Intervention au colloque « Le déni de Palestine, 100 années de « déclaration Balfour » 1917-2017

Par Pierre Stambul.

Le sionisme et l’opposition anticolonialiste en Israël.
État juif et démocratique ? Un État/deux États ?

Une société qui ne peut plus se réguler

En 1982, au moment du massacre de Sabra et Chatila, des centaines de milliers d’Israéliens étaient descendus dans la rue pour dénoncer ce crime contre l’humanité commis par les milices phalangistes avec la complicité active de l’armée israélienne. Le militant israélien Michel Warschawski avait l’habitude de parler d’une « petite roue » (les militant-e-s anticolonialistes) qui avait réussi à entraîner la grande (la masse des manifestant-e-s).

Le mouvement « La Paix Maintenant » (Shalom Archav) apparu en 1978 et proche du parti travailliste, était alors devenu un mouvement de masse, fer de lance de l’opposition à la droite et à la colonisation.

Des décennies plus tard, que reste-t-il de ce mouvement ? Quelques militants comme Dror Etkes continuent de combattre sans répit la colonisation. Un écrivain comme Amos Oz, issu de ce courant, s’est radicalisé et se conforme au BDS culturel. Il refuse désormais que ses invitations à l’étranger se fassent sous l’égide d’une ambassade israélienne ou d’un consulat.

C’est à peu près tout et la résistance au colonialisme ne vient pas de ce courant politique. Il est évident qu’on n’aura pas « à froid » une force en Israël capable d’interrompre le rouleau compresseur raciste et colonial. Après les massacres successifs à Gaza, Michel Warschawski a parlé d’écroulement des barrières morales. Il a dit aussi que la droite israélienne avait un but, un projet, une « éthique » (avec toutes les guillemets nécessaires) et que la « gauche » n’en avait pas.

La « gauche sioniste »

« La Paix Maintenant » en Israël est devenue un appendice de ce qu’on appelle « la gauche sioniste » (c’est bien sûr un oxymore).

Il n’y a pas un seul crime contre les Palestiniens dans lequel cette « gauche » ne soit pas compromise, quand elle n’a pas joué le rôle essentiel. On sait à présent de façon sûre que, tout comme les terroristes de l’Irgoun ou du groupe Stern, la Haganah a commis de nombreux crimes de guerre et crimes contre l’humanité pendant la guerre de 1948. On sait que « les Arabes ne sont pas partis d’eux-mêmes » et que le plan Daleth prévoyait le nettoyage ethnique de tous les Palestiniens pour fabriquer un État juif ethniquement pur.
La « gauche sioniste » est au pouvoir quand Israël participe à l’expédition impérialiste contre l’Égypte en 1956 (Moshé Dayan). C’est elle qui déclenche la guerre de conquête de 1967 (Lévy Eshkol) ou qui décide de coloniser la Cisjordanie (Yigal Allon). À cette occasion, les travaillistes offriront des millions de shekels au courant religieux sioniste, celui du rabbin Kook très minoritaire en 1967, pour aider ses adeptes à installer les premières colonies.

On retrouve les travaillistes dans la répression sanglante de la première Intifada : « brisez-leur les os ! » disait Yitzhak Rabin. Dans les 26 mois qui séparent la signature des accords d’Oslo de son assassinat, Rabin installe 60 000 nouveaux colons et fait venir 2000 soldats dans le centre historique d’Hébron pour « protéger » les colons qui s’y sont installés.

Des dirigeants travaillistes ont joué un rôle actif dans la construction du mur qui balafre la Cisjordanie (Fouad Ben-Eliezer), le bombardement de Cana (Shimon Pérès), l’attaque contre le Liban (Amir Peretz) ou l’opération « Plomb Durci » (Ehud Barak).
Le courant « La Paix Maintenant » a justifié les trois attaques contre Gaza entre 2008 et 2014. Avant de perdre son fils, tué aux combats, l’écrivain David Grossman (qui était un des intellectuels emblématiques de ce courant), avait justifié la guerre du Liban de 2006.

En France, « La Paix Maintenant », en tout cas ceux qui s’en réclament ou s’en sont réclamés, ce sont Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut ou Pierre-André Taguieff, ce qui interroge sur la paix dont il s’agit. L’appel européen Jcall est dans la même veine : un de ses derniers communiqués estime que Manuel Valls (celui qu’on voit en photo avec Ayelet Shaked) est « un homme politique ouvert aux initiatives de paix au Moyen-Orient ».

Beaucoup de dirigeants historiques de la « gauche sioniste » en Israël l’ont quittée. Aux dernières élections de 2015, le parti travailliste s’est allié à la principale responsable du massacre de « Plomb Durci » (Tsipi Livni), dans une liste intitulée « liste sioniste » qui promettait aux Israéliens la séparation d’avec les Palestiniens. L’échec a été patent : 18,6% des voix.

Depuis, le parti est allé se chercher comme dirigeant un milliardaire, Avi Gabbay, qui venait d’adhérer. Ce dernier a déjà déclaré que « les colonies sont le beau visage d’Israël » et qu’il n’y aurait jamais rien en commun avec la « liste unifiée » conduite par Ayman Odeh, liste qui a obtenu la majorité des voix des Palestiniens d’Israël. Il n’y a donc rien à espérer de cette prétendue gauche.

Une partie de la société d’Israël sans représentation

De nombreux Israéliens ne sont pas intéressés par le messianisme perverti qui pousse toute leur société vers le racisme décomplexé, la violence et la haine de l’autre. Ces Israéliens très « européanisés » sont majoritaires à Tel-Aviv ou Haïfa.

Les véritables contradictions de la société israélienne, ashkénazes contre séfarades et juifs orientaux, religieux contre laïques, riches contre victimes du néolibéralisme, femmes contre le machisme … sont masquées par l’aventure coloniale.

Il y a des mouvements intéressants dans la société israélienne, mais qui ne débouchent pas, faute de jonction avec les Palestiniens.

Il y a eu le « mouvement des tentes » en 2011, grande protestation d’une jeunesse paupérisée qui se battait pour des logements accessibles. Ce mouvement n’a pas eu de suite.

Il y a eu le 8 octobre dernier, une manifestation des femmes pour la paix. Bien sûr, il est positif, dans ce climat de racisme et de violence, de voir une initiative où des femmes venues des deux sociétés défilent ensemble alors que l’apartheid pousse à une stricte séparation. Mais comment parler sérieusement de paix quand on ne remet pas en cause l’occupation, la colonisation et l’apartheid ? Comment envisager le « vivre ensemble » entre dominants et dominés ?

L’expérience de Neve Shalom/ Wahat al-Salam où des enfants palestiniens et israéliens sont ensemble à l’école se heurte au même obstacle.

Il est impossible d’éviter d’affronter la réalité coloniale.

De nombreuses associations et des personnalités

Avigdor Liberman avait imaginé une règle électorale pour éliminer toute représentation à la Knesset des Palestiniens d’Israël. La manœuvre a échoué : les trois partis Ta’al, Hadash et Balad se sont unis. Leur liste unifiée est désormais la troisième force du pays et elle a obtenu la majorité des voix des Palestiniens. Mais il faut reconnaître que cette liste non sioniste a eu un vote très faible chez les Juifs israéliens.

En Israël, l’air est sioniste. On apprend dès le berceau que les « Arabes sont les successeurs des Nazis » et qu’ils veulent « jeter les Juifs à la mer ». On apprend à l’école une histoire fantasmée : que les Juifs ont été chassés, il y a 2000 ans, de leur pays et qu’ils reviennent d’exil. Donc, que les « Arabes » sont des intrus et qu’il y a de la place pour eux ailleurs.

C’est donc une petite minorité qui rompt. Il faudrait les comparer aux « porteurs de valise » français pendant la guerre d’Algérie. Les ruptures sont souvent douloureuses, accompagnées d’un désaveu familial ou d’une marginalisation sociale.

Voici par ordre alphabétique une liste de mouvements ou d’associations israéliennes opposées à l’occupation et au colonialisme. Avec mes excuses pour les oublis.

  • L’AIC (Centre d’Information Alternatif) est une ONG à la fois israélienne et palestinienne qui existe depuis 1984. Parmi ses animateurs, Michel Warschawski du côté israélien et Nassar Ibrahim du côté palestinien.
  • Les « Anarchistes contre le mur » représentent un renouveau générationnel de solidarité avec la lutte populaire palestinienne. Ils continuent inlassablement à participer à la manifestation hebdomadaire de Bil’in.
  • L’association du forum des familles endeuillées rassemble depuis 1995 des Israélien-ne-s et des Palestinien-ne-s ayant perdu un proche dans cette guerre. Ayons une pensée pour Nurit Peled qui a perdu sa fille dans un attentat et est restée une infatigable combattante contre le colonialisme et l’enseignement de la haine.
  • « Boycott de l’intérieur » a été fondé en 2008 en soutien à l’appel palestinien au BDS de 2005. Ses militant-e-s considèrent que seule une action internationale imposant des sanctions à Israël pourra changer la donne car la société israélienne est malade et incapable de se réguler.
  • « Breaking the silence » regroupe depuis 2004 des soldats ou des vétérans qui dénoncent, preuves à l’appui, les crimes commis par l’armée israélienne contre la population civile palestinienne.
  • « B’Tselem » est un centre israélien d’information pour les droits de l’homme dans les territoires occupés, fondé en 1989. Le 13 octobre 2016, son directeur Hagai El-Ad a dénoncé l’impunité israélienne devant le Conseil de Sécurité de l’ONU.
  • « De-Colonizer » travaille à sensibiliser la société israélienne à son histoire coloniale et à la mémoire de la Nakba. La carte qu’ils ont publiée montre toutes les localités détruites depuis le début du sionisme.
  • Dukium est le forum pour la coexistence dans le Néguev. Ce mouvement se bat contre les démolitions incessantes de villages et de maisons des Bédouins palestiniens (pourtant citoyens israéliens) dans le désert du Néguev.
  • Les Femmes en Noir sont un groupe de femmes fondé en 1988 à Jérusalem. Elles manifestent silencieusement, en référence aux mères argentines pendant la dictature militaire argentine.
  • « Gush Shalom » (le bloc de la paix) a été fondé en 1993 par Uri Avnéry. Ce mouvement combat la colonisation et le mur. Il a manifesté contre toutes les agressions qui ont frappé Gaza.
  • « Machsom Watch » est un groupe de femmes israéliennes qui interviennent sur les check-points pour y défendre les droits de l’homme.
  • « New Profile » est une organisation féministe qui combat la militarisation de la société israélienne.
  • Les refuzniks existent en Israël depuis près de 40 ans. Leurs associations historiques sont Yesh Gvul (= il y a une limite ») créé pendant l’invasion du Liban et Seruv (un groupe d’officiers de réserve fondé en 2002). Il y a aujourd’hui des refus d’aller à l’armée aussi bien pour des raisons morales que politiques. Parmi les refuzniks actuels, il y a des Druzes et de nombreuses jeunes femmes.
  • « Ta’ayush » (= vivre ensemble en arabe) est un mouvement à la fois palestinien et israélien qui se bat contre les expropriations incessantes et les vols de terre commis par les colons.
  • « Tarabut » est un mouvement social arabe et juif qui combat les inégalités et les injustices sociales à l’intérieur de la société israélienne. Parmi ses animateurs, Reuven Abergel avait participé dans les années 70 aux « Black Panthers » qui combattaient les discriminations frappant les Juifs orientaux.
  • Les Panthères noires avaient entrepris de déconstruire l’organisation raciste de la société israélienne. Des militants anticolonialistes mizrahim ont rejoint aujourd’hui la liste unifiée.
  • « Who Profits » est une ONG issue de la coalition des femmes pour la paix. Elle recense toutes les entreprises, israéliennes ou étrangères, qui collaborent à l’occupation.
  • « Zochrot » (= elle se souvient) organise des visites sur le territoire israélien pour ressusciter la mémoire des villages palestiniens détruits.

Il faudrait ajouter à cette énumération des personnalités : les historiens Ilan Pappé, Avi Shlaïm, Shlomo Sand, Tom Segev qui ont démonté la version sioniste de l’histoire. Des journalistes comme Amira Hass ou Gideon Lévy qui racontent chaque jour les exécutions extrajudiciaires, les enfants arrêtés, les maisons dynamitées, les vols de terre, les humiliations. On trouve même une personnalité issue du système, mais qui a rompu : Avraham Burg, ancien président de la Knesset.

Toutes ces oppositions courageuses n’arrivent plus à mordre de façon significative dans la société israélienne. Au moment des attaques contre Gaza ou contre le Liban, les anticolonialistes ont réussi tout au plus à mettre 10 000 personnes dans la rue.

La question du sionisme

La plupart de ces associations ou personnalités sont antisionistes mais pas toutes. Certains continuent d’espérer qu’il puisse exister un sionisme à visage humain ou que l’agenda d’Oslo soit encore possible.
Ce n’est pas mon avis.
Le sionisme a proclamé, il y a 120 ans, que Juifs et non Juifs ne pouvaient pas vivre ensemble, ni dans le pays d’origine, ni dans le futur État juif. Le sionisme a été négationniste dès le début vis-à-vis de l’existence, des droits et de la dignité du peuple palestinien. Des slogans comme « la terre sans peuple pour le peuple sans terre » ou « les Arabes sont partis d’eux-mêmes en 1948 » ont eu pour but de justifier une entreprise coloniale. L’expulsion des Palestiniens et leur dépossession ont commencé bien avant la création de l’État d’Israël ou le génocide nazi. Le « roman national » sioniste avec la fable de l’exil et du retour des Juifs, a eu pour fonction de souder les Israéliens, toutes origines et toutes classes sociales confondues.

L’arrivée d’un gouvernement d’extrême droite ouvertement raciste n’est pas un accident de l’histoire. Les électeurs ont préféré l’original à la copie et il était logique que les idées de Vladimir Jabotinsky qui prônait, dès les années 1930, le « transfert » des Palestiniens au-delà du Jourdain deviennent totalement hégémoniques.

Le sionisme des fondateurs était laïque. Depuis 1967, c’est une version intégriste qui s’impose sans réaction notable dans la société. Les colons « fous de Dieu » qui caillassent les enfants palestiniens dans le centre historique d’Hébron ou qui paradent dans leurs avant-postes, ont été autrefois impopulaires. Ce n’est plus le cas. L’idéologie raciste et militariste se propage sans réaction notable, faute de contre-projet.

Pour aboutir au compromis sud-africain, les Blancs d’Afrique du Sud avaient accepté les conditions de Mandela : « une personne = une voix », « L’Afrique du Sud est une et indivisible », « l’apartheid est un crime ».

Pour en sortir en Israël/Palestine, il faudra une reconnaissance du crime originel (l’expulsion des Palestiniens de leur propre pays) et la réparation de ce crime. Cela suppose une rupture du front intérieur et la fin du sionisme. Recommencer un processus comme celui d’Oslo où la signature avait porté sur l’engagement de la partie palestinienne à assurer la sécurité de l’occupant, n’a pas de sens.

Il faudra que l’occupant paie pour ce qu’il inflige à la Palestine. Il n’y aura pas de paix juste sans sanctions !

Un État/deux États

Le mythe d’Israël, « seul État démocratique du Proche-Orient » a volé en éclats. Comme l’a écrit Shlomo Sand, « État juif et démocratique », c’est un oxymore. Un État qui se définit sur des bases ethniques ou religieuses ne peut pas être celui de tous ses citoyens. Cette prétendue démocratie a officialisé l’usage de la torture, les punitions collectives et les arrestations de très jeunes enfants.

Les Palestiniens forment aujourd’hui 50% de la population qui vit entre mer et Jourdain. Le sionisme a fragmenté la Palestine qui vit différentes formes de discriminations et de « sociocide ».

Comment en sortir ?

L’ONU a reconnu le nettoyage ethnique de 1948. Il a admis en son sein Israël avec une déclaration assez incroyable : « Israël est un État pacifique, capable de remplir les obligations de la Charte et disposé à le faire » (11 mai 1949) alors que ce pays venait d’interdire le retour des réfugiés et de détruire leurs villages.

Mais l’ONU n’a pas reconnu les conquêtes de 1967. D’où le compromis imaginé par l’OLP en 1988, à savoir se limiter à un État palestinien sur 22% de la Palestine historique. Ce compromis a définitivement échoué. Les colons vivant au-delà de la ligne verte forment aujourd’hui 12% de la population juive d’Israël, une grosse partie de l’armée et quasiment la moitié du gouvernement. Ils occupent la majorité du territoire en Cisjordanie. Faire partir ces colons coûterait des milliards de dollars. Qui est prêt à financer cela ?

Les Palestiniens qui espèrent encore cette solution ne disent jamais qu’elle est juste. Ils savent très bien qu’une telle issue sacrifierait le droit au retour des réfugiés palestiniens, droit fondamental qui n’a de sens que si ce retour se fait sur le lieu de l’expulsion, donc assez largement sur le territoire actuel d’Israël. Mais ils disent : « le monde est mauvais, c’est tout ce qu’il est prêt à nous concéder ».

La solution des deux États a été tuée par une colonisation galopante, elle est devenue impossible et personnellement, je ne la crois pas souhaitable.

Les idées d’un État unique, d’un État commun (comme le proposent Éric Hazan et Eyal Sivan) ou d’un État binational (comme l’espérait le philosophe Martin Buber avant la Nakba) sont bien sûr beaucoup plus conformes au droit international. On est en droit de penser que, au Proche-Orient comme en France, il n’y a pas d’alternative au « vivre ensemble dans l’égalité des droits ». On doit hélas constater que, pour l’instant, cette issue juste reste utopique : le sionisme a convaincu la majorité des Juifs israéliens que la fin de l’État juif signifierait « les Juifs à la mer ». L’exemple sud-africain a pourtant montré l’inverse : c’est la fin de l’apartheid qui a permis aux Blancs sud-africains de rester.

Le projet sioniste historique, c’était un État juif homogène. Cet État a existé entre 1949 et 1967. La minorité palestinienne était suffisamment faible numériquement pour qu’on puisse lui donner le droit de vote.

En même temps, ces Palestiniens de 48 ont vécu le vol de leurs terres, des années de couvre-feu, le massacre de Kafr Kassem (1956) et des discriminations au travail ou au logement.

Paradoxe : les sionistes ont tué eux-mêmes leur projet historique de séparation avec la colonisation qui a suivi les conquêtes de 1967.

Alors ? On est entré de plein-pied depuis des années dans une situation de colonisation et d’apartheid. Cette situation est aujourd’hui assumée officiellement par le gouvernement israélien. Ayelet Shaked, ministre de la « justice » qui conseille de « tuer les mères palestiniennes pour qu’elles ne mettent pas au monde des terroristes », considère que les intérêts du sionisme sont supérieurs au droit international.

Les dirigeants sionistes justifient que la moitié de la population vive, privée des droits élémentaires. Ils assument ce qui était déjà le projet, il y a un siècle : que les Palestiniens deviennent les Indiens du Proche-Orient, parqués dans leurs réserves ou expulsés. Ils ont pour eux la force militaire et le contexte géopolitique. Mais les précédents dans le sud des États-Unis ou en Afrique du Sud montrent que les luttes anti-apartheid, même si elles sont très longues, finissent par triompher. Sauf conflagration dont on veut souhaiter qu’elle ne soit pas possible, l’expulsion de 6 millions de Palestiniens est impossible.

L’appel palestinien au BDS (2005) a volontairement refusé de se poser la question « Un État/deux États ». Il revendique la liberté (fin de l’occupation et de la colonisation, destruction du mur, fin du blocus de Gaza, libération des prisonniers), l’égalité des droits entre Palestiniens et Israéliens et la justice (autodétermination du peuple palestinien, retour des réfugiés). Dans la situation actuelle, il faut sans doute en rester là.

Je terminerai donc par un paradoxe : aucune issue à cette guerre n’est envisageable dans l’état actuel de la situation.

Pour débloquer la situation, il n’y a pour l’instant qu’une seule solution : imposer par le BDS que la communauté internationale sanctionne enfin l’occupant. Les solutions viendront alors.

Pierre Stambul