Hommage à Viviane Montias-Baruch

Viviane Montias-Baruch vient de nous quitter. Elle est décédée dans son sommeil dans la nuit du 31 mai à l’hôpital parisien de La Piété Salpetrière, sans douleur. Sous morphine pour traiter une pneunomie foudroyante, elle était entourée des siens. À 94 ans, elle laisse derrière elle deux enfants et un mari, âgé d’un an de plus qu’elle.


Elle avait 10 ans quand la Seconde guerre mondiale a éclaté. Pendant les grandes rafles antisémites de 1942, elle avait échappé de justesse à la police qui traquait les Juifs. Ayant évité la déportation, elle a survécu à la guerre mais ce n’est pas le cas de plusieurs membres de sa famille. Après la Libération elle a continué ses études. Devenue enseignante, elle a fait sa carrière à l’Éducation nationale. Mais ce n’est pas tout.


Parallèlement à son activité professionnelle, Viviane a su surmonter le traumatisme de la Shoah en effectuant un travail social bénévole, d’abord auprès des prisonniers en faisant de nombreuses visites dans les maisons d’arrêt. Ensuite, elle a donné de sa personne auprès des jeunes et des familles sans papiers au sein de RESF (Réseau d’Éducation Sans Frontières). Elle a défendu des enfants victimes d’injustice d’où qu’ils viennent, dont les enfants palestiniens.


Viviane a adhéré à l’UJFP peu après l’éclatement de la seconde Intifada au début des années 2000 et est restée fidèle à l’association. Jusqu’à peu, elle a continué à participer à nos réunions, conférences et manifestations. Entre autres, elle est intervenue à la fois comme victime et témoin des horreurs de la guerre, puis comme militante associative en faveur de la paix. Lors d’une conférence organisée par l’UJFP dans le 20ème arrondissement de Paris en 2005, Viviane a partagé la tribune avec Richard Wagman et Maurice Rajsfus, un autre rescapé des rafles, devenu historien spécialisé dans la Shoah et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet.


Viviane a participé le 9 avril dernier au séder laïque de l’UJFP, un événement annuel auquel Viviane était également restée fidèle. Juive laïque et militante, elle aimait bien célébrer notre délivrance de l’esclavage et espérait la même délivrance pour tous les peuples encore aujourd’hui en esclavage sous différentes formes. Viviane était une bonne vivante et l’a bien montré à notre célébration de la pâque juive.


L’UJFP exprime ses condoléances à sa famille. Les obsèques de Viviane auront lieu dans le carré israélite du cimetière de Paris-Est à Pantin le 6 ou 7 juin.


La Coordination nationale de l’UJFP, le 1er juin 2023