Intervention de Jean-Guy Greilsamer, à la manifestation antifasciste et antiraciste du 22 mars 2014, à Paris

Depuis près d’un siècle, des courants fascistes sévissent en temps de crises économiques et sociales. L‘un de leurs grands points communs est de désigner des boucs émissaires responsables de tous les maux et d’appeler à les écraser. Mais l’Histoire évolue, et la désignation des boucs émissaires aussi.

L’UJFP, en tant qu’association juive attachée à l’égalité des droits de toute population, de toute minorité, se situe au carrefour d’une part d’une mémoire, et d’autre part des réalités sociales et politiques d’aujourd’hui.

Notre mémoire, l’héritage historique qui nous inspire, c’est la résistance au nazisme, au fascisme, et aussi la participation aux luttes anticoloniales.

Les Juifs en Europe ont longtemps étaient traités en parias, en boucs émissaires.

Nous savons ce qu’il en est des processus qui commencent par de banales discriminations et se terminent par des politiques d’extermination.

Nous savons aussi ce qu’il en est de la résistance à ces processus.

Aujourd’hui, les cibles des fascistes et des racistes ont évolué.

Aujourd’hui nous sommes à une époque où les principaux parias de nos sociétés européennes sont :

  • les musulmans – et ici particulièrement les femmes musulmanes – victimes d’un prétendu « choc des civilisations »,
  • les Roms, déjà parias hier,
  • les sans-papiers,
  • les exilés politiques ou économiques de notre époque.

Les antisémites, certes moins nombreux, existent encore, ainsi les Dieudonné et Soral, pour qui le monde serait dominé par un « complot juif » coupable de tous les maux dont sont victimes les peuples.

Ces gens font partie de l’extrême droite, notamment lepéniste, et contrairement à ce qu’ils prétendent, ils n’ont jamais agi en faveur de la cause du peuple palestinien, ne faisant qu’instrumentaliser celle-ci pour servir leurs délires complotistes.

Mais notre gouvernement entretient délibérément la confusion entre antisémitisme et antisionisme.

Il entretient cette confusion pour protéger une autre politique raciste, celle de l’Etat d’Israël, qui développe en bénéficiant d’une large impunité une politique de colonisation, d’épuration ethnique et d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien.

Aujourd’hui tout antiraciste se doit de combattre cette politique aussi.

D’ailleurs l’Etat d’Israël réprime aussi les migrants africains et, il y a quelques mois, ce fut un moment fort pour nous UJFP de manifester au coude-à-coude avec nos camarades sans papiers en solidarité avec les migrants africains d’Israël.

Nous sommes partie prenante des combats contre l’islamophobie sous toutes ses formes, contre les pratiques discriminatoires à tous niveaux, contre le racisme d’Etat incarné par Valls, contre l’idéologie nauséabonde du Front National.

Nous participons aux mobilisations pour la régularisation des sans papiers et pour l’égalité complète des droits.

Combattons toutes les politiques d’apartheid, et de même que l’apartheid en Afrique du Sud a été vaincu, d’autres apartheids seront vaincus aussi !

Jean-Guy Greilsamer