Claire n’est plus là.
Claire Miahle est morte d’un cancer dans la nuit de mercredi à jeudi (30 août).
L’UJFP perd une femme exceptionnelle que plusieurs d’entre nous ont eu l’occasion de côtoyer et d’admirer. Outre qu’elle a été membre du Bureau National, elle a porté, quasiment seule dans la région Midi-Pyrénées, de nombreuses initiatives de l’UJFP et a toujours cherché à agir en concertation avec d’autres groupes qui militent pour la reconnaissance des droits des Palestiniens.
Claire était une vraie combattante pour la justice et la liberté. Sans concession aux modes et aux logiques d’appareil, elle allait son chemin, soucieuse que chaque pas permette de se débarrasser des faux-semblants et d’aller à la racine des oppressions, du racisme et de la négation. Elle illuminait son entourage par sa force intérieure, sa simplicité et surtout son écoute intense.
Elle a été particulièrement active et efficace dans l’organisation de tournées en France de jeunes militants pacifistes israéliens avec lesquels elle a construit des liens durables fondés sur un questionnement constant. L’année dernière, elle a participé à la création de l’association LAT (Les Ami-e-s de Tarabut [note] Mouvement juifs/arabes anticolonialistes d’Israël « Tarabut-Hithabrut » (rassembler/associer en arabe et hébreu)]] ) engagée dans une démarche de « démocratie radicale » fondée sur la mise en mouvement et en convergence de groupes luttant contre l’oppression pour leur émancipation, que ce soit en Israël, en Palestine occupée ou en France.
En France, cela veut dire que des groupes comme ceux constitués par les femmes visées par les lois islamophobes relatives au voile ou à la burqua, par ceux qualifiés de « gens du voyage », par les sans-logis… sont des groupes qui mettent en évidence le système oppressif français et qui, par la défense de leurs besoins/intérêts, ne font pas expression de « communautarisme » mais de résistance/existence.
(extrait de la présentation de l’association).
Claire posait sur le monde un regard perpétuellement interrogateur et bienveillant à l’égard de celles et ceux qu’elle côtoyait dans ses vies de travailleuse, de musicienne, de plasticienne, d’exploratrice. C’est peut-être cette dernière qualité qui l’aura caractérisée le plus singulièrement. Elle a fait des voyages seule dans des pays inconnus, frappant à la porte d’inconnus pour les connaître, elle a exploré la pensée de Georges Perec sous un angle psychanalytique dans une démarche toute personnelle, elle a fait de la petite maison dans laquelle elle vivait un lieu de découvertes musicales, d’objets inventés, suspendus, posés, signifiants…
L’UJFP doit beaucoup à Claire, modèle d’honnêteté et de conviction non sectaire.
Post-scriptum : voici en document joint un texte de Claire portant notamment sur l’histoire du Yiddishland, écrit il y a plusieurs années pour le mensuel toulousain « l’Etranger »
Le bureau national de l’UJFP le 31 août 2012