Par Dominique Vidal. Paru sur son blog Médiapart, le 26 décembre 2017.
En pleine trêve des confiseurs, le moindre bruit résonne fortement. Or tous les sites ultra-sionistes se sont donné le mot. Encore un attentat terroriste ? Ou bien une agression antisémite ? Non : il s’agit seulement d’un billet diffusé voici près de quinze jours par France Inter. Il est vrai que notre confrère Christophe Ayad, rédacteur en chef au « Monde », y brisait une sorte de tabou médiatique.
J’invite tou(te)s mes ami(e)s à écouter et faire écouter cet article. C’est du bon, de l’excellent travail journalistique. En trois petites minutes, tout est dit de l’injustice subie par Salah Hamouri et sa famille. Factuel, le billet ne comporte pas un mot plus haut que l’autre.
Tel n’est pas l’avis des sites du Times of Israel, de la Ligue de défense juive, de Jssnews, de J Forum, de Nioz, d’Agilience et autre Cjfai. D’une même voix, tous tapent sur le même clou : la Cour suprême a accusé Salah, le 20 octobre, d’être un « haut responsable » du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), qualifié de « groupe terroriste ».
Sauf qu’aucune de ces officines de propagande ne conteste l’essentiel, rappelé par Christophe Ayad : la « justice » israélienne ne fait état d’aucune preuve à l’appui de son accusation. Il est vrai que, s’agissant d’une détention administrative, elle ne doit pas en présenter. Cette pratique fascisante, héritée des lois d’exception du mandat britannique, permet aux autorités d’emprisonner, pour une durée de six mois reconductible à l’infini, quiconque lui déplaît. Sans procès…
Sauf aussi que, dans le cas de Salah, le procès qui lui a valu sept années de prison l’a également condamné, « plaider coupable » oblige, sans aucune preuve : en tenaient lieu deux dénonciations anonymes de soi-disant militants du FPLP dont la Cour a fait état sans jamais les produire…
Bref, avec une « justice » comme celle-là, le capitaine Dreyfus aurait fini sa vie à l’Île du Diable. Et des propagandistes comme ceux-là auraient applaudi. Il faut s’y faire : dans « extrême droite sioniste », il y a « extrême droite »…
Dominique Vidal.