans les écoles primaires. C’est, au bout du bout, une politique de déshumanisation.

Cette islamophobie est d’abord dirigée contre tous ceux qui apparaissent comme descendants des pays que la France a colonisés.

Elle n’est pas dirigée contre les dictateurs auxquels la France vend des armes.

Cette mécanique, nous la connaissons bien. En tant que Juifs, nous sommes porteurs d’une histoire douloureuse, douloureuse parce que des millions d’entre nous ont par le passé subi les mêmes rhétoriques et les mêmes politiques qui devait ensuite accoucher, pendant la seconde guerre mondiale, du génocide nazi. Auschwitz n’est pas tombé du ciel, tout d’un coup, mais a été rendu possible par des décennies d’antisémitisme d’État en Europe de plus en plus virulent et de plus en plus déshumanisant.

Il y a dans notre organisation des camarades qui ont vécu dans leur chair l’antisémitisme nazi et pétainiste, beaucoup dont les parents ou grands-parents l’ont subi, et qui aujourd’hui se tiennent fermement aux côtés des musulmans et des musulmanes parce qu’une telle répétition de l’histoire leur est insupportable, parce qu’elle est pour nous tous insupportable. Car si, aujourd’hui, Auschwitz et Vichy ne sont plus, le monde qui les a enfantés, lui, existe toujours.

Et de la même manière qu’il s’est trouvé des hommes et des femmes pour se lever contre l’antisémitisme d’État hier, nous nous levons aujourd’hui contre l’islamophobie d’État aujourd’hui. C’est une question de dignité humaine, et, nous le savons bien, c’est au bout du compte une question de vie ou de mort.
La lutte contre le racisme ne se divise pas ; aujourd’hui nous sommes tous des musulmans.

L’UJFP se tiendra fermement aux côtés de toutes celles et ceux, des forces démocratiques et progressistes, pour mener ce combat jusqu’au bout.