Théo Klein est mort le 28 janvier, à l’âge de 99 ans. Il a traversé le 20è siècle en combattant pour ses idées. Pendant la deuxième guerre mondiale, il participé à la résistance juive, dans le réseau dit de la Sixième fondé par les Éclaireurs israélites de France, dont le siège était dans la ferme-école de Moissac où les jeunes réfugiés se préparaient à être des paysans en Palestine.
La Sixième a notamment réussi à cacher des centaines d’enfants juifs dans des familles et des institutions qui les ont accueillis au péril de leur vie. Il a aussi eu pour rôle de sauver des enfants des camps de Rivesaltes, d’Argelès et d’autres.
Théo Klein a accompagné la création du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) qu’il a quitté une première fois en 1973, à la suite d’une « Assemblée générale qui avait, selon moi, atteint le sommet du ridicule communautaire » comme il l’a expliqué dans l’interview qu’il a accordée à notre revue De l’Autre Côté (N°2, automne 2006). Il s’était alors refusé au délire d’orateurs qui déclaraient qu’on était en 1938 et que « ça arrivait de nouveau ». Il a rejoint le CRIF de nouveau en 1982, après ce qu’il a appelé « une petite révolution », et en a été président de 1983 à 1989.
Dans cette interview, il déclarait que « le CRIF n’était pas la succursale de l’ambassade d’Israël » et reprochait au CRIF, « une tendance naturelle qui existe dans toutes les communautés juives à travers le monde, d’affirmer une solidarité au-delà de la réflexion ».
Il a même déclaré à ce moment-là : « Je pense que la politique israélienne est fondamentalement erronée ». Et, parlant d’Israël dont il était citoyen : « Nous continuons à nous vouloir occidentaux. Nous n’arrivons pas à sortir de notre occidentalité pour être citoyens du Moyen-Orient ».
En 2012, Théo Klein, outré des agissements du Président du CRIF Prasquier, n’hésite pas à écrire à ce dernier pour manifester son soutien à Charles Enderlin, journaliste de France Télévisions qui faisait l’objet d’une campagne ignoble et diffamatoire relayée par le CRIF et son Président. Il rompt ainsi avec le CRIF.
Cette lettre de Théo Klein, que l’UJFP avait publiée sur son site, permet de constater à quel point l’évolution du CRIF en fait une simple officine de propagande des courants les plus violents du sionisme, qu’ils soient israéliens ou français. La cour que la plupart des politiciens français continuent de lui faire n’en est que plus honteuse.
L’UJFP gardera le souvenir d’un grand résistant, d’un homme intègre, et s’incline devant sa mémoire.