Manifestation nationale le 9 03 2024 à Paris
L’UJFP, association juive antisioniste, est dans la période actuelle confrontée, comme vous toutes et tous ici rassemblé.e.s, à plusieurs questions très graves.
D’abord la question actuellement cruciale c’est d’obtenir un cessez le feu permanent et durable, la levée du blocus de Gaza, le maintien du soutien financier à l’UNWRA, la fin de la politique génocidaire à Gaza, des tueries et des emprisonnements en Cisjordanie aussi, l’annulation de la loi Israël État-nation du peuple juif, l’explication inlassable en direction du grand public des origines de ce qui a eu lieu le 7 octobre et de ce qu’est la politique israélienne, et la nécessité de sanctions efficaces contre Israël telles que l’embargo sur le commerce d’armes.
En Israël pour une partie importante de la population les barrières morales se sont effondrées et l’on peut dire que c’est le cas aussi pour beaucoup de gouvernants occidentaux, dont l’absence d’empathie pour la population palestinienne confirme ce point de vue de la philosophe juive Hannah Arendt : « La mort de l’empathie humaine est l’un des premiers signes et le plus révélateur d’une culture sur le point de sombrer dans la barbarie ».
Heureusement une résistance existe aussi, y compris parmi les populations juives. Avant d’en faire état je veux d’abord vous informer de la mobilisation de l’UJFP à Gaza.
Tout avait commencé par le financement en 2016 de la construction d’un château d’eau dans les villages de Khuza’a et Abasan avec l’inscription UJFP en gros caractères rouges sur le château d’eau, puis, en partenariat avec l’ONG Humani’terre il y a eu la prolongation des canalisations d’irrigation, la construction d’une maison des paysans, et la construction d’une pépinière pour assurer la souveraineté alimentaire de la population impactée. Tout cela a eu lieu sans problème avec le Hamas. Aujourd’hui Israël a détruit la pépinière et le château d’eau. Nous avons publié un communiqué pour affirmer que cette destruction par Israël est un acte antisémite. Nous avons continué des collectes de solidarité urgente et cela permet à nos représentants à Gaza, qui nous informent régulièrement des horreurs perpétrées par Israël, d’assurer des dépenses d’alimentation, d’hygiène et de santé, notamment en direction d’enfants. Vous pouvez vous informer sur tout cela sur notre site www.ujfp.org.
Ici en France nous sommes souvent attaqués parce qu’antisionistes. Le sionisme est le nom du colonialisme juif israélien bien particulier qui a abouti au désastre d’aujourd’hui. Ce désastre est perpétré au nom des juifs du monde entier, ce qui ne peut qu’attiser l’antisémitisme, qui vient aussi de l’extrême droite fasciste ou fascisante.
Nos ennemis ne sont pas seulement des gens de droite mais aussi des gens qui se prétendent de gauche et n’ont pas rompu avec l’idéologie sioniste, par exemple la maire de Paris, qui a voulu interdire la venue à Paris de la philosophe étasunienne antisioniste Judith Butler, mondialement connue. Mais nous et nos nombreux camarades décoloniaux dont le Collectif Tsedek, nous nous sommes mobilisés pour mettre en échec ces hostilités, et nous avons tenu récemment à Pantin une réunion publique aves Judith Butler, qui a été un grand succès.
Je veux dire aussi que notre gouvernement se sert de la population juive contre les musulmans et contre des populations issues de l’immigration coloniale. La communauté juive est considérée comme une bonne élève de la République, à prendre en exemple. Une communauté qui serait attaquée par des terroristes islamistes et qui mérite d’être mieux protégée que d’autres communautés. Elle est identifiée à Israël, qu’il est interdit de critiquer efficacement sous peine d’accusation d’antisémitisme.
Heureusement de plus en plus de juifs prennent leur distance avec le régime israélien.
Mention en particulier des mobilisations importantes impulsées par Jewish Voice for Peace : occupations du Capitole à Washington et d’une gare centrale à New-York pour exiger du pdt Biden un cessez le feu immédiat et durable à Gaza, étudiants juifs à la pointe du BDS dans les universités américaines. Etc.
Notre calendrier d’activités pour la période à venir est très chargé. Il y aura de nombreuses conférences-débats. Il y a la continuation des conférences-débats autour du livre « Antisionisme, une histoire juive », dont le public est important. Il y a la continuation de l’animation de débats après projection du film « Yallah Gaza » auquel nous avons contribué et dont le public est important aussi. Il y a la participation au salon anticolonial et antiraciste les 23 et 24 mars. Le 30 mars il y aura un meeting international avec nos camarades de Tsedek.
Nous participons aux activités de la Marche des solidarités. Nous participons à celle de BDS France, dont nous sommes cofondateurs et qui se mobilise très activement. Le mouvement international BDS progresse considérablement et remporte des victoires.
Pour conclure je veux dire 2 choses.
1. L’avenir du monde est en partie lié à celui de la Palestine. Ilan Pappé a dit en décembre dernier :
Nous assistons à un processus de globalisation de la Palestine : une Palestine globale composée de la société civile, de citoyens, de mouvements aussi divers que les mouvements indigènes, Black Lives Matter, les féminismes : en d’autres termes, tous les mouvements anticoloniaux, qui savent ce que signifie l’oppression. Cette Palestine globale doit être capable d’affronter l’Israël global, composé des gouvernements occidentaux et de l’industrie militaire. Comment ? En connectant les luttes contre les injustices du monde entier en un seul réseau.
2. Il n’y aura la paix que lorsque tou.te.s les citoyennes et citoyens vivant de la mer au Jourdain auront des droits égaux
Une résistance à la situation actuelle se développe aujourd’hui dans le monde. Nous continuerons à combattre quelles que soient les difficultés au sein de cette résistance.
Ne lâchons rien !
Jean-Guy Greilsamer le 9 mars 2024