La situation d’aujourd’hui évoque irrésistiblement 1938 et Munich. À l’époque, l’Occident laissait monter le nazisme. Officiellement, les dirigeants se disaient pacifistes. Mais pour beaucoup, « mieux valait Hitler que le Front Populaire ». Aujourd’hui, l’ennemi c’est le musulman, jugé être forcément intégriste et terroriste.
Gaza, jusqu’à quand laissera-t-on faire ?
Personne ne peut faire semblant de ne pas voir ce qui est à l’œuvre. Tous les jours, l’armée israélienne assassine impunément à Gaza avec des assassins d’élite, bien planqués, qui tirent comme à la fête foraine. Cette armée dite « morale » ne vise pas n’importe qui : les mort-e-s sont des infirmières comme Razan al-Najjar, 21 ans, qui marchait les bras en l’air vers un blessé, des secouristes, des journalistes. Les assassins poussent des cris de joie quand ils touchent leurs victimes.
Quand ils ne tuent pas, les tireurs blessent grièvement. Les balles explosives, armes interdites, ont estropié des milliers de Gazaoui-e-s et, faute de médicaments, ces blessures ont souvent abouti à des amputations. Parce qu’ils ne veulent pas courber la tête, des estropiés amputés jouent au football à Gaza comme pour signifier qu’ils veulent toujours rester debout.
Tuer ne suffit pas : les Israéliens ont rasé une grande salle de spectacle à Gaza, le centre culturel Saïd al-Mishal, qui servait de théâtre et de salle de concert. Le message est simple : « nous vous empêcherons de vivre normalement. Nous détruirons le tissu social qui fait que votre société ne s’est pas écroulée ».
Enfin la France s’exprime !
Le Drian, Philippe et Macron n’ont rien vu de répréhensible depuis le 30 mars, jour où la tuerie de masse a débuté. La parole israélienne qui dit que Gaza est un monde de terroristes manipulé par les affreux méchants du Hamas est la leur. L’idée que la sécurité d’Israël est mise en danger par des cerfs-volants et qu’il est donc licite de riposter par des tapis de bombes est la leur. La France dit combattre le terrorisme et elle n’a jamais eu un mot contre le terrorisme de l’État israélien qui montre comment on peut tuer, surveiller ou asservir un peuple à l’envi.
La France est officiellement contre le blocus de Gaza. Mais quand deux bateaux de la flottille partis briser ce blocus ont traversé Paris, la police fluviale les a empêchés d’accoster. Quand deux autres bateaux de cette flottille (Al Awda puis le Freedom) ont subi de la part de la marine israélienne un véritable acte de piraterie dans les eaux internationales, les autorités françaises n’ont pas dit un mot alors qu’il y avait deux français-e-s kidnappé-e-s sur ces bateaux. Macron n’a pas non plus eu un geste pour Salah Hamouri.
Dans toute cette période, la position française n’a pas varié. Chaque fois que quelques roquettes ont été tirées depuis Gaza, on a eu droit à « La France condamne ces tirs inacceptables, qui ont visé des cibles civiles, heureusement sans faire de victimes. L’attachement de la France à la sécurité d’Israël est indéfectible. » ou encore « La France condamne le recours à la violence, incompatible avec un règlement pacifique du conflit israélo-palestinien. La relance d’un processus politique crédible nécessite que toutes les parties y renoncent ».
Le camp du racisme et de la guerre
Avec Trump et Nétanyahou, l’extrême droite raciste et néo-conservatrice avance sans masque. Dans ce camp, on trouve plusieurs pays arabes. L’Arabie Saoudite mène une guerre génocidaire au Yémen avec des armes françaises et états-uniennes. Dans ce pays, grand ami des « démocraties » et d’Israël, la peine de mort et la torture ne sont même pas dissimulées. Mais le roi d’Arabie Saoudite est un « bon » Arabe, un « bon » musulman, pas comme ceux qui sont régulièrement stigmatisés ou victimes de bavures policières en France.
La violence qui s’exerce contre le peuple palestinien est de même nature que celle qui s’exerce contre les exilé-e-s venu-e-s d’Afrique.
L’Occident en 1938-39, refusait d’accueillir ceux qui fuyaient le fascisme allemand ou espagnol. Aujourd’hui, il veut renvoyer les exilé-e-s à leurs tortionnaires libyens.
Israël est devenu le pays-phare de cet Occident, le modèle à suivre. Ce pays est un exemple vivant de reconquête coloniale. Depuis le vote de la loi sur « Israël État Nation du peuple juif », il assume ouvertement un apartheid que l’on croyait moralement indéfendable.
La France a pris sa place pleine et entière dans ce camp du racisme et de la « guerre du bien contre le mal » voulue autrefois par Georges Bush et poursuivie par Trump.
Même, si c’est difficile, même si la situation en Palestine est terrible et proche de la rupture les Palestinien-ne-s ne cèderont pas. Et les solidaires non plus.
Le Bureau national de l’UJFP, le 15 août 2018