Ilan Halevi, un homme debout

Nous vous invitons si vous êtes disponibles à rendre un dernier hommage à Ilan Halevi lors de ses obsèques qui auront lieu samedi 13 juillet à 10 h au crématorium du cimetière du Père-Lachaise.

Nous nous permettons à cette occasion de publier deux témoignages :

Ilan Halevi (1943-2013)

Notre camarade Ilan Halevi nous a quittés, et avec lui, c’est un chapitre important de la lutte de libération nationale palestinienne qui se referme.

Il y a un an exactement, nous partagions une tribune à l’Université d’été de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), et si son corps trahissait sa grande fatigue et ses nombreux dysfonctionnements, la clareté de ses propos restait la même que celle que j’avais connu pendant plus de quatre décennies. Quelques mois plus tard, c’est à l’hôpital que le rencontrais, encore plus affaibli, mais cette fois avec aussi une grande difficulté à s’exprimer clairement.

Nous n’héritons pas notre identité ; nous la créons, sur la base de quelques données génétiques et sociologiques, et cette identité est toujours multiple. Pourtant, je n’ai connu personne qui avait une identité aussi multiple qu’Ilan, à tel point que même ses plus proches s’y perdaient. Laissons lui une dernière fois la parole : « je suis 100% Juif, je suis 100% Arabe ».

En décidant, après la guerre de 1967, de s’installer en Israêl, il choisit d’être 100% Israélien ; en rejoignant, en 1968, l’organisation de gauche antisioniste Matspen, il contribue a renforcer la cohérence anticoloniale de son programme et combat pour un soutien inconditionnel à la lutte de libération nationale palestinienne. Après avoir quitté, en 1974, Israêl, il rejoint les rangs de l’OLP et devient vite 100% Palestinien.

C’est dans les rangs de l’OLP et du Fatah dont il devient rapidement un membre de la direction qu’Ilan Halevi peut mettre en pratique son immense talent : dans l’écriture mais surtout par la parole et la polémique (il pratiquait couramment quatre langue et se débrouillait dans trois ou quatre autres), dans le domaine politique mais surtout dans la diplomatie. Son empreinte dans les négociations palestino-israéliennes tout comme dans sa fonction de représentant du Fatah à l’Internationale Socialiste est indélébile, et sa capacité inégalée de persuasion a pu casser nombre de verrous destinés à isoler la Palestine dans la scène internationale. Il n’est pas exagéré de dire qu’Ilan Halevi a joue un rôle clé dans le long processus de reconnaissance de la Palestine par la Communauté Internationale.
Ilan a consacre toute sa vie à la lutte, longtemps au détriment de sa famille et toujours au détriment de sa santé qu’il a laissé se détériorer sur l’autel de son engagement lui aussi a 100%.
La Palestine vient de perdre aujourd’hui un de ses fils ; l’OLP un de ses dirigeants ; ses très nombreux amis, de Beyrouth a Paris, de Tel-Aviv a Bamako, de Ramallah à San Francisco pleurent un frère et un camarade.

Michel Warschawski.


Nous sommes tristes, notre frère Ilan Halévi, le grand militant pour la Palestine, s’est éteint.

Ce militant infatigable vient de mourir au terme d’un parcours politique exceptionnel. Un parcours qui l’a mené après qu’il ait rompu avec Israël dans les années 70 à intégrer peu à peu la lutte palestinienne jusqu’à devenir conseiller de Yasser Arafat, représentant de l’OLP en Europe ainsi que membre des instances dirigeantes du Fatah.

Revendiquant tout aussi bien son arabité ( il est originaire du Yemen ) que sa judéité, il employait l’expression « notre peuple » pour parler du peuple palestinien, cela m’avait frappé un jour de meeting. Ce peuple dont il avait épousé la cause comme on épouse une belle mariée, pour la vie et dont il revendiquait la nationalité.

Il n’était pas un de ces juifs arabes de cour, un de ces bouffons cathodiques qui n’ont d’arabe que l’apparence, qui jurent leur amour pour le maalouf constantinois, l’harissa tunisienne ou l’humour marocain mais qui prompts à servir le pouvoir blanc ou certains pouvoir arabes, en toute logique sont tout aussi prompts à faire allégeance à Israël et à justifier la dernière expédition de la soldatesque sioniste.

Au contraire, le judaïsme lui doit beaucoup car Ilan Halévi est de ceux qui avec un marocain comme Abraham Serfati ( paix à son âme) sans rien renier de leur identité ont permis de détruire dans nombre d’esprits novices l’idée d’une judéité indéfectiblement liée à l’Etat colon Israël.

Sa fidélité à la cause, son éloquence et sa rigueur rhétorique hors pair en faisaient un adversaire redouté dans tout débat sur la Palestine. Mais surtout, ses ouvrages de référence comme « Sous Israël, la Palestine » paru en 1978 puis « Israël De La Terreur au Massacre D’Etat » paru en 1984, deux ans après les massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila à Beyrouth sont de ceux qui auront permis à beaucoup de forger leur conscience politique et d’édifier leur formation militante.

Toutes nos condoléances vont à sa famille. Honneur et gloire à lui.

Youssef Bousoumah