Rassemblement mercredi 20 août devant le Ministère des Affaires Etrangères à l’appel du Collectif national. Malgré la date et le discours médiatique sur la trêve, il y avait près d’un millier de personnes pour accompagner les revendications déposées à Fabius et écouter les interventions, dont celle de notre porte parole Michèle Sibony.
Je prends ici la parole pour l’UJFP.
Ce qui a conduit à GAZA 2014, en 10 adresses au gouvernement français qui est le nôtre :
1 – pour avoir placé en priorité absolue la sécurité d’Israël lors d’une offensive meurtrière qu’il a initié sans exprimer aucun souci de la sécurité des centaines de milliers de civils menacés et gravement atteints par cette offensive.
2 – pour n’avoir vu tout le long de cette offensive que les rockets tirées sur Israël sans avoir eu un seul regard pour les milliers de tonnes de bombes qui ont pilonné un territoire parmi les plus densément peuplé du monde.
3 – pour n’avoir à aucun moment voulu voir ou évoquer la situation de blocus et d’emprisonnement de fait de toute la population de Gaza depuis huit ans qui lui confère le droit de résister comme tout le peuple palestinien occupé et surtout pour s’être croisé les bras et laissé jouer la loi du plus fort, en continuant à vendre et envoyer des armes à Israël.
4 -pour n’avoir appliqué aucune sanction contre les violations flagrantes de tout le droit international concernant les attaques contre les civils, (alors qu’il a pris des sanctions énergiques sur la Russie et contre les jeunes français partant se battre en Syrie ou en Irak il n’a rien a dire des 800 jeunes français qui sont allés rejoindre l’armée israélienne et commettre là aussi des crimes de guerre passibles de la justice internationale).
5- pour ne pas dire un mot des morts et des blessés et des arrestations quotidiennes en Cisjordanie comme si de ce côté là tout allait bien, ni des tués lors de manifestations à Jérusalem Naplouse Hébron Ramallah… ni sur la chasse aux arabes pratiquée sur le territoire de 48 en toute impunité. Ainsi que le dit Mustapha Barghouti : ce qui est au programme avec Gaza, c’est l’annexion de la Cisjordanie et la consolidation du système d’apartheid.
6 – pour ne pas dénoncer les punitions collectives en Cisjordanie la démolition des maisons des accusés du kidnapping des trois colons, (verra-t-on bientôt en France démolir les maisons familiales des accusés de meurtre ?) pour ne pas agir contre l’occupation et la colonisation illégale du territoire palestinien.
7 – pour ne pas dire un mot des monstruosités racistes dans les mots et dans les actes du gouvernement d’extrême droite d’Israël, et pour continuer de considérer que c’est le Hamas qui est le mauvais parti à dénoncer, et dont il faut se débarrasser.. je cite encore Barghouti : « C’est toute la société israélienne qui a glissé. Un profond racisme s’y exprime désormais ouvertement. Un pays qui accepte qu’un membre de la Knesset appelle en séance à l’assassinat des femmes palestiniennes pour qu’elles ne puissent plus donner naissance à « des serpents », un pays qui tolère que l’un de ses scientifiques de renom appelle publiquement à user du viol comme arme de guerre, un pays où l’écrasante majorité de la population s’oppose au cessez-le-feu est, à mon avis, un pays qui a déjà glissé vers le fascisme. » Fin de citation.
8 – pour n’avoir pas dénoncé la directive Hannibal de l’armée israélienne qui a permis la mort programmée d’un officier israélien du fait de sa propre armée, et la mort de 120 civils en représailles pour être sûr qu’il ne serait pas fait prisonnier. Alors qu’il laissait dire sans problème que le Hamas utilisait les enfants en boucliers humains. Comme si l’on ne pouvait dire la même chose des civils israéliens alors que toutes les bases militaires israéliennes sont situées au cœur des villes et le haut QG de l’armée est situé au cœur de Tel Aviv.
9 – pour avoir tenté de criminaliser la solidarité française en interdisant des manifestations pacifiques en validant et reprenant à son compte la stratégie sioniste qui consiste à qualifier d’antisémite toute critique d’Israël (et qu’on ne vienne pas nous raconter que des actes ou propos racistes totalement isolés dans une manifestation de 30 000 personnes disqualifient toute la manifestation, si on en disait autant de ce gouvernement cela fait longtemps qu’il aurait disparu) ; par contre en cautionnant cet amalgame, antisionisme égale antisémitisme, le gouvernement français reprend à son compte la stratégie centrale de la propagande israélienne, et prend ainsi la lourde responsabilité de provoquer ce qu’il prétend combattre, une colère et une frustration qui peuvent conduire à l’antisémitisme. Heureusement l’immense majorité du mouvement de solidarité ne s’y trompe pas.
10 – pour avoir aussi tenté de cliver le mouvement de solidarité français entre les bons, et les mauvais sur une base ethnico religieuse c’est à dire raciste et anti républicaine.
Pour tout cela, ce gouvernement doit rendre des comptes, parce que c’est son attitude et celle des gouvernements de l’UE et des Etats Unis et du Canada qui a permis cette horreur, il doit rendre des comptes aux milliers de morts et de blessés innocents de Gaza, aux centaines de milliers de déplacés sans abris, sans eau sans électricité, aux morts aux blessés aux emprisonnés de Cisjordanie, aux villages détruits du Néguev, et de la vallée du Jourdain, aux Palestiniens pourchassés en Israël même, il doit nous rendre des comptes à nous tous citoyens de ce pays, comme les gouvernements de l’UE et des Etats Unis et du Canada doivent aujourd’hui des comptes aux mouvements de solidarité du monde entier.
Faut-il rappeler que nous sommes le seul pays au monde où l’on a interdit des manifestations ?
Faut-il rappeler qu’en ce moment même aux Etats Unis et au Canada des milliers de militants empêchent depuis une semaine le déchargement des cargos israéliens dans les ports d’Oakland Seattle Vancouver. A quand l’Europe ? À quand le Maroc ? Nous devons nous renforcer et exiger justice pour les Palestiniens et justice pour nous-même car c’est du même combat qu’il s’agit.
Pendant des années nous sommes venus, nous Collectif National, au MAE demander que s’exercent des pressions réelles pour empêcher cette dérive criminelle, et pendant des années nous avons eu la même réponse : la France a choisi d’exercer, je cite «des pressions douces.»
Voilà où cela a conduit, à Gaza, et toujours à pire depuis des années .
Aujourd’hui nous devons exiger des pressions dures ! Nous devons exiger des sanctions fortes et immédiates, nous devons exiger comme l’ont déjà fait avec honneur 8 États d’Amérique du sud, le rappel de notre ambassadeur, et l’expulsion de l’ambassadeur d’Israël, que soient suspendus tous les accords bilatéraux, exiger que notre gouvernement cesse immédiatement les livraisons d’armes à Israël, qu’il agisse pour la levée immédiate de l’accord d’association avec l’UE, que les poursuites pour crimes de guerres soient immédiatement intentées, accompagnées et soutenues.
Nous devons exiger la dépénalisation du BDS en France, le retrait immédiat des poursuites contre les manifestants pour la justice en Palestine.
Et l’interdiction du mouvement d’extrême droite violent LDJ, auteur des provocations qui ont servi de prétexte au gouvernement d’interdire les manifestations.
Nous devons le faire car, c’est nous, les sociétés civiles du monde, qui sommes du côté du droit, de l’exigence de justice et d’égalité, nous avons déjà réussi à faire changer de ton les médias serviles de cette vision du monde meurtrière portée par nos gouvernements. C’est à nous d’exiger aujourd’hui que Gaza soit protégée, que le Blocus soit levé, que l’occupation cesse en Cisjordanie et dans le Golan, exiger que le droit international soit appliqué dans toute sa rigueur contre ceux qui le violent depuis des dizaines d’années impunément. Il en va du sort des Palestiniens où qu’ils se trouvent, et il en va de notre propre sort si nous ne voulons pas vivre nous aussi demain sous la botte d’un régime raciste, qui pratique la loi du plus fort, et nous prive de nos propres libertés.