Il y a 77 ans, le 21 février 1944, 22 membres de la FTP-MOI étaient fusillés par les nazis au Mont Valérien. Trois avaient 18 ans, quatre avaient 19 ans. La seule femme du groupe – Olga Bancic – 32 ans, était transférée en Allemagne et décapitée dans la prison de Stuttgart le 10 mai 1944. Toutes et tous étaient antifascistes, communistes pour la plupart, juifs pour certains. Nombreux avaient été membres des Brigades Internationales en Espagne. Enfin, la majorité était aux yeux de Vichy et des nazis des étrangers. Ils cumulaient ainsi ce que le nazisme et le régime de Vichy exécraient.
Ceux qui étaient nés de parents immigrés et avaient grandi en France avant la guerre et qui avaient travaillé, étaient syndiqués — avaient été regroupés dans une section syndicale particulière intitulée dans un premier temps Main d’Œuvre Étrangère – MOE dans laquelle, peu après, une section yiddish était créée … En 1930, à la veille de la grande dépression, il y avait environ 3,5 millions de travailleurs étrangers en France, soit 7% de la population totale. Ils représentaient 15 % de la classe ouvrière. Sous la pression de la vague xénophobe des années 30, le PCF modifie l’intitulé de cette section syndicale étrangère en Main d’Œuvre Immigrée – MOI.
Tous les membres de l’Affiche Rouge étaient membres des groupes armés des FTP- MOI (Francs-Tireurs et Partisans Main d’Œuvre Ouvrière Immigrée) créés fin 1941 par le PCF en région parisienne et placés sous la direction de Charles Tillon, chargé de l’organisation de la lutte armée en zone occupée.
Parce qu’ils n’attendaient aucune clémence de la part des Allemands, parce que Vichy ne leurs laissait pas le choix en dehors de la clandestinité, les différents groupes FTP-MOI, étaient particulièrement déterminés dans la lutte contre l’occupant et la politique raciste de Vichy à l’égard des étrangers, tout en étant parfaitement insérés dans la dynamique de la résistance nationale.
En novembre 1943, au moment de leur arrestation, les membres des groupes parisiens de la FTP- MOI regroupaient environ une cinquantaine de membres, ils représentaient l’unique force combattante à Paris dont disposait le PCF.
Aujourd’hui, bien que les conditions économiques et politiques soient totalement autres, alors que le racisme d’État est à nouveau à l’œuvre, que le discours raciste d’État s’est déplacé et frappe de plein fouet les musulmans et les étrangers — exilés et demandeurs d’asile — que ceux-ci sont violemment refoulés aux frontières franco-italiennes et franco-espagnoles, que de véritables chasses à l’homme sont régulièrement organisées à Calais et à la Grande Synthe, alors que des combats d’un type nouveau s’annoncent, les leçons des combats antifascistes et émancipateurs des membres de l’Affiche Rouge sont d’une extrême actualité, riches de multiples enseignements, dépassant la simple commémoration.
Il nous revient, à nous Juifs, engagés dans les combats de l’antiracisme politique, à en rappeler les leçons.
La Commission antiracisme politique pour la Coordination nationale de l’UJFP, le 20 février 2021.