Hommage à Giorgio Forti

Nous publions ici l’hommage de Paola Canarutto à Giorgio Forti, membre fondateur de RETE-Eco, le réseau des juifs italiens contre l’occupation, notre association soeur.

Giorgio, qui était un grand scientifique et un militant hors pair, est mort cette semaine. L’hommage a été publié dans Il Manifesto. Depuis des années nous défendons, Giorgio, Paola et nous, des positions clairement antisionistes, aux côtés des Palestiniens, au sein de EJJP, le réseau des Juifs Européens pour une Paix Juste. De plus, comme le rappelle Paola, Giorgio a été moteur dans le soutien apporté par les amis italiens aux efforts de l’UJFP pour aider les paysans de Gaza. Nous saluons sa mémoire et nous associons au deuil des camarades de RETE-Eco et de la famille de Giorgio.

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Notre cher Giorgio Forti nous a quittés le 2 mars 2021. Lui qui, dans l’enfance avait connu les lois raciales et participé à la Résistance, a été un pilier de notre petit groupe de juifs contre l’occupation qui s’est opposé à l’occupation militaire israélienne, fondé par Sveva Haertter à l’automne 2000, dans la mouvance des manifestations et de l’intifada qui ont fait suite à la « promenade » de Sharon sur l’Esplanade des mosquées à Jérusalem.

Dans la tentative de manifester que tous les juifs ne soutiennent pas la politique israélienne, il a organisé différentes conférences dans lesquelles il a été le principal intervenant et des séances à forte audience dans des écoles. Il a aussi contribué activement à mettre sur pied des rencontres avec les quelques Israéliens qui s’opposaient à l’occupation : les refuzniks, des jeunes qui refusaient le service militaire, l’anthropologue Jeff Halper, le militant pacifiste Michel Warshawski, Gideon Levy et Amira Hass, de courageux journalistes.

Il nous a aidés à prendre position pour BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions). Il a pris part aux rencontres de l’Anpi où il avait des contacts, avec l’ONG Vento di terra et avec les Juifs Européens pour une Paix Juste dont Rete-ECO fait partie ; il leur écrivait régulièrement, pas plus tard qu’il y a un mois.

Surtout, il a fait pousser les graines d’un soutien actif aux Palestiniens pour freiner leur expulsion : en Cisjordanie une unité ambulatoire mère-enfant et l’école de Gomme menacée de démolition ; à Gaza une école laïque de la maternelle au collège, le Centre de rattrapage scolaire (Rec) dans lequel garçons et filles étaient ensemble dans les cours. Grâce à lui, le Rec a obtenu le prix Feltrinelli de l’Académie nationale décerné à une entreprise exceptionnelle de haute valeur morale et humanitaire.

Au cours des dernières années il a amené Rete-Eco à soutenir l’Union Juive Française pour la Paix avec l’aide de laquelle un château d’eau a été construit dans la bande de Gaza ainsi qu’une pépinière qui fonctionne. « Que le souvenir du juste soit une bénédiction » dit la tradition juive, et Giorgio était un juste. Mais aujourd’hui nous sommes tous plus seuls.

Paola Canarutto (Réseau des Juifs contre l’Occupation)