Intervention de Jean-Guy Greilsamer lors de la journée mondiale du Réfugié à Paris, le 20 juin 2023

J’interviens au nom de l’UJFP. Nous sommes une association juive qui se mobilise contre toutes les formes de racisme sans chercher à prioriser l’antisémitisme, parce qu’aujourd’hui d’autres racismes sont tout aussi importants, voire plus, ainsi par exemple l’islamophobie. Et nous sommes solidaires des droits du peuple palestinien, dont le droit au retour des réfugiés. Plus de la moitié des Palestiniens sont en effet des réfugiés et leur droit au retour, qui a toujours été refusé par Israël, est inscrit dans le droit international, en l’occurrence dans la résolution 194 de l’ONU.

La question des réfugiés est une question particulièrement importante dans la période actuelle parce que le gouvernement et les partis Horizons, Les Républicains, Rassemblement National et Reconquête développent une campagne visant à limiter l’immigration et donc aussi le droit d’asile.  C’est une campagne raciste  pour empêcher les migrants des anciens pays colonisés d’accéder ou de rester sur le territoire. Il serait tout à fait possible d’accueillir dignement ces demandeurs et demandeuses d’asile, qui sont des personnes qui fuient les guerres, les persécutions, la misère ou les conséquences du dérèglement climatique…

Un effort avait été fait s’agissant des Ukrainiens, mais la politique qui a cours est souvent celle du 2 poids 2 mesures et pour les migrants issus d’anciennes colonies, le discours du gouvernement est en terme d’immigration jetable, de régularisations précaires au service des métiers dits « en tension » Le gouvernement veut accélérer les OQTF et réduire les délais pour accorder ou refuser le droit d’asile.

Les migrants sont déshumanisés et la dématérialisation des demandes d’asile prive de nombreux demandeurs d’asile de l’accès au séjour.

Les droits protégés par les conventions internationales sont de plus en plus bafoués – droit d’asile, droit de vivre en famille, accueil des femmes, des personnes LGBT, des victimes de violences…- y compris les droits des enfants, qui subissent souvent des enfermements, le non-respect de la présomption de minorité, la séparation des parents… Les droits des étranger·e·s sont de plus en plus précarisés.

Je veux maintenant évoquer le cas d’un ancien demandeur d’asile, que le président Macron vient juste de panthéoniser. Il s’agit de Missak Manouchian. Sa panthéonisation a suscité un communiqué de la coordination nationale de l’UJFP, que je vous lis, parce qu’il illustre le rapport actuel du gouvernement aux réfugiés.

Son titre est : Une OQTF pour Manouchian ?

Et voici le texte : 

Si l’étranger Missak Manouchian, entré clandestinement en France en 1925, rescapé du génocide arménien, « terroriste » communiste, vivait aujourd’hui dans la France de Macron, Darmanin, Ciotti et Zemmour, il recevrait une Obligation de quitter le territoire français ou bien serait emprisonné sans limite de temps, par décision administrative, comme George Ibrahim Abdallah.

Alors, la volonté de Macron de le célébrer au Panthéon est tout simplement obscène, de la part de quelqu’un qui détruit patiemment tous les acquis de la Résistance et de la Libération. Ce gouvernement qui s’apprête à impulser une nouvelle loi xénophobe et raciste, voudrait utiliser l’image d’un militant profondément internationaliste qui a combattu le nazisme avec un groupe d’apatrides. Darmanin rappellera-t-il que c’est la police française qui a démantelé le groupe héroïque, a torturé ses membres et les a livrés à la Gestapo ? Une police qui pour l’essentiel ne sera pas inquiétée et reprendra du service pour traquer les indépendantistes algériens…

Bien sûr, certains penseront que c’est une bonne chose qu’un tel personnage soit célébré. Mais cette exploitation politicienne ferait vomir les Résistants juifs, arméniens, italiens et espagnols antifasciste de la MOI (Main d’œuvre Immigrée) qui ont risqué leur vie pour la libération des opprimés.

Manouchian n’était pas un « patriote républicain ». Il luttait dans l’espoir que les « peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. »

Notre lutte et la sienne sont pour un monde meilleur, débarrassé des oppressions, débarrassé des frontières, débarrassé du racisme d’État et de ses complaisances avec l’extrême droite.

« Bonheur à tous… » dit Missak Manouchian à la fin de sa dernière lettre.

Action collective-20 juin 2023

« Stop à l’abandon administratif des réfugiés »

Depuis mai 2022, les personnes reconnues réfugiées doivent demander leur titre de séjour via l’ANEF, une plateforme numérique. Dans l’attente du titre de séjour, elles obtiennent une attestation de prolongation d’instruction. 

La mise en place de cette plateforme pose des difficultés à de nombreuses personnes  notamment l’impossibilité d’obtenir ou de renouveler l’attestation de prolongation d’instruction. 

Pour les aider face à ces problèmes, les associations du collectif Asile IDF  ont mis en commun leurs pistes de solutions administratives et contentieuses et ont remonté les dysfonctionnements au ministère de l’intérieur.

Face à l’absence de réponses satisfaisantes, le collectif Asile IDF a décidé d’organiser une action collective pour dénoncer l’abandon administratif des réfugiés, le mardi 20 juin, journée mondiale du réfugié. 

Notre mobilisation s’organise autour de silhouettes en cartons fabriquées par les personnes réfugiées et les bénévoles. Elles présenteront symboliquement les personnes réfugiées et leurs membres de famille dont l’identité et la voix sont ignorées. Sur ces silhouettes seront notamment inscrits les témoignages recueillis dans nos permanences 


Cette action se déroulera en 2 temps : 

  • A partir de 9h et toute la journée : Mise en place de silhouettes devant des institutions symboliques et dans des lieux de passage ou accueillant des personnes réfugiées pour sensibiliser et inviter au rassemblement du soir même
  • De 18h à 20h : Rassemblement près du Ministère de l’Intérieur, à l’angle Rue des Pyrénées et rue Mounet-Sully (75020)

Vous êtes invités à participer au rassemblement et nous vous invitons à diffuser l’invitation aux personnes réfugiées et aux membres de votre organisation.