La composition du nouveau gouvernement israélien, formé sur fond de pandémie, a surpris ou interroge de nombreux commentateurs, dont beaucoup sont habitués à masquer la réalité du régime israélien.
Mais est-ce vraiment surprenant ou porteur d’interrogations nouvelles ?
Ainsi Netanyahou est arrivé à ses fins : il a rallié à lui son soi-disant adversaire Benny Gantz, imaginé des accords lui permettant d’échapper aux tribunaux, programmé l’annexion des colonies et de la vallée du Jourdain, maintenu la loi d’apartheid « État nation du peuple juif », Il s’est arrogé le droit de modifier la constitution pour qu’à son terme elle donne au premier Ministre des attributions de type présidentiel. Il a élevé le nombre de ministres (36), le plus important de toute l’histoire d’Israël et il a même accordé, union nationale oblige, un ministère au travailliste Amir Peretz.
Mais Gantz et Peretz, quelles que soient leurs apparences, sont bien des criminels de guerre.
Gantz, ancien chef d’état-major de l’armée, a dirigé l’opération Bordure Protectrice contre Gaza en 2014, se soldant par au moins 2400 morts palestiniennes et s’est alors vanté d’avoir « réduit Gaza à l’âge de pierre ».
Peretz quant à lui était ministre de la Défense lors de l’invasion criminelle du Liban en 2006.
Ces nouveaux alliés s’inscrivent donc clairement dans l’application du « deal du siècle » de Trump. Et ceux qui espéraient que Gantz les débarrasserait de Netanyahou auront constaté qu’on ne peut pas faire confiance à un criminel de guerre.
Ce gouvernement est une tragédie pour les Palestiniens, tous les Palestiniens.
Ceux enfermés à Gaza principalement, sans moyens médicaux de défense et dans la plus extrême précarité pour tous les Palestiniens des Territoires Occupés pour ceux vivant en Israël même enfin, citoyens de second zone, eux aussi au premier rang des victimes à venir.
Tragédie également pour les Israéliens eux-mêmes.
Tragédie enfin pour les peuples européens, pour le « modèle » qu’il pourrait inspirer à certains dirigeants en veine de vouloir museler les aspirations démocratiques de leurs peuples.
Nous avons relevé les critiques affligées de « La Paix Maintenant » (LPM), association qui prétend prendre en compte les droits des Palestiniens face à la colonisation de la Cisjordanie. Mais qu’en est-il en réalité ?
Pour les militant-e-s de LPM, l’annexion, qui ne donnerait pas aux Palestiniens annexés les pleins droits de citoyenneté, marquerait la fin de la démocratie israélienne, comme si l’apartheid en vigueur à l’encontre des citoyens palestiniens d’Israël pouvait être qualifié de démocratie !
La Paix Maintenant se dit prête à négocier le bout de gras sur les colonies et la ligne verte ; se soucie des « modérés du côté palestinien qui croient encore au dialogue et à la solution à deux États » et s’inquiète des « extrémistes qui soutiennent la solution à un seul État et la lutte continue contre Israël », et des relations de bon voisinage avec la Jordanie et l’Égypte, laquelle enferme Gaza autant que le fait Israël.
La politique préconisée est en fait une autre manière, d’apparence plus soft, de perpétuer la colonisation et l’apartheid : elle aboutirait à un pseudo-État croupion palestinien contrôlé par l’État sioniste.
Cette politique de LPM mérite d’être signalée, parce qu’elle encourage la persistance de l’illusion de « deux États vivant côte à côte » illusion qui cache la réalité de la suprématie politique et militaire de l’État sioniste tout autant que le projet colonial et le racisme institutionnalisé d’Israël.
Face à cette situation, nous n’oublions pas qu’il existe aussi une minorité juive israélienne anti-apartheid ; dans divers articles nous faisons connaitre et soutenons ses engagements moral et politique actifs.
Alors que le gouvernement d’union nationale affiche quelques images de coopération avec la Palestine, il profite en fait de la pandémie pour poursuivre sans relâche sa persécution criminelle du peuple palestinien : les colons se déchaînent, des installations sanitaires sont détruites, les assassinats continuent, les arrestations sauvages se poursuivent, de nuit, menées par des soldats enveloppés dans des combinaisons de protection terrorisés eux-mêmes par le virus, les prisonniers sont enfermés dans des conditions matérielles très dangereuses et sans droit de visite, les ouvriers palestiniens travaillant en Israël ou dans les colonies sont rejetés sans ménagement au moindre signe de maladie, et la livraison du matériel sanitaire nécessaire est cruellement insuffisante. Les conditions de vie à Gaza sous blocus et dans des conditions sanitaires dramatiques imposées par Israël sont particulièrement inquiétantes.
Le peuple palestinien, qui a une longue expérience de confinement, résiste courageusement et développe une politique, une discipline et une inventivité remarquables pour faire face à la pandémie.
Si nous voulons véritablement aider le peuple palestinien, nous devons amplifier notre combat au sein du mouvement BDS – Boycott, Désinvestissement et Sanctions, le porter à un niveau supérieur, dénoncer l’apartheid et la colonisation.
Dénoncer enfin le régime israélien pour ce qu’il est : un régime criminel aux mains de deux criminels de guerre !
Plus que jamais, l’UJFP se tiendra au premier rang de ce combat.
La Commission Israël-Palestine, pour la Coordination nationale de l’UJFP, le 25 avril 2020.