Hommage à Stéphane Hessel

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Le 27 février, à l’Institut du Monde Arabe, un hommage vibrant a été rendu à Stéphane Hessel, « citoyen sans frontières », devant une salle comble (400 places).

Un an après sa disparition, les Jeudis de l’IMA ont rendu hommage à Stéphane Hessel. Je pense qu’il s’agit là d’un événement que vous auriez tous aimé partager et je me permets de vous en présenter un bref compte rendu.

Brahim Senouci, animateur de la soirée, l’a introduit en distinguant la mort de la disparition : Stéphane est mort mais il ne disparaîtra pas ! Il a insisté sur la cohérence dont il a fait preuve tout au long de sa vie, cohérence qui sera le fil du discours de tous les intervenants et reprise en conclusion par Christiane, comme une évidence, « cohérence en étroite conformité avec ses idéaux, son penchant à rechercher ce qu’il y a de meilleur chez l’autre, à rechercher dans la nuit la plus noire des raisons d’espérer, son humanisme qui était sa boussole, le fil directeur de son action ». Il a évoqué son optimisme résolu, « nourri par une sorte d’impossibilité du mal qui était chez lui un état mental ». « Frère des hommes, de tous les hommes, c’était un homme du monde, à la bonté inépuisable, bonté à propos de laquelle il aimait à citer ce vers d’Apollinaire, extrait de « la jolie rousse » : « Nous voulons explorer la bonté, contrée énorme où tout se tait ».

Après les remerciements qui lui ont été adressés par Monsieur l’ambassadeur Hael Al Fahoum au nom des Palestiniens, Michel Rocard est intervenu en sa qualité de coprésident du Collegium éthique international auquel appartenait Stéphane. Il a insisté d’abord sur sa qualité de fonctionnaire, catégorie actuellement méprisée par l’Etat dans une partie du discours public et qui résulte pourtant d’un choix, celui du service de l’intérêt général, de l’intérêt général français mais aussi mondial. Il s’est référé, évidemment au goût de Stéphane pour la poésie dont l’oubli a fait mourir l’Occident (Pierre Thuillier « la grande implosion »). Il l’a dit, enfin, « créateur de paix », paix plus difficile que la guerre en ce qu’elle implique de compromis et de reconnaissance de l’autre, paix toujours recherchée par Stéphane qui ne dénonçait jamais un conflit sans chercher et proposer une solution.

Bernard Miyet (ancien haut fonctionnaire et diplomate) l’a dit « homme de toutes les causes nobles », à la recherche toujours de l’intérêt universel : le développement de la planète, des pays du Sud, les droits de l’homme – à quoi nous pouvons ajouter sans être exhaustifs la lutte pour les sans papiers, pour l’écologie, pour la paix au Proche-Orient, dont sa présidence du Tribunal Russell sur la Palestine et bien d’autres. Il était un homme libre par excellence, un homme de l’ONU, conscient des faiblesses de cette organisation mais ayant foi en elle comme la seule solution. Il était l’incarnation du « négociateur », subtil, bienveillant à l’autre, même au plus modeste, ferme et doux à la fois, avec de l’humour et des phrases bien ciselées.

Il était un « idéaliste pragmatique » pour Louis Joinet (qui a été notamment expert indépendant auprès du Comité des droits de l’homme de l’ONU), conseillant dans les négociations de se mettre d’abord à la place de l’autre et, en tout cas, de faire en sorte que tout le monde en sorte par le haut. Il aimait à jouer de bons tours… Il était un « facilitateur », portant une attention aussi grande aux Etats qu’aux sociétés civiles.

Martine Brousse (directrice de la Voix de l’enfant) a dit sa chance d’avoir pu mettre ses pas dans les pas de Stéphane, décrivant l’alchimie heureuse à laquelle il parvenait entre la diplomatie, le service de l’Etat et le travail de terrain, toujours soucieux de la société civile. Elle a rappelé leur dernière mission à Gaza où Stéphane apportait la sérénité devant la souffrance indicible.

Ce qui n’est pas sans rappeler comment Stéphane se définissait lui-même dans « Citoyen sans frontières » : « cosmopolite, Français, résistant, diplomate, solidaire, européen, mendésiste et médiateur ».

Après une brève conclusion de Christiane, insistant sur le fait que la société civile est en train de prendre le pouvoir et que nous devons reprendre à notre compte ce pouvoir, trois films concernant Stéphane ont été projetés : « Témoins pour la paix » d’Abraham Ségal – 2003 – « une histoire d’engagement « de Christine Seghezzi – 2008 – et « une vie faite homme » de Sacha Goldman – 2013 –

Dans l’un de ces films, Stéphane dit « nous allons mourir mais nous ne serons pas pour autant in-existants ». Il nous manque, certes, mais, pour nous, il est toujours existant, il n’a pas disparu.