Intervention à la manifestation de Rennes du 26 juillet en solidarité avec Gaza de Daniel Lévyne (UJFP-Bretagne)

Bonjour à tous et merci de manifester votre solidarité avec le peuple palestinien, un peuple privé de tous ses droits depuis plus de 65 ans, le plus élémentaire étant de vivre en paix sur sa terre.

Parce que, ces bombardements incessants, ce véritable carnage, ces massacres de masse contre une population enfermée de tous côtés depuis 7 ans et sans défense, déjà pour les ¾ des réfugiés, mais qui cette fois-ci ne peut trouver nulle part un abri, nous révoltent tous, notre cœur saigne avec eux, nous citoyens de la patrie des droits de l’homme.

Devant les atrocités commises lors de la seconde guerre mondiale, nous avons tous dit « plus jamais cela », et voilà que cela recommence. Nous découvrons tous avec horreur ces images terribles de mères éplorées, des destructions d’écoles, d’hôpitaux, et même les cimetières sont pris pour cible.

Et pourtant, ce drame ne date pas d’hier : il y a 65 ans déjà, 800 000 palestiniens était contraint, par la terreur de quitter leur terre, leurs villes et villages et justice ne leur est toujours pas rendue. Pire ils sont victime d’une occupation qui dure depuis 47 ans, d’un apartheid que les sud-africains eux-mêmes trouvent pire que celui qu’ils ont subi, accompagnée d’une colonisation continuelle qui grignote petit à petit les rares terres qui leur restent.

Et lorsqu’ils osent se révolter contre cette oppression, cette occupation, ce ne sont bien sûr pas des résistants, mais des « terroristes » …

Alors on nous dit, mais le Hamas…. les roquettes….alors parlons-en.

Le Hamas est un parti qui avait gagné tout a fait démocratiquement les élections de 2006, contrôlées par la communauté internationale, et Israël a instauré le blocus de Gaza pour punir les palestiniens d’avoir « mal » voté.

Et malgré l’opération Plomb durci de l’hiver 2008-2009 (1400 victimes dont la plupart des civils) puis une autre opération meurtrière Pilier de Défense en novembre 2012 (170 victimes) le Hamas est toujours là.

Et on raconte presque toujours aux informations que c’est Israël qui « riposte » aux tirs des roquettes (qui ne font que très peu de dégâts), alors que tous les observateurs attentifs notent que c’est le contraire, que c’est Israël qui rompt toutes les trêves conclues par des assassinats plus ou moins ciblés de responsables politiques.

L’Etat israélien se pose d’ailleurs toujours en victime, lui qui a la 4ème armée du monde avec des équipements meurtriers toujours plus sophistiqués.

On nous dit aussi : oh, c’est compliqué ce conflit « ils » ne vont jamais arriver à s’entendre.

– Non, ce n’est pas compliqué, c’est juste une histoire de colonisation, de dépossession, de nettoyage ethnique, de société écrasée, de droits bafoués depuis bien trop longtemps.

– Non ce n’est pas un « conflit » de religion, ni une guerre entre 2 groupes humains qui « se disputent un territoire», il n’y a aucune symétrie entre occupant et occupé, ceux qui bafouent le droit international et ceux qui réclame justice et égalité des droits, en un mot entre oppresseur et opprimé

– Non, être solidaire des palestiniens dans leur demande de justice, ce n’est pas de l’antisémitisme.

D’ailleurs, si c’était le cas, les juifs opposés à cette politique israélienne seraient exclus des manifestations actuelles, or c’est exactement le contraire qui se passe, nous sommes reçu à bras ouvert, voir acclamé. On est d’accord ?

L’antisémitisme, de fait, c’est le CRIF (conseil soit disant représentatif ) qui y incite en vrai pompier pyromane, expliquant sur son site que, en visite en Israël le 17 juillet , ils (les coprésidents du CRIF) « ont rappelé la solidarité jamais démentie des Juifs de France avec Israël » car on aura alors conclu logiquement que tous les Juifs de France approuveraient le massacre en cours !

Pire, le 13 juillet une provocation (on a les preuves) est organisée : des jeunes voyous fascistes de la LDJ insultent les participants à la manifestation, puis courent se réfugier derrière un cordon de CRS à quelques pas d’une synagogue.

Et on parle dans toute la presse d’ « attaques de synagogue », alors que le rabbin déclare plus tard qu’à aucun moment les personnes à l’intérieur de cette synagogue n’ont été inquiétées. Cela n’a pas empêché le gouvernement de prendre prétexte pour interdire une autre manifestation parisienne, qui a bien sûr donné lieu à quelques incidents, alors que toutes les autres manifs en province se sont déroulées dans le calme, y compris en Bretagne.

Et cela recommence aujourd’hui, puisque toutes les manifs sont autorisées, sauf encore une fois celle de Paris. Une atteinte sans précédent à une des libertés fondamentale, celle de manifester.

Et toujours cette idée plus ou moins explicite que protester contre la politique israélienne serait un acte « antisémite » car par exemple, un des motifs invoqué pour interdire la manif, c’est que son parcours passait trop près de synagogues.

On nous dit aussi « pas d’importation du conflit ».

Eh quoi, on voudrait ainsi nous empêcher d’exprimer notre compassion, notre solidarité avec un peuple en souffrance ? Mais qui « importe » ce « conflit » ?

– si ce n’est les autorités de notre pays, elles-mêmes étant parfaitement en phase avec la propagande israélienne, du chant d’amour à Israël que notre président a entonné lors de son dernier voyage au véritable « feu vert » donné lors des premiers bombardements de cet été, puisqu’il approuvait toutes les mesures que prenaient Israël pour « se défendre » (toujours Israël l’agressé, bien sûr…) ?

– si ce n’est aussi les instances communautaires qui invitent un représentant de Tsahal à recruter dans la plus importante synagogue de France ?

Il y a eu bien sûr, après une petite rectification de « tir » pour déplorer les victimes civiles et demander un cessez le feu, et Fabius nous donne un lamentable exemple de la soit-disante impuissance de la diplomatie de la France (et de l’Europe) à agir.

Mais c’est de l’hypocrisie totale, la France, l’Europe, l’occident ont TOUS les moyens de faire pression puisque Israël bénéficie d’une aide massive, financière et militaire des USA et de l’Europe.

Et cela peut marcher, la preuve à 2 reprises :

– Lors de l’expédition de Suez de 1956, les USA ont demandé à Israël de se retirer du Sinaï, ce qu’Israël a fait immédiatement

– En 1990, les américains encore ont imposé à Israël de s’assoir à la table des négociations de Madrid, sous menace de ne plus garantir des prêts.

Donc oui, il y a des solutions, que peut imposer la France et l’Europe; ce qui manque c’est une volonté politique de sanctions à la hauteur des crimes commis.

Alors c’est à nous citoyens de servir en quelque sorte d’exemple à nos élus défaillants (pas tous ne le sont…), c’est à nous d’imposer le boycott des produits israéliens (Sodastream, Hahava, Mehadrin, Teva), de demander le désinvestissement des entreprises qui commercent avec Israël (Véolia, Orange) , avec la campagne BDS jusqu’à ce qu’Israël se conforme enfin au droit international c’est-à-dire en :

– mettant fin à la colonisation, à l’occupation

– accordant des droits égaux à tous les habitants quelel que soit leur origine

– accordant le droit au retour pour tous les réfugiés

– et, le plus urgent, en arrêtant son agression, en levant le blocus.

Avec Ziad Medoukh, notre ami de Gaza sous les bombes, nous garderons espoir en une paix juste et nous dirons :
Gaza sera toujours debout, Gaza résiste, Gaza existe et Gaza persiste
Palestine vivra, Palestine vaincra !

Daniel Lévyne UJFP-Bretagne

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