Hiver rigoureux, pauvreté, faim et inondations – Ghaza face à une grave crise humanitaire

Chutes de neige, températures de plusieurs degré en dessous de zéro, pluies torrentielles c’est ce qui caractérise la dépression atmosphérique qui frappe depuis quelques jours la Palestine occupée.

En Cisjordanie occupée et dans la ville sainte d’El Qods, ce bouleversement climatique a provoqué la fermeture de plusieurs routes, car devenues impraticables à cause de la neige. Cette situation influe bien évidemment sur les déplacements des citoyens, surtout ceux qui nécessitent des soins dans des centres hospitaliers.

Dans la bande de Ghaza, l’hiver rigoureux de cette année a aggravé de façon dramatique la crise humanitaire qui y sévit depuis des années. Dans cette deuxième portion des territoires palestiniens, le problème n’est pas la neige, c’est plutôt le froid et les pluies torrentielles qui ont rendu la vie de près de 2 millions de citoyens pratiquement impossible. Cela est dû au manque de moyens permettant de faire face à cette colère de la nature.

A Ghaza, aujourd’hui, il y a un effroyable manque d’énergie. La crise de l’énergie électrique y sévit depuis près de 10 ans. Cela remonte plus précisément à l’instauration par Israël du blocus aérien, terrestre et maritime à l’étroite bande côtière. Le programme qui consistait à donner 8 heures d’électricité à la population chaque jour s’est rétréci comme peau de chagrin. Maintenant les Ghazaouis n’ont plus droit qu’à une ou quatre heures de courant par jour… contre 20 à 23 heures de coupure. Ce qui est insupportable, surtout pour les familles qui ont des enfants.

Israël sans cœur

La société de distribution de l’électricité dans la bande de Ghaza explique cette baisse par des pannes qui affectent certaines lignes alimentant Ghaza depuis Israël.

Des lignes que l’armée israélienne empêche d’être réparées. Il est évoqué aussi un manque de carburant pour faire tourner à plein régime la seule centrale électrique du territoire et une consommation accrue que le réseau en place, vieillissant, ne peut supporter. Autre gros soucis, les Ghazaouis ont aussi du mal à trouver des bouteilles de gaz butane qui se sont raréfiées sur le marché. En temps normal, il faut juste 2 ou 3 jours d’attente pour obtenir une bouteille de gaz pleine. Aujourd’hui, il en faut… 40. Le temps de mourir de froid trente-six mille fois.

Là aussi Israël est pointé du doigt, seul fournisseur de gaz à l’enclave palestinienne. Les Palestiniens reprochent aux Israéliens de ne pas fournir Ghaza en quantité suffisante. Celles qui passent ne suffisent pas à répondre à la demande des citoyens et de certains secteurs, dont celui de l’aviculture. Sans ces deux sources d’énergie (électricité et gaz), la vie est un enfer.

Trois guerres meurtrières et destructrices en l’espace de 6 ans, blocus renforcé depuis près de dix ans, infrastructures de base détruites, machine économique paralysée, chômage, pauvreté, dépendance aux aides internationales, secteur de la santé manquant de moyens matériels et un déficit flagrant en eau potable : voilà dans quel univers apocalyptique vivent aujourd’hui les Palestiniens.

L’enfer sur terre

Pour le moment, tout ce que demandent les Ghazaouis est de se chauffer et d’être à l’abri des inondations qui frappent certains endroits de la bande de Ghaza, surtout dans le Sud, à Rafah et Khan Younes. Si la Protection civile fait ce qu’elle peut avec ses moyens rudimentaires pour sauver certains citoyens des eaux parfois usées qui inondent leurs maisons, les autres départements de l’administration locale brillent par leur absence. La bande de Ghaza — qui normalement est dirigée par le gouvernement palestinien d’entente nationale — est dans les faits gouvernée par le mouvement Hamas qui a la mainmise sur tous les aspects de la vie sociale.

Hamas, pour se dédouaner, accuse à son tour le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le gouvernement basé à Ramallah de faillir à leur devoir envers les citoyens de la bande de Ghaza. La direction palestinienne réplique souvent que la moitié de son budget est destinée à l’enclave où elle ne dispose, pourtant, d’aucune autorité réelle sur le terrain.

La division persistante entre les deux territoires occupés représente, pour la majorité des Palestiniens, la cause essentielle de tous les maux qui frappent le peuple, particulièrement dans l’enclave palestinienne.

A quand la fin de ce jeu de cache-cache criminel ?

Fares Chahine