Intervention de Maxime Benatouil porte-parole de l’UJFP au rassemblement de solidarité avec la Palestine place de la République le 22 mai

Chers amis et camarades,

Si nous sommes réunis ici, c’est pour témoigner notre solidarité totale au peuple palestinien.

Hier, un cessez-le-feu a été arraché au gouvernement israélien. Il met un terme à une guerre brutale qui a fauché la vie d’au moins 243 Palestiniens, dont 66 enfants. Les blessés se comptent par milliers, et les déplacées s’estiment à plus de 75 000. Pour les Palestiniens de Gaza, ce répit est le bienvenu. Et pourtant…

Ce cessez-le feu est une farce. Une farce, parce qu’il ne semble offrir rien d’autre qu’un retour au statu quo. Il ne met pas un terme à l’apartheid, qui reste le régime auquel sont soumis les Palestiniens des deux côtés de ligne verte. Il ne donne pas un coût d’arrêt à la colonisation, qui continue de spolier les Palestiniens et de les déposséder de leur terre. Ce n’est qu’une vaine tentative, d’inspiration toute coloniale, d’imposer une pacification par la force. Mais une telle pacification, sans justice, porte en elle la promesse d’un nouvel affrontement entre le mouvement de libération nationale palestinien et la puissance coloniale.

Ce cessez-le-feu est aussi une défaite – une défaite cinglante pour Israël ! Leur arrogance coloniale à Jérusalem – Al Qods n’est pas restée impunie et a mené à un affrontement généralisé. Depuis leur conquête de la partie orientale de la ville en 1967, celle-ci est en proie à un nettoyage ethnique de basse intensité. Petit à petit, la présence arabe est effacée, et de nombreuses familles palestiniennes sont expulsées. La Nakba ne s’est pas achevée en 1948. Elle continue aujourd’hui encore ! Sheikh Jarrah en est le sinistre théâtre.

Après des décennies d’impunité au niveau international, Israël s’est vu sanctionné par la résistance palestinienne qui a répondu par le feu et par l’investissement des rues à la poursuite de l’épuration ethnique de Jérusalem. Cela crée un précédent ! Pour la première fois depuis trop longtemps, la colonisation a un prix, et c’est Israël qui doit, lui aussi, payer la note !

Les Palestiniens de 1948 se sont soulevés, à Lyd, Ramlé, Jaffa, Akka, Haïfa, et dans le triangle de Galilée où ils sont majoritaires. Ils se sont soulevés en solidarité avec leurs frères de Jérusalem, de Gaza et de Cisjordanie. Ils se sont soulevés pour faire tomber ce régime d’apartheid auquel ils sont soumis, et s’opposer à la violence qu’ils subissent de la part de militants fascistes israéliens, toujours protégés par la police. Ils se sont soulevés pour leurs dignités et pour leurs droits nationaux en tant que Palestinien, pas en tant « qu’Arabes-Israéliens », ce sobriquet condescendant utilisé par les autorités israéliennes pour les détacher du corps politique auquel ils sont organiquement liés.

Les Palestiniens de Cisjordanie se sont eux aussi soulevés contre l’armée d’occupation. Près d’une trentaine d’entre eux l’ont d’ailleurs payé de leur vie. Leur solidarité avec leurs frères bombardés, spoliés ou victimes de ratonnades, ils en ont témoigné dans la rue, mais aussi en organisant la première grève, massivement suivie, s’appliquant sur l’ensemble du territoire de la Palestine historique !

L’unité de la Palestine – malgré les barbelés, les murs, les mines et les tanks – est un acquis que vient de consolider la résistance populaire qui s’est exprimée du fleuve jusqu’à la mer. Sa vigueur, c’est précisément la raison pour laquelle Israël a perdu cette bataille ! Depuis sa création en 1948, les dirigeants successifs israéliens ont tout fait pour écraser le sentiment national palestinien, quitte à fragmenter en îlots isolés une population autrefois unie. Ils n’y sont jamais parvenus, et ils n’y parviendront jamais !

La loi du plus fort, l’injustice et l’inégalité érigées en système nous sont insupportables. Elles vont pourtant continuer à s’appliquer du Jourdain à la Méditerranée – en dépit d’un cessez-le feu qui ne règle rien – et même gagner en intensité : on a du mal à imaginer qu’Israël ne cherche pas à se venger suite à cette défaite stratégique et aux défis qu’elles posent pour sa domination.

Les tensions sont loin d’être retombées, comme le montrent les affrontements récents entre les masses palestiniennes et la force d’occupation à Jérusalem.

Nous devons être à la hauteur de ce qui se joue en Palestine ! Le mouvement de solidarité doit redoubler d’efforts pour que les sanctions auxquelles se refuse toujours la communauté internationale soient enfin appliqués !

N’ayons pas peur des Darmanin, des Hidalgo, qui sont prêts à instrumentaliser l’antisémitisme pour nous dissuader notre soutien d’apporter notre soutien au peuple palestinien. Honte à ces pompiers pyromanes qui n’ont à cœur que les intérêts du colonialisme israélien ! Vous ne nous découragerez jamais !

La lutte contre l’antisémitisme est indissociable de la lutte pour la justice et la dignité en Palestine. L’UJFP, avec les autres organisations appelantes, ont toujours agi pour bannir l’antisémitisme de la soldarité avec le peuple palestinien. Ceux qui alimentent l’antisémitisme, ce sont ceux qui interdisent les manifestations et qui entretiennent les amalgames !

Pour nous tous ici présent, l’outil de soutien à la résistance palestinienne, c’est BDS ! Le boycott, le désinvestissement et les sanctions envers Israël, appelés par la société civile palestinienne, doivent s’imposer partout et largement !

Vidéo de l’intervention de Maxime Benatouil