1er mars 2019
Par HADRIEN BORTOT
Depuis 3 jours les foudres médiatiques s’abattent sur un vêtement de sport. Ce ne sont ni les conditions de travail des ouvriers qui produisent des articles de sports toutes marques confondus en Chine ou au Bengladesh, ni les profits et les marges à deux chiffres des géants du sportswear qui défrayent la chronique, mais bien la commercialisation par une enseigne populaire française d’un hijab de running.
Après le Burkini, et la possibilité pour les femmes musulmanes d’aller à la piscine ou à la plage, c’est le fait qu’elles puissent courir voilées qui pose problème aux chiens de garde d’une laïcité devenue arme islamophobe.
Comment les valeurs de la République pourraient être attaquées par un hijab de running commercialisé par Décathlon. Rappelons que ces foulards sont déjà présents sur toutes les compétitions internationales.
Après un appel au boycott de la marque, des menaces sur les salariés de Décathlon, une campagne de harcèlement médiatique, l’entreprise a annoncé renoncer à la mise en vente du produit sur le territoire français. Le profit capitaliste s’arrête où débute l’islamophobie.
Les polémiques islamophobes s’enchaînent, sans réactions et condamnations politiques de la gauche. Elle laisse se développer un argumentaire raciste qui dévoie le principe de laïcité, et laisse place au discours sur un deux poids, deux mesures dans la lutte contre le racisme.
Au pays des droits de l’Homme, une femme musulmane n’a pas le droit d’acheter un foulard pour faire son jogging, la laïcité devrait « délivrer » les femmes soumises à la culture musulmane. Ce qui dérange ici les racistes, c’est la visibilité dans l’espace public des femmes issues des minorités ou affirmant leur appartenance religieuse. Lorsque l’une de ces femmes n’occupe plus le rôle social qui lui est attribué dans la société, et qu’elle s’arroge le droit de s’occuper d’elle et de faire du sport, elle devient un danger.
Plus que cela, la domination patriarcale s’exprime toujours sur le vêtement des femmes. Pour les libérer, l’homme a le droit de donner son avis, de surveiller, en niant leurs capacité à choisir et à penser.
Les communistes doivent être en première ligne de la lutte contre le racisme d’État, le racisme institutionnel, et l’islamophobie comme ils/elles doivent l’être du combat contre toutes les formes de racisme.