Communiqué de presse
18 décembre 2024 – mis à jour le 19 décembre 2024
Les attaques militaires israéliennes répétées contre les civils palestiniens au cours des 14 derniers mois, le démantèlement du système de santé et d’autres infrastructures essentielles, le siège et l’obstruction systématique de l’aide humanitaire détruisent les conditions mêmes de la vie à Gaza, selon un nouveau rapport de Médecins Sans Frontières (MSF), « Gaza : la vie dans un piège mortel ». MSF réitère son appel à toutes les parties à un cessez-le-feu immédiat pour sauver des vies et permettre l’acheminement de l’aide humanitaire. Israël doit cesser ses attaques ciblées ou indiscriminées contre les civils, et ses alliés doivent agir sans délai pour protéger la vie des Palestiniens et faire respecter les règles de la guerre.
« Les habitants de Gaza luttent pour survivre dans des conditions apocalyptiques, mais aucun endroit n’est sûr, personne n’est épargné et il n’y a pas d’issue dans cette enclave en ruines », a déclaré Christopher Lockyear, secrétaire général de MSF, qui s’est rendu à Gaza au début de l’année.
Le nord du territoire, en particulier le camp de Jabalia, subit un nouveau siège d’une violence extrême depuis le 6 octobre 2024.
« La récente offensive militaire dans le nord est une illustration de la guerre sans merci que les forces israéliennes mènent contre Gaza, et nous voyons des signes évidents de nettoyage ethnique alors que les Palestiniens sont déplacés de force, pris au piège et bombardés », a déclaré M. Lockyear.
« Ce que nos équipes médicales ont observé sur le terrain tout au long de ce conflit correspond aux descriptions d’un nombre croissant d’experts juridiques et d’organisations qui concluent qu’un génocide est en cours à Gaza. Bien que nous n’ayons pas l’autorité juridique pour établir l’intentionnalité, les signes de nettoyage ethnique et la destruction en cours, incluant les massacres, les blessures physiques et psychologiques graves, les déplacements forcés et les conditions de vie impossibles pour les Palestiniens assiégés et bombardés, sont indéniables. »
MSF appelle les États, en particulier les plus proches alliés d’Israël, à mettre fin à leur soutien inconditionnel à Israël et à s’acquitter de leur obligation de prévenir un génocide à Gaza. Il y a près d’un an, le 26 janvier, la Cour internationale de justice (CIJ) a demandé à Israël de prendre “toutes les mesures en son pouvoir pour en prévenir la commission, y compris l’annulation des ordres et mesures d’interdiction ou de restriction (…) d’un accès à l’aide humanitaire, notamment en ce qui concerne les besoins en combustible, abris, vêtements, hygiène et assainissement ; d’une assistance et de fournitures médicales”. Les autorités israéliennes n’ont pris aucune mesure significative pour se conformer à l’ordonnance de la Cour. Au contraire, elles continuent d’empêcher MSF et d’autres organisations humanitaires de fournir une assistance vitale aux personnes prises au piège du siège et des bombardements.
En tant que puissance occupante, Israël a la responsabilité de garantir l’acheminement rapide, sans entrave et en toute sécurité de l’aide à un niveau suffisant pour répondre aux besoins de la population. Au lieu de cela, le blocus et les obstructions continues ont rendu presque impossible l’accès des habitants de Gaza aux biens essentiels. Dans le même temps, Israël a décidé d’interdire l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), qui est le principal fournisseur d’aide, de soins et d’autres services vitaux aux Palestiniens. Les États doivent user de leur influence pour alléger les souffrances de la population et permettre une augmentation massive de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.
En réponse aux attaques effroyables menées par le Hamas et d’autres groupes armés en Israël le 7 octobre 2023, au cours desquelles 1 200 personnes ont été tuées et 251 prises en otage, les forces israéliennes écrasent l’ensemble de la population de Gaza sous les bombes et les décombres. Cette guerre totale a tué plus de 45 000 personnes selon le ministère de la Santé, dont huit employés de MSF. Le nombre de décès liés à la guerre est probablement beaucoup plus élevé en raison de l’effondrement du système de santé, des épidémies et de l’accès très limité à la nourriture, à l’eau et aux abris.
« Depuis plus d’un an, notre personnel médical à Gaza est témoin d’une campagne implacable des forces israéliennes marquée par une destruction, une dévastation et une déshumanisation massives », a déclaré M. Lockyear. « Des Palestiniens ont été tués chez eux ou dans leur lit d’hôpital. Ils ont été déplacés de force à maintes reprises vers des zones qui ne sont ni sûres ni salubres. Les gens ne peuvent même pas trouver les produits de première nécessité comme la nourriture, l’eau potable, les médicaments et le savon dans le cadre d’un siège et d’un blocus punitifs. »
Sur la période d’un an couverte par le rapport, le personnel de MSF a subi 41 attaques et incidents graves, notamment des frappes aériennes, des bombardements et des incursions violentes dans les établissements de santé ; des tirs directs sur les abris et les convois de l’organisation ; la détention arbitraire par les forces israéliennes. Le personnel médical et les patients de MSF ont été contraints d’évacuer des hôpitaux et des centres de soins à 17 reprises. Par ailleurs, les parties au conflit ont mené des activités militaires dans les environs des structures médicales, mettant ainsi en danger les patients, leurs accompagnants, et le personnel médical.
Depuis un an, les blessures physiques et mentales des Palestiniens s’accumulent et les besoins ne cessent d’augmenter. Les structures soutenues par MSF ont effectué au moins 27 500 consultations et 7 500 interventions chirurgicales. Les blessures de guerre et les maladies chroniques s’aggravent faute d’accès aux services de santé et aux médicaments essentiels. Le déplacement forcé de 90% de la population de Gaza a conduit les gens à vivre dans des conditions insalubres où les maladies peuvent se propager rapidement. En conséquence, les équipes de MSF soignent un grand nombre d’affections cutanées, d’infections respiratoires et de diarrhées, qui devraient toutes augmenter avec la baisse des températures hivernales. Les enfants ne sont pas vaccinés, ce qui les rend vulnérables à des maladies comme la rougeole et la polio. MSF a observé une augmentation du nombre de cas de malnutrition, mais il est impossible d’effectuer un dépistage complet de la malnutrition à Gaza en raison de l’insécurité généralisée.
Alors que les possibilités de soins médicaux diminuent à Gaza, Israël a rendu encore plus difficile les évacuations médicales. Entre la fermeture du point de passage de Rafah début mai 2024 et septembre 2024, les autorités israéliennes n’ont autorisé l’évacuation que de 229 patients, soit 1,6 % de ceux qui en avaient besoin.
En octobre 2024, la quantité de fournitures pour l’ensemble de la bande de Gaza a atteint son point le plus bas depuis octobre 2023 avec une moyenne quotidienne de 37 camions humanitaires, bien en deçà des 500 camions humanitaires quotidiens avant le 7 octobre 2023. MSF demande à Israël de mettre fin à son siège sur le territoire et d’ouvrir les frontières terrestres, y compris le point de passage de Rafah, pour permettre une augmentation massive de l’aide humanitaire et médicale.
Un accès immédiat et sûr au nord de Gaza doit également être assuré pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire et des fournitures médicales aux hôpitaux.
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