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Gaza en lutte pour identifier des corps qu’Israël rapatrie dans le cadre de l’accord de cessez-le feu

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Des Palestiniens enterrent des corps non identifiés, hier à Deir al-Balah, où 54 personne ont été enterrées. Crédit photo : Mahmoud Issa/Reuters

À la date de mercredi, Israël a rendu 195 corps à la bande de Gaza, mais seuls 57 ont été identifiés par leur famille. Un docteur de Gaza a décrit quelques corps rendus avec les mains attachées ou visiblement touchés de près à la tête ou à la poitrine, tandis qu’un autre avait une corde autour du cou.

Amira Hass – 23 octobre 2025

Seules 57 familles palestiniennes ont identifié des corps parmi les 195 qu’Israël a rendu à Gaza en date de mercredi dans le cadre du cessez-le feu, selon le ministère de la santé de Gaza. Six corps étaient porteurs de plaques d’identité militaires et de numéros de cartes d’identité, mais des tests ont révélé que pour trois d’entre eux cela ne correspondait pas ; trois autres sont en cours de test, a dit une source palestinienne à Haaretz.

Aucun des autres n’ont sur eux d’informations permettant de les identifier, pas plus que les circonstances et les lieux de leur mort. Les FDI ont fourni des tests ADN pour 90 corps, mais le matériel permettant de procéder à des tests pour retrouver des parents n’est pas disponible à Gaza. Un site a été spécialement affecté, à Deir al-Balah, à l’inhumation des corps non identifiés parmi ceux rapatriés au cours des deux dernières semaines. Cinquante-quatre corps y ont été enterrés mercredi lors d’une cérémonie spéciale, chacun dans sa sépulture.

Le septième rapatriement a eu lieu mercredi, quand d’autres corps palestiniens ont été rendus par la Croix Rouge, après que les corps d’Arye Zalmaovich et de Tamir Adar de Nir Oz ont été rendus  à Israël. Les corps des Palestiniens qu’Israël détenait dans des réfrigérateurs ont été transférés à l’hôpital Nasser à Khan Younis dans des camions réfrigérés du commerce.

Au même moment, des familles de personnes manquantes sont allées à l’hôpital pour voir les photos des corps sous plusieurs angles, celles-ci étant projetées sur un écran dans le hall de l’hôpital. Il est demandé à toutes les familles de fournir à l’équipe médicale de l’hôpital 10 signes identificatoires de leurs fils.

Une personne qui était présente à l’hôpital mardi dernier a dit à Haaretz que pour les premiers transferts, des représentants d’environ cent familles sont arrivés chaque fois dans l’espoir d’identifier leur fils – mardi, 10 seulement sont arrivés et une seule famille a identifié son fils. On pense que dans bien des cas, des parents adultes qui pouvaient identifier les corps ont été tués par les bombardements ou sont morts de maladies ou de faim  au cours de ces deux années.

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Des corps non identifiés rendus par Israël étaient enterrés hier à Deir al-Balah. Selon les Palestiniens, certains morts ont participé à l’attaque du Hamas le 7 octobre. Crédit photo : Mahmoud Issa/Reuters

L’équipe du porte-parole des FDI a dit à Haaretz : « tous les corps rendus (à la date de mercredi) venaient des batailles sur le territoire de la bande de Gaza ; ce n’étaient pas des prisonniers emmenés vivants en Israël ».

Mais d’après les Palestiniens, certains corps sont ceux de gens qui ont participé à l’attaque du 7 octobre par le Hamas. Une famille qui a identifié son fils mardi a dit que, pour ce qu’ils savaient, il a été blessé et emmené au lieu de détention de Sde Teiman ; ils en ont conclu qu’il avait été capturé à l’intérieur d’Israël. Jusqu’à présent, la famille pensait qu’il était vivant.

Mardi, le Dr Ahmed Dheir, un pathologiste qui est le directeur du département de médecine légale de Gaza, a rencontré des représentants d’organisations de la société civile à l’hôpital Nasser. Il leur a parlé de l’état général des corps : certains portaient des uniformes militaires, d’autres des vêtements civils. Certains corps sont arrivés nus. Certains avaient les mains liées derrière le dos, et l’un d’eux avait une corde autour du cou. Certains corps avaient les yeux bandés. Certains corps portaient des signes de balles tirées à courte distance sur la poitrine et la tête et d’autres avaient des blessures d’éclats de bombes. Certains étaient encore couverts d’un mélange de sang et de poussière.

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Les inhumations hier à Deir al-Balah. Le porte-parole des FDI n’a pas répondu à la question de Haaretz au sujet des Palestiniens qui disent que les FDI ont capturé des gens vivants et les ont ensuite exécutés. Crédit photo : Basher Taleb/AFP

Bien que les corps soient arrivés congelés, certains étaient déjà en décomposition. Les présents ont été assurés qu’un rapport complet accompagné de photos serait préparé ultérieurement et qu’il donnerait des détails sur l’état de chaque corps. Le Dr Dheir a insisté sur le fait qu’il décrivait ce qui était visible de l’extérieur, et non les causes de la mort.

En se fondant sur l’apparence des corps, d’autres sources du ministère palestinien de la santé à Gaza ont conclu que des gens ont été abusés, torturés et exécutés en captivité.

L’équipe du porte-parole des FDI a dit à Haaretz : « Dire que les FDI ont profané des corps autopsiés est mensonger et sans fondement », ajoutant : « Dire que les FDI ont attaché les corps avant de les rapporter dans la bande de Gaza est mensonger », bien que ce soit le contraire qui est avancé : des gens ont été tués en étant attachés vivants. L’équipe du porte-parole des FDI a refusé de répondre à une question de Haaretz en écho à l’argument palestinien selon lequel les FDI ont pris des gens capturés vivants et les ont exécutés.

Un des participants à la rencontre avec le docteur Dheir lui a demandé si des organes avaient été prélevés sur des corps, à quoi il a répondu non. Il a dit mardi à la télévision palestinienne qu’un examen avait mis en évidence que de la chirurgie avait été pratiquée sur une des personnes et une autopsie sur une autre. Une source civile palestinienne a dit à Haaretz qu’un des corps montrait des signes suggérant qu’un véhicule lourd avait roulé sur lui et qu’un autre était brûlé.

The Guardian et CNN ont rapporté qu’au moins certains des corps rapatriés avaient des étiquettes portant des numéros (mais pas de noms) du centre de détention de Sde Teiman dans le Néguev ; il y a eu de nombreux rapports mentionnant des prisonniers mourant sous la torture et du fait de négligences médicales. En mai 2024, Haaretz a fait état d’une enquête de la police militaire ayant établi que des soldats avaient battu à mort deux prisonniers  qui avaient été amenés de Gaza au centre de détention.

Traduction SF pour l’UJFP

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