HALTE À LA BANALISATION DE L’ANTISÉMITISME

Par Armand Gorintin, militant de l’UJFP

Lorsqu’Eric Zemmour est poursuivi et condamné pour des insultes et des propos haineux contre les jeunes immigrés, on ne peut que s’en réjouir.

Mais on ne peut pas en dire autant lorsque, à la fin du mois d’octobre 2021, le Tribunal correctionnel de Paris relaxe Jean-Marie Le Pen qui était jugé pour provocation à la haine raciale après avoir, dans une vidéo, dit à propos de Patrick Bruel ainsi que d’artistes juifs antifascistes : « Écoutez, on fera une fournée la prochaine fois. »

D’après le Courrier Picard du 29 octobre 2021 et l’AFP, le Tribunal correctionnel de Paris « a jugé que les propos de M. Le Pen avaient pour cible la communauté juive car le terme de fournée renvoyait à l’image quand bien même symbolique des Juifs assassinés par les nazis dans les dans les camps d’extermination. » Et L’Humanité du 2 novembre 2021, entre autres, s’exprime dans le même sens.

Par contre, le tribunal a ajouté, afin de justifier la relaxe, qu’il ne s’agissait que d’une « jubilation pour faire un bon mot devant un auditoire acquis ».

 Et ce, alors même que lors du procès, le ministère public avait considéré que les propos de M. Le Pen, prononcés en 2019, constituaient une grave faute morale.

Il ne s’agit pas, pour moi, militant de l’UJFP, de m’opposer au droit de faire de l’humour. Et la dérision du malheur a souvent constitué un ingrédient de l’humour juif, y compris en évoquant l’horreur du nazisme et de ses crimes. Il suffit d’évoquer des films comme « Train de vie » avec Rufus, ou « Les producteurs » de Mel Brooks pour s’en rendre compte. Mais il y a humour et humour, et il est inadmissible de trouver sujet à rire devant l’idée d’envoyer un être humain dans un four ! Sans entrer dans de complexes subtilités juridiques, je ne peux voir aucune « jubilation » ni « bon mot » dans les propos de Jean-Marie Le Pen, en cause dans ce procès, qu’ils aient été prononcés « devant un auditoire acquis » ou pas.

Pour moi, militant de l’UJFP, il ne peut s’agir, dans cette « jubilation », que d’une inacceptable banalisation de l’antisémitisme que nous ne pouvons que condamner et combattre.