Immigration jetable : que font le Consistoire et le CRIF ?

Le 29 avril, une grande manifestation se déroulait à Paris contre « l’immigration jetable » avec le soutien de nombreuses associations, dont l’UJFP. Les instances catholiques, protestantes et musulmanes y étaient représentées officiellement. Leurs émissaires respectifs sont venus y exprimer leur désaccord avec une loi scélérate qui va trier les personnes humaines en fonction de leur rentabilité, et de leurs origines, une politique que le cardinal Ricard a qualifié de « fermeture quasiment xénophobe ». L’intervention du docteur Boubakeur, recteur de l’Institut musulman de la Grande Mosquée de Paris, étaient également remarquée. Les dignitaires religieux ont ensuite été reçus à Matignon pour signifier leur inquiétude au Premier ministre.

Le grand absent était le Consistoire israélite, représentant d’une des principales religions de ce pays. Les rabbins de cette instance confessionnelle n’ont pas jugé bon de s’opposer au projet de loi, sans doute même le soutiennent-ils. Silence radio également de la part du CRIF, organisation qui se veut représentative des institutions juives.

Il était déjà ignoble d’entendre le silence assourdissant des instances communautaires juives lors de l’opération d’enlèvement des enfants de « sans papiers » menée dans les écoles au début de cette année. (Nous avions, quant à nous, protesté contre ces pratiques dignes de Vichy dans un communiqué daté du 30/09/05). Le souvenir des rafles dans les écoles pendant l’occupation nazie pour enlever les enfants juifs aurait dû suffire pour alerter le rabbinat et d’autres représentants communautaires sur les dangers autoritaires qui planent sur notre démocratie. Il était encore monstrueux de voir comment le Consistoire central et le CRIF avaient soutenu la présence de De Villiers dans la manifestation qui a suivi le meurtre d’Ilan Halimi.

Ce choix risque de faire date. Pour nous il marque la décomposition morale et philosophique de ceux qui continuent à se prétendre nos représentants, il marque surtout la collusion de plus en plus obscène de cette fraction des Juifs de France avec la pire des réactions dans ce pays.

Il n’y a de mémoire que celle qui permet de se souvenir de ses devoirs. Le rabbinat français et le CRIF ont failli à tous leurs devoirs, et principalement à celui de leur mémoire.

Nous nous en souviendrons, et nous ne serons sans doute pas les seuls.

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