Toulouse 30 juin. Le procès des 4 mis en examen pour distribution de tracts appelant à participer à la campagne BDS n’a pas eu lieu. Le procureur et les parties civiles (la LICRA, le BNVCA, auxquels se sont ajoutés à la dernière minute Avocats sans frontières, France Israël, et le CRIF Midi Pyrénées en tant que tel !) ont demandé le renvoi car ils n’avaient pas eu le temps, ont-ils dit, d’examiner la Question Prioritaire de Constitutionnalité qu’ont déposé les deux avocates.
Renvoi accordé par le Président du tribunal au 22 septembre.
Mais pendant ce débat de procédure le rassemblement de plusieurs centaines de personnes, venues de toute la région et même de beaucoup plus loin, de nombreux soutiens se sont exprimés, dont Pablo, de Toulouse, pour l’UJFP :
J’interviens au nom de l’Union Juive Française pour la Paix.
Si vous êtes rassemblés ici, c’est que vous savez ce qu’est la politique israélienne depuis des décennies.
Les Palestiniens connaissent l’occupation, la colonisation, les massacres, le blocus de Gaza, l’emprisonnement massif, les destructions de maisons, les expulsions, le vol de la terre et de l’eau, l’interdiction de sortir de la cage … Je n’ai pas besoin de développer, vous connaissez cette réalité.
Si une telle situation se maintient dans la durée, c’est avant tout parce que l’Occident en général et les autorités françaises en particulier sont complices. Ce n’est pas parce qu’ils sont mal informés que nos dirigeants soutiennent inconditionnellement Nétanyahou, c’est parce que l’État d’Israël, surarmé, aux technologies de pointe, capable de contrôler, d’enfermer et de martyriser tout un peuple, est un morceau de leur camp, avant-garde et laboratoire de leur gouvernance des populations.
En Afrique du Sud, pour mettre fin à l’apartheid, il avait fallu la conjonction de la résistance du peuple sud-africain et la capacité des sociétés civiles du monde entier à développer le boycott pour imposer à leurs gouvernements de « lâcher » le pouvoir blanc.
Au Proche-Orient, puisque les dirigeants occidentaux sont complices de l’écrasement du peuple palestinien par un État colonial, c’est à nous d’imposer que l’occupant soit puni. C’est là tout le sens du BDS, campagne citoyenne et non violente : B comme boycott d’Israël, de ses produits, de ses Universités toutes liées au complexe militaire, de ses institutions culturelles organes de propagande. D comme Désinvestissement de tous les projets qui favorisent la poursuite de la colonisation, du vol de la terre et de l’eau et de l’oppression. S comme Sanctions, économiques, à commencer par la suspension de l’accord économique entre l’Union européenne et Israël, sanctions politiques par la traduction des criminels de guerre devant les tribunaux.
Comme l’a très bien dit Imen de BDS France, c’est parce qu’elle rencontre des succès grandissants, c’est parce qu’elle parvient à isoler l’occupant et à toucher son image que la campagne BDS est aujourd’hui attaquée avec virulence.
Le même gouvernement français qui se permet d’interdire des manifestations et qui se déclare l’ami des Nétanyahou, Lieberman ou Bennet, essaie de criminaliser le BDS.
Les prétextes les plus éhontés sont utilisés :
« entrave au commerce » alors qu’il est non seulement légitime mais moralement indispensable d’isoler les pays qui contreviennent au droit international;
« le BDS commettrait des discriminations et serait antisémite »…
Face à cela, rappelons d’abord que le BDS est un mouvement antiraciste qui se réclame de valeurs universelles.
Mais surtout, les principaux responsables du développement de l’antisémitisme aujourd’hui sont précisément l’état d’Israël, ainsi que l’état français et les officines sionistes (telles le CRIF, la LICRA et d’autres). L’état d’Israël qui se revendique « Etat Juif » voire « l’état de tous les juifs », développant ainsi l’idée fausse que tous les juifs seraient solidaires, complices, de ses exactions. L’état français et les officines sionistes, qui visent à criminaliser la lutte légitime contre l’état d’Israël et sa politique, en la qualifiant d’antisémite, alors même qu’ils nient et encourage le racisme, notamment islamophobe.
Le gouvernement Netanyahou fonce dans le Mur en klaxonnant. Dans sa fuite en avant il veut faire croire que pour vivre en sécurité dans le monde la place de tout Juif est en Israël.
Nous disons au contraire qu’il n’y aura de possibilité pour une communauté juive de vivre en paix au Proche Orient qu’en rompant avec la politique de colonisation sioniste de la Palestine et en reconnaissant l’égalité des droits de tous les habitants, ce qui veut dire, comme l’exprime avec force la charte de la campagne BDS lancée par la société civile palestinienne, fin des discriminations pour les Palestiniens citoyens d’Israël, fin de la colonisation des territoires palestiniens occupés et du blocus de Gaza, droit au retour pour tous les réfugiés.
En tant que juifs, nous sommes des milliers à participer à cette campagne, et refusons d’être embrigadés de force dans la propagande sioniste qui ferait de tout participant à BDS un antisémite.
Le gouvernement français qui lance la justice contre ceux qui défendent la Palestine, ne s’est jamais privé d’appeler au boycott d’autres pays (Russie, Iran …). Mais il veut faire de cette arme un privilège des gouvernants, alors que c’est une arme citoyenne.
Les défenseurs inconditionnels de la politique coloniale et guerrière israélienne veulent nous faire croire qu’une circulaire ministérielle ou un jugement hasardeux de la Cour de Cassation font du boycott une action illégale.
L’honneur des mis en examen de Toulouse est de participer à la campagne Boycott, Désinvestissement Sanctions tant que Israël ne respecte pas le droit international !
Cette campagne s’est développée et se développera à l’échelle internationale malgré les intimidations, et il se trouvera souvent des juges pour faire prévaloir la primauté de la liberté d’expression.
Aujourd’hui à Toulouse, nous le disons avec force
– pour le droit des peuples
– pour la liberté d’expression
– contre l’islamophobie et tous les racismes