Elle s’appelait Fatima…

8 MAI 2017 PAR RAY ELSA BLOG : LE BLOG DE RAY ELSA

Dimanche 7 mai vers 19h, une jeune fille palestinienne de 16 ans a été abattue par l’armée israélienne à la Porte de Damas, à Jérusalem. Les communiqués officiels font état d’une tentative d’attaque au couteau. Les nombreux témoins attestent néanmoins d’une froide exécution…

Elle s’appelait Fatima. Elle avait 16 ans. Elle venait de Ramallah, et hier soir elle n’est jamais rentrée chez elle…

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Je me souviens de ce que mon amie Nisrine m’a dit un jour, elle qui vit en plein coeur du quartier de Tel Rumeida à Al Khalil (Hébron), au milieu des colonies et de ses habitants extrêmement violents: « Quand je regarde les enfants partir pour l’école le matin, j’ai toujours cette angoisse dans le coeur. Cette angoisse qu’ils ne reviennent pas. »

Le pire, avait-elle ajouté, c’était de ne pas pouvoir compter sur l’armée pour leur protection. « Pour eux, nous sommes moins que des animaux, moins que des chiens. Ils ne sont pas là pour nous protéger, au contraire ils nous tuent quand ils en ont l’occasion! »

Ce que m’a souvent rapporté Nisrine n’est pas une situation cantonnée aux territoires occupés. En Israël, la « seule démocratie du Moyen-Orient », l’armée que l’on aime à présenter comme « la plus morale du monde » n’est pas là pour protéger tout le monde. Evidemment, puisqu’Israël est un Etat d’apartheid, reposant sur une idéologie foncièrement raciste. Que vaut la vie d’une gamine palestinienne? Pas grand chose à vrai dire. Ni pour Israël, ni pour les puissances mondiales qui ferment les yeux sur ses crimes.

Fatima Affif Hajiji avait 16 ans, et une belle énergie, comme tous les adolescents de son âge. Elle aspirait à la liberté et à la dignité, comme tous les palestiniens de son âge. Elle se promenait à Jérusalem hier soir vers 19h, avec une intention qui n’est encore pas claire, quand elle s’est faite cribler de 20 balles dans l’abdomen et le dos par un soldat israélien à la Porte de Damas (entrée de la vieille ville). Les soldats l’ont ensuite laissée là, gisant sur le sol et se vidant de son sang, pendant 30 minutes, refusant l’accès aux secours, et attaquant journalistes et témoins qui prenaient des photos et protestaient contre cette froide exécution.

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De nombreuses forces de police ont été déployées sur tout le périmètre, plusieurs jeunes ont été arrêtés et emmenés en garde-à-vue car ils criaient leur colère. J’ai vu une vidéo filmée en direct par des journalistes palestiniens où l’on voit un jeune homme palestinien, qui doit avoir l’âge de Fatima, qui s’accroche de toutes ses forces à un poteau de lampadaire, en hurlant, pendant que 5 ou 6 policiers le tirent par les bras et les jambes avant de l’embarquer de force dans une voiture de police.

Il a fallu moins d’une heure pour que les communiqués israéliens sortent, faisant état d’une tentative d’attaque au couteau. Communiqués bien entendu repris par les médias français, sans remise en question ni vérification des faits. Après tout, quand vous écrasez un chien au volant, et que vous expliquez qu’il s’est jeté sous vos roues, personnes ne remettra en cause cette version. C’est communément admis.

Une photo d’un couteau, supposément retrouvé sur les lieux du crime, a également été publiée. Le très sérieux quotidien israélien Haaretz fait également état d’une lettre de « suicide » retrouvée dans les affaires de Fatima, qui prouverait qu’elle comptait commettre le pire, et qu’elle savait qu’elle allait mourir.

Sauf qu’ici, il y a tout de même un problème. L’exécution de Fatima s’est faite sous les yeux de très nombreux témoins. Tous attestent vigoureusement qu’elle se trouvait à une dizaine de mètres de la barrière des soldats quand l’un d’eux a fait feu. Que les balles ont été tirées dans l’abdomen et le dos (ce qui est attesté par les photos du corps) prouvant qu’elle ne leur faisait même pas face. Par ailleurs, quand bien même elle eût sorti un couteau, ils auraient pu aisément la maîtriser, surtout à une dizaine de mètres. Mais comme d’habitude, on ne « maîtrise » pas, on tue. Ça en fait toujours une de moins.

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En plein mouvement historique de grève de la faim des prisonniers palestiniens, et alors que la solution à deux Etats semblent plus que jamais une illusion totale, Israël prouve une fois de plus par ses méthodes iniques qu’il ne veut pas la paix. Sans doute ne l’a-il d’ailleurs jamais voulue. Face à cela, les Palestiniens ont donc le choix entre la résistance et le renoncement.