Les Israéliens parlent de l’indépendance d’Israël, proclamée le 14 mai 1948 et aussitôt entérinée par l’ONU. Pour les Palestiniens, c’est la Naqba, la catastrophe, la destruction de leur société et de leurs villages suivie de l’exil de la grande majorité de la population.
Aujourd’hui, il y a environ 5 millions de Juifs et 5 millions de Palestiniens qui vivent entre Méditerranée et Jourdain. Les premiers ont un Etat dit «Juif» et occupent 90% de l’espace. Les seconds connaissent marginalisation, discriminations, assassinats «ciblés», misère et privation des droits élémentaires. 60 ans après la Naqba, des millions de Palestiniens sont toujours réfugiés, dispersés dans des camps du Proche-Orient, voire exilés plus loin. 60 ans après, les Palestiniens continuent de payer pour un crime européen : le génocide nazi. 60 ans après, c’est l’impunité d’Israël malgré les violations constantes du droit qui permet la poursuite de la destruction de la Palestine. Une injustice majeure a été commise : un nettoyage ethnique et l’expulsion de tout un peuple de sa terre. Il n’y aura pas de paix sans réparation et cette paix devra reposer sur les droits fondamentaux qui s’imposent à tou-te-s.
Une rencontre improbable
Beaucoup de guerres trouvent leurs racines dans l’histoire ancienne et proviennent de la manipulation de la mémoire, de l’identité ou de la souffrance. Celle-ci ne fait pas exception.
Cette guerre est née de la rencontre improbable entre un peuple autochtone (le peuple palestinien) et des communautés juives (dispersées mais organisées autour d’un projet politique, le sionisme) qui ont eu recours au colonialisme pour conquérir un pays et s’y imposer.
L’histoire de la Palestine ancienne repose en partie sur les mythes bibliques. Ce qui est avéré, c’est qu’un peuple y a vécu (les Hébreux) mais jamais seul, toujours aux côtés d’autres peuples : Iduméens, Moabites, Philistins, Cananéens. Les Hébreux avaient une grande singularité : une religion monothéiste (la religion juive). Au départ de la guerre actuelle et du conflit des «légitimités», il y a la destruction du deuxième temple en 70 après JC. Les historiens divergent sur la suite. Pour certains, les Juifs se sont répandus dans le monde entier, mais cette dispersion («diaspora») ne pouvait être que provisoire et il était «normal» qu’ils effectuent un jour ou l’autre leur «retour». Cette interprétation est très discutable. C’est la religion qui s’est largement répandue. Les Juifs d’aujourd’hui sont largement les descendants de Berbères, Espagnols, Allemands, Khazars convertis au judaïsme et les Palestiniens sont un peuple autochtone, descendant de ceux qui sont restés en Palestine après la destruction du temple.
L’histoire des Palestiniens est celle des autres peuples de la région. Occupation romaine puis Byzantine. Lors de la conquête arabe, la langue et la culture s’imposent. La majorité de la population devient musulmane avec une minorité chrétienne. Au XVIe siècle, la Palestine devient une province ottomane et elle le restera jusqu’en 1918.
Existe-t-il UN peuple Juif ? Les Juifs du Maghreb, ceux de l’ex-empire russe ou ceux du Yémen n’ont pas grand-chose à voir entre eux. Il y a pour les Juifs dispersés une communauté de destin liée à la religion. Il y a le souvenir mythifié d’un passé idéalisé et une prière («l’an prochain à Jérusalem») qui n’a jamais été une aspiration à recréer un quelconque royaume. Les Juifs ont appris à vivre ou à survivre dans une situation de minorité. S’ils avaient un statut en pays musulman, ils ont subi en pays chrétien une longue suite de discriminations et de persécutions. L’antijudaïsme chrétien a produit l’interdiction de posséder la terre, l’enfermement dans le ghetto, les expulsions (la plus importante étant celle d’Espagne) et les pogroms. Quand l’émancipation des Juifs a commencé en Europe, cet antijudaïsme s’est transformé en antisémitisme racial, le Juif personnifiant pour les différents nationalismes l’obstacle à la création d’états «ethniquement purs». C’est dans ce contexte qu’est apparu le sionisme.
Le projet sioniste
C’est un projet multiforme. Il a un côté nationaliste. Alors qu’à la fin du XIXe siècle, les nationalismes explosent, à contre courant de la majorité des Juifs de l’époque qui entrevoient leur émancipation dans celle de l’humanité toute entière, le sionisme élabore toute une série de «mensonges fondateurs». Il théorise le «complexe de Massada», l’idée que l’antisémitisme est inéluctable, qu’il est vain de le combattre et que la seule issue est de fuir et de créer un Etat Juif. Il crée une notion revisitée de «peuple juif» avec une nouvelle langue (l’Hébreu) se substituant aux langues de la diaspora. Alors que la grande majorité des dirigeants sionistes ne sont pas croyants, les sionistes s’emparent du récit biblique pour revendiquer un prétendu retour en terre promise et la reconstitution d’une nation (le « royaume unifié » dont l’existence n’est pas avérée). La Palestine est présentée comme une «terre sans peuple pour un peuple sans terre».
Comment conquérir un pays ? Le sionisme a incontestablement un aspect colonialiste. Depuis plus d’un siècle, la même stratégie s’applique : s’emparer des terres, institutionnaliser le fait accompli, marginaliser le peuple autochtone, détruire son organisation sociale, expulser, repousser la frontière. En Palestine, comme dans les pays voisins, existait une communauté juive qui vivait sans heurts avec les Palestiniens d’autres religions. C’est la colonisation sioniste et la volonté de créer un Etat Juif qui déclenche dès les années 1930 le conflit actuel. La colonisation de la Cisjordanie entreprise après 1967 n’est pas un accident de l’histoire. Elle est la suite logique des terres palestiniennes confisquées après la Naqba et de la destruction des villages.
Le sionisme affirme offrir un «havre de paix» aux Juifs persécutés. Et pourtant, s’il y a un pays où les Juifs sont en insécurité, c’est bien Israël et c’est à cause d’un projet qui n’est pas seulement criminel pour les Palestiniens : il est aussi suicidaire à terme pour les Juifs israéliens.
Le sionisme n’est pas un projet religieux au départ, mais l’apparition après 1967 du courant «national-religieux» qui justifie annexion et expulsion au nom de Dieu complique le conflit.
Le sionisme a un côté messianique. Pour créer l’Israélien nouveau, il a fallu «tuer» le Juif, le cosmopolite, l’universel. Il a fallu éradiquer les «valeurs» de la diaspora pour fabriquer un homme nouveau et une nation militariste, impérialiste voire raciste, méprisant ou ignorant le peuple autochtone privé de droit.
Le sionisme a également transformé Israël en pion avancé de l’Occident et de l’impérialisme au Proche-Orient. Aujourd’hui, Israël reçoit une aide colossale publique et privée des Etats-Unis et en même temps, aucun dirigeant américain ne semble en mesure de s’opposer à une décision qui ferait consensus chez les dirigeants israéliens.
Le sionisme a gommé les différences idéologiques. Dans les faits, la «gauche» sioniste a toujours suivi la droite qui depuis près de 80 ans est pour le «transfert» : l’expulsion des Palestiniens au-delà du Jourdain.
Le sionisme utilise la peur comme un carburant : «les Israéliens ont peur de ne plus avoir peur». Pour la propagande habituelle, toute contestation de la politique israélienne ne peut être qu’antisémite et vise à «jeter les Juifs à la mer». Cette instrumentalisation de l’antisémitisme et du génocide nazi (qui a permis la fondation de l’Etat d’Israël) se poursuit plus que jamais.
La paix passera par une sécularisation de la société israélienne, une « dé-sionisation » ou un dépassement du sionisme. Sans cela, ce seront les aventures militaires et les crimes de guerre sans fin.
La guerre de 48
L’ouverture des archives et le travail des «nouveaux» historiens israéliens sont venus conforter ce que les historiens palestiniens savaient depuis longtemps. Il n’y a plus de place au doute.
Tout d’abord, les années qui ont précédé la guerre ont été très défavorables aux Palestiniens : tandis que, depuis la déclaration Balfour, les Israéliens mettaient en place les instruments pour créer leur Etat, les Palestiniens ont été très affaiblis par la répression (de la part du colonisateur britannique) de la révolte de 1936. Ils ont eu beaucoup de morts, d’emprisonnés ou d’exilés.
Le partage de 1947 de la Palestine n’était pas seulement incompréhensible pour les Palestiniens (au nom de quoi les a-t-on amputés de leurs terres ancestrales ?), mais il était très inégalitaire : l’Etat juif prévu par la partition était plus grand que l’Etat palestinien alors que les Juifs étaient moins nombreux. Si 10000 Israéliens seulement vivaient dans l’Etat palestinien, plus de 400000 Palestiniens vivaient dans l’Etat juif. Au coeur de l’Etat palestinien, Jérusalem était internationalisé. Un tel partage était inacceptable. Il se faisait contre les Palestiniens. Pire, il préparait le départ des non-juifs du futur Etat juif. A contrario, l’acceptation du partage par la direction israélienne a été purement tactique, celle-ci se préparait à des conquêtes beaucoup plus importantes.
Cette guerre est présentée en Israël comme le combat de David contre Goliath, le «pauvre Israël» étant encerclé par des voisins hostiles. En réalité, il y avait un énorme déséquilibre en faveur des Israéliens. Ceux-ci ont au début du conflit 50000 hommes en arme contre à peine 10000 chez les Palestiniens. Et leur armement est beaucoup plus sophistiqué. De plus, aux côtés de l’armée israélienne et agissant de façon complémentaire, il y a les milices des futurs premiers ministres israéliens (l’Irgoun de Menahem Begin et le groupe Stern d’Yitzhak Shamir) qui n’hésitent pas à massacrer les civils.
Avant même le 14 mai, plus de 350000 Palestiniens ont déjà été chassés de chez eux. Plusieurs documents de la Haganah (l’armée «officielle» israélienne) montrent que l’expulsion a été intentionnelle. L’historien Ilan Pappé parle du plan Dalet qui a organisé ce nettoyage ethnique. Quand la propagande israélienne répète inlassablement que «les Arabes sont partis d’eux-mêmes» à l’appel de leurs dirigeants, il s’agit d’un mensonge fondateur destiné à masquer le crime qui s’est déroulé, il y a 60 ans.
L’aide internationale a été déterminante pour Israël qui a reçu pendant la guerre de grandes quantités d’argent et d’armes en provenance des Etats-Unis ou des pays de l’Est (Tchécoslovaquie, URSS). La «communauté internationale», malgré la guerre froide a trouvé un consensus facile : se débarrasser du problème juif (on est à une époque où des centaines de milliers de rescapés ne savent pas où aller, le Yiddishland a disparu) sur le dos d’un peuple innocent.
Le peuple palestinien a été trahi par les dirigeants des pays arabes voisins. Il n’y avait pas la moindre coordination entre les troupes irakiennes, syriennes, égyptiennes ou jordaniennes, chaque armée agissant pour son compte personnel. Pire, la Jordanie, qui avait l’armée la plus forte, avait un accord secret avec la direction sioniste. Elle ne s’est battue que sur le tracé de la frontière et sur la volonté israélienne de conquérir un territoire pour désenclaver Jérusalem. À la fin de la guerre, Jordaniens et Egyptiens se sont partagé les restes (la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza), ravis de faire disparaître la Palestine.
Le bilan de la guerre de 48, ce sont 6000 morts israéliens et 13000 morts palestiniens. Mais ce sont surtout 800000 expulsé-e-s. Les villages ont été détruits et leur trace a souvent été effacée. Dès 1949, les terres des expulsé-e-s ont été confisquées. Israël a reconnu formellement le droit au retour des Palestiniens au moment des armistices de 1949, mais tout a été fait pour rendre impossible ce retour.
Les Palestiniens qui ont échappé à l’expulsion en 1948 forment aujourd’hui avec leurs descendants 20% de la population israélienne. Certains dirigeants israéliens regrettent «qu’on n’ait pas achevé la guerre de 48», qu’on n’ait pas expulsé tous les Arabes. Dans un Etat qui se définit comme juif, les non-juifs sont des citoyens de seconde zone. De très nombreux emplois leur sont interdits. Ils ont connu la loi martiale. Ils subissent toute une série de discriminations. Le taux de pauvreté chez eux est beaucoup plus important que dans la population juive. Les Bédouins du Néguev dont les terres ont été volées vivent majoritairement dans des bidonvilles 60 ans après la Naqba.
Pourquoi la paix est-elle si lointaine ?
Le peuple palestinien est un peuple de réfugiés. Pendant des années, tout a été fait pour effacer son existence, pou/r le diluer dans le monde arabe, pour transformer le conflit israélo-palestinien en guerre israélo-arabe. La guerre de 1967 est un tournant. Le gouvernement travailliste de l’époque prend la décision immédiate de coloniser les territoires occupés. Pour y parvenir, les travaillistes ont fortement contribué à créer le courant national-religieux. Cette mouvance intégriste représente aujourd’hui 25% de la société israélienne. 40 ans plus tard, il y a 500000 Israéliens installés en territoire occupé. Il y a les colons religieux qui ont accaparé les terres, l’eau, les routes. Mais il y a aussi les colons économiques attirés par les loyers à bas prix. Les limites de Jérusalem se sont considérablement étendues. Les nouvelles colonies du secteur (sur les ruines d’anciens villages palestiniens dont celui de Deir Yassine) deviennent des quartiers et sont progressivement intégrées à Jérusalem. La frontière a disparu. La ligne verte (la frontière de 1949) a été effacée. Elle ne figure sur aucune carte ou aucun livre scolaire israéliens. C’est une véritable société d’Apartheid qui s’est instaurée en Cisjordanie, en toute impunité.
Après 1967, le mouvement national palestinien s’est structuré. Il a tout essayé. Des années de lutte armée ont été ponctuées par des revers militaires face à l’occupant mais aussi face à la Jordanie et la Syrie. L’OLP a été contrainte à l’exil. C’est l’Intifada qui a provoqué une mutation majeure. En 1988, l’OLP abandonne son ancienne revendication («un seul état laïque et démocratique en Palestine») et reconnaît Israël dans ses frontières d’avant 1967, en ne revendiquant plus qu’un Etat Palestinien sur 22% de la Palestine historique (les territoires occupés). A priori, le nettoyage ethnique de 1948 ne diffère pas fondamentalement de la conquête et des annexions de 1967. La seule différence, mais elle n’est pas mince, c’est que le droit international reconnaît le fait accompli en 1948, mais ne reconnaît pas celui de 1967. L’OLP a fait en 1988 une concession énorme dont les dirigeants israéliens auraient dû se saisir pour obtenir enfin leur reconnaissance et leur insertion au Proche-Orient.
Jusqu’à l’assassinat de Rabin, on a pu croire qu’un tel processus aboutirait. Sauf que la nature de l’Etat d’Israël a radicalement changé après 1967. La colonisation des territoires palestiniens est devenue centrale dans le projet sioniste. Il est d’ailleurs significatif que Rabin lui-même a installé 60000 nouveaux colons entre les accords d’Oslo et son assassinat. Le rêve fou de faire venir tous les Juifs du monde entier en Israël a semblé possible avec la disparition de l’URSS.
Si les négociations avaient été basées sur le droit international et les droits fondamentaux, elles auraient dû aboutir rapidement. L’occupant ne l’a pas voulu. Il a sans arrêt mis en avant la question de la «sécurité de l’occupant». Il a refusé de s’engager dans la fin de la colonisation, le démantèlement des colonies, la libération des prisonniers et le retrait des territoires occupés. Il a multiplié les actes criminels, les humiliations, les assassinats ciblés. Il a superbement ignoré toutes les résolutions internationales (comme celle qui proclame que la construction du mur est illégale). Dernier acte criminel en date : le siège de Gaza destiné à affamer un peuple dont le principal tort est d’avoir mal voté.
Après l’échec des négociations, les dirigeants israéliens et leurs alliés américains se sont acharnés à faire porter sur les Palestiniens la responsabilité de l’échec. Ils ont exigé des Palestiniens une capitulation sur leurs droits historiques et sur le droit international (en particulier le droit des réfugiés). En fait, ce sont les Palestiniens qui «n’ont pas de partenaire pour la paix». Ils n’ont jamais rencontré de dirigeant israélien respectueux du droit.
Depuis Oslo, les différents gouvernements israéliens ont tout fait pour poursuivre la colonisation et rendre impossible la création d’un Etat Palestinien digne de ce nom. Il n’y a donc aucune perspective à continuer de discuter sur les bases actuelles. Le processus issu de la conférence d’Annapolis est mort-né. Pour vraiment négocier, il faudra en revenir au droit.
Quelle issue ? Quelle solidarité ?
La paix basée sur l’égalité et la justice passe avant tout par la fin de l’impunité d’Israël. Il faut sanctionner ce pays tant que durera l’occupation. Il faut un boycott politique, économique, sportif, moral, à l’image de celui qui a fait plier le régime de l’Apartheid. Ce boycott est demandé par de nombreuses associations palestiniennes. Il faut en finir avec une impunité qui conduit à la perpétuation d’une politique criminelle. Plus de 15% des Israéliens vivent hors d’Israël. La plupart des Israéliens voyagent. L’économie israélienne est totalement insérée dans la mondialisation libérale. Il ne fait pas de doute qu’un boycott suivi et organisé serait en mesure de convaincre les dirigeants israéliens que la fuite en avant n’est plus possible. Dans l’impunité israélienne, il y a aussi les crimes de guerre commis. Ceux-ci devront être jugés.
Malgré l’occupation, malgré une économie qui a été détruite, malgré une pauvreté et un chômage massifs, la société palestinienne résiste. Ce pays a vu naître une société civile multiple, des associations de toutes sortes, des ONG, une auto organisation et des coopératives. Les Palestinien-ne-s ont besoin de notre aide. Nous devons les aider économiquement, matériellement, mais aussi moralement en allant là-bas et en témoignant de l’injustice majeure qu’ils/elles vivent depuis 60 ans. Il faut établir des jumelages, créer des projets concrets, briser le blocus de Gaza. Cette solidarité doit s’étendre aux Palestiniens d’Israël, citoyens de seconde zone et aux éternels oubliés, les réfugiés.
Une jonction, une convergence ont commencé à s’établir entre la petite minorité «anticolonialiste israélienne» (les refuzniks, l’Alternative Information Center, les Anarchistes contre le Mur, Les Femmes en Noir, le Bloc de la Paix …) et les Palestinien-ne-s. Cette convergence est fondamentale parce qu’elle porte en germe les termes d’une vraie paix. Nous devons la soutenir énergiquement.
Enfin, le moteur du sionisme, c’est le «complexe de Massada», c’est la peur, ce sont les mécanismes utilisés pour persuader les Israéliens et les Juifs que toute inflexion de la politique actuelle aboutira à leur disparition. C’est la transformation de l’occupant en victime. Nous devons être très clair-e-s. La paix passe par l’égalité des droits entre les différents peuples de la région et le refus de toutes les formes de racisme ou de discrimination. En ce sens, l’antisémitisme, comme toutes les autres formes de racisme, est un crime et doit être dénoncé sans retenue. Mais son instrumentalisation aussi est un crime. Les dirigeants sionistes n’ont aucun droit à parler au nom des Juifs ou au nom du génocide nazi. Ils n’ont aucun droit à détruire la Palestine au nom d’un crime européen. Nous devons chercher à briser le front intérieur en Israël et à persuader les citoyens que leur avenir passe par une paix équitable et pas par la poursuite d’une aventure criminelle.
Pierre Stambul