Élections israéliennes 2019 : les partis et candidats au poste de Premier ministre

MEE récapitule les principaux acteurs, les favoris pour le poste de Premier ministre et les factions pouvant jouer le rôle de faiseur de roi lors des législatives du 9 avril prochain

Par MEE
Date de publication: Jeudi 4 avril 2019

Les Israéliens se rendront aux urnes le 9 avril pour élire les membres de la Knesset, le Parlement israélien qui compte 120 sièges. Ce sera la deuxième élection en quatre ans à peine, suite à la convocation d’élections anticipées par le Premier ministre Benyamin Netanyahou, embourbé dans des scandales de corruption.

Le temps est-il compté pour Benyamin Netanyahou ? (AFP)

Les électeurs voteront pour des partis et non pour des candidats individuels : plus un parti obtient de voix, plus il obtient de sièges à la Knesset.

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Comme aucun parti n’a jamais réuni plus de 60 sièges pour former un gouvernement, les coalitions font partie intégrante de la vie politique israélienne. Cela rend les élections israéliennes ouvertes à tous, avec environ 47 partis en lice cette année. Les partis doivent recueillir au moins 3,25 % des suffrages pour pouvoir siéger à la Knesset.

Après les élections, le président israélien consultera les chefs de parti afin de déterminer la coalition la plus susceptible de former un gouvernement stable.

Le président nommera également le Premier ministre, qui est généralement le chef du parti qui a remporté le plus de sièges.

Voilà un récapitulatif des principaux acteurs de ces élections, des favoris pour le poste de Premier ministre aux partis susceptibles de jouer le rôle de faiseur de roi.

Candidats au poste de Premier ministre

Benyamin Netanyahou

– Dirigeant du Likoud, Premier ministre

Netanyahou a fait son entrée en politique en tant que diplomate israélien à Washington et est maintenant le deuxième plus ancien Premier ministre de l’histoire d’Israël, avec treize ans à son actif.

De nombreux commentateurs pensent que son appel à des élections anticipées est une tentative visant à éviter un scandale qui a éclaté à la suite de plusieurs accusations de corruption sur lesquelles le procureur général d’Israël a ouvert une enquête.

Son cabinet actuel est le plus à droite de l’histoire israélienne et Netanyahou continue de courtiser de manière controversée l’extrême droite religieuse.

S’il est élu – ce qui pourrait advenir avec l’aide de son proche allié, le président américain Donald Trump –, la création d’un État palestinien apparaîtra encore plus lointaine.

La normalisation des relations avec certains pays arabes pourrait néanmoins être envisagée dans la mesure où il continue de courtiser des États du Golfe comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Oman.

Benny Gantz

– Co-dirigeant du parti Bleu Blanc, ancien chef d’État-major de l’armée

Gantz n’a aucune expérience dans la politique civile, mais dans un pays où le service militaire est tenu en haute estime, son passé comme chef d’État-major de l’armée israélienne compte beaucoup.

Considéré comme le principal rival de Netanyahou, il s’est engagé à unir la société israélienne, divisée selon des critères religieux, politiques et ethniques. Comme on peut s’y attendre d’un militaire, il a mis l’accent sur la sécurité.

Le scandale pourrait cependant être au coin de la rue. Des informations ont révélé que le téléphone de Gantz avait été piraté, et certains prédisent un déversement d’informations avant les élections. L’ancien chef militaire soupçonnerait Netanyahou ou l’Iran d’être derrière ce piratage.

Yaïr Lapid

– Co-dirigeant du parti Bleu Blanc, député et ancien ministre des Finances

Lapid est un journaliste qui s’est fait connaître en 2011 à la suite de manifestations pour protester contre le coût de la vie à la manière du mouvement Occupy Wall Street. Il a canalisé une grande partie de l’angoisse qui animait la classe moyenne durant ces manifestations au cours de la campagne pour les législatives deux ans plus tard, son parti Yesh Atid devenant à ce moment-là la deuxième plus grande faction.

Lapid, qui a précédemment occupé le poste de ministre des Finances dans un gouvernement de coalition Netanyahou, s’est engagé à placer la classe moyenne au centre de l’activité économique et à favoriser la reprise des négociations avec l’Autorité palestinienne.

Lapid et Gantz ont accepté de jouer le rôle de Premier ministre à tour de rôle si Bleu Blanc remportait les élections.

Les principaux partis politiques

Likoud

– Sièges actuels : 30
– Dirigeant : Benyamin Netanyahou (Premier ministre 1996–1999, 2009–)

Depuis sa victoire électorale éclatante en 1977, lorsqu’il est devenu le premier parti de droite à diriger le gouvernement, le Likoud a continué à produire la plupart des Premiers ministres du pays. Porte-étendard de la droite israélienne, le parti s’oppose à un État palestinien, soutient la construction de colonies et encourage la privatisation de l’économie.

Après avoir remporté 30 sièges aux dernières élections, le Likoud a formé une coalition avec de plus petits partis de droite et des partis religieux.

Les sondeurs s’attendent à ce que le parti remporte un siège de plus.

Parti travailliste (HaAvoda)

– Sièges actuels : 18
– Dirigeant : Avi Gabbay (ministre de la Protection de l’environnement 2015-2016)

Un des deux seuls partis encore présents dans la politique israélienne qui a fourni des Premiers ministres et dirigé le gouvernement. Le parti travailliste et ses précurseurs ont dominé le pays pendant ses trois premières décennies, établissant l’infrastructure de l’État, mais s’attirant le courroux de certains juifs non-européens laissés de côté.

Aujourd’hui, sa liste de candidats est multiethnique, mais sa volonté de négocier avec les dirigeants palestiniens et son virage à droite dans la politique israélienne l’ont rendu de plus en plus impopulaire.

À l’approche des élections d’avril, le parti a déclaré vouloir surmonter les divisions ethniques qui ont exclu certaines franges de la société israélienne, notamment via un important programme d’investissement socio-économique dans les communautés arabes. Il prévoit également de construire 300 000 logements pour aider les jeunes à accéder à la propriété et d’investir dans des sources d’énergie renouvelables.

Les sondeurs s’attendent à ce que leur part de sièges passe de 19 à 9.

Bleu Blanc

– Sièges actuels : 11
– Factions : Hosen L’Yisrael (Résilience d’Israël) ; Yesh Atid (Il y a un futur)
– Dirigeants : Benny Gantz (chef d’État-major de l’armée, 2011–2011) ; Yaïr Lapid (ministre des Finances 2013-2014)

Bleu Blanc est une fusion entre les partis de centre-droit israélien Hosen L’Yisrael et Yesh Atid qui se sont unis quelques heures à peine avant la date limite officielle pour la soumission des listes électorales, dans le but de former une majorité à la Knesset capable d’évincer Netanyahou. Bleu Blanc devrait être le principal rival de Netanyahou, avec des sondages prévoyant une trentaine de sièges. Cependant, la grande majorité des partis israéliens nationalistes et à tendance religieuse ont déjà annoncé qu’ils ne siégeraient pas dans un gouvernement dirigé par Gantz. Bleu Blanc pourrait se retrouver marginalisé, même s’il remporte plus de sièges au Parlement que tout autre parti.

Le programme du parti comprend le maintien des colonies en Cisjordanie et la recherche de liens plus étroits avec les voisins arabes d’Israël, ainsi que la volonté d’engager des négociations avec les Palestiniens.

Les sondages suggèrent que le parti pourrait remporter 30 sièges à la Knesset.

Koulanou

– Sièges actuels : 10
– Dirigeant : Moshe Kahlon (ancien ministre)

Koulanou a été fondé avant les dernières élections nationales en 2015, sur la même liste que le Likoud. Le fondateur du parti, Moshe Kahlon, ex-ministre du Likoud, s’était assuré le portefeuille des Finances jusqu’en 2017.

Le parti, qualifié par Kahlon de « droite sensée », s’est concentré sur l’amélioration des conditions économiques – une question trop souvent négligée dans un pays où le taux de pauvreté est parmi les plus élevés des pays développés. Il soutient également la solution à deux États. Cependant, un certain nombre de représentants de Koulanou qui sont entrés dans le gouvernement il y a quatre ans ont depuis quitté le parti, remettant en question sa présence à la Knesset.

Koulanou devrait obtenir moins que les 3,5 % du seuil électoral nécessaire pour siéger à la Knesset.

Balad-Raam

– Sièges actuels : 8
– Factions : Balad (acronyme d’Alliance démocratique nationale) ; Raam (« tonnerre » en hébreu, acronyme de Liste arabe unifiée)
– Dirigeants : Mtanes Shehadeh, Masoud Ghanaim

En tant que principaux partis palestiniens, Balad et Raam peuvent être classés comme représentant respectivement des électeurs arabes à tendance nationaliste et religieuse. Ils se présentent ensemble pour ne pas perdre leur siège à la Knesset, mais contrairement aux élections précédentes, ils se présentent séparément de Hadash-Taal (voir ci-dessous).

En 2015, les différentes factions représentant les citoyens palestiniens d’Israël s’étaient rassemblées sur la Liste unifiée pour éviter toute possibilité d’être exclues de la Knesset.

Selon les projections, la faction devrait remporter quatre sièges à la Knesset, soit la moitié de ce qu’elle a actuellement.

Shas

– Sièges actuels : 7
– Dirigeant : Ariye Deri (ministre de l’Intérieur depuis 2016)

Le Shas est entré à la Knesset pour la première fois au milieu des années 1980, en promettant de gagner le respect – et des fonds publics – pour les juifs d’origine moyen-orientale et nord-africaine, les mizrahim, un groupe qui a toujours été victime de discrimination.

Le parti milite pour un État dirigé par la loi juive et fait partie du mouvement « baal techouva », qui promeut un mode de vie ultra-orthodoxe.

Alors qu’il adoptait auparavant une position plus modérée à l’égard des Palestiniens, le parti s’est depuis déplacé à droite de l’échiquier politique et s’oppose à tout gel des constructions de colonies en Cisjordanie.

Shas devrait remporter six sièges lors des élections d’avril.

Israel Beytenou

– Sièges actuels : 5
– Dirigeant : Avigdor Liberman (ministre de la Défense 2016–2018)

Israel Beytenou, dirigé par le colon belliciste et ancien ministre de la Défense Avigdor Lieberman, privilégie une politique antipalestinienne intransigeante, mais plaide également en faveur de questions qui préoccupent les citoyens laïcs, telles que l’adoption de lois sur le mariage civil et l’extension de la conscription militaire pour inclure les juifs ultra-orthodoxes.

En 2014, le parti avait été impliqué dans un important scandale de corruption et n’a pas obtenu de résultats positifs dans les sondages depuis que Lieberman a quitté le gouvernement de Netanyahou en novembre après la signature d’un cessez-le-feu avec le Hamas.

Les sondeurs prévoient qu’Israel Beytenou pourrait passer de cinq à quatre sièges.

Hadash-Taal

– Sièges actuels : 5
– Factions : Hadash (« nouveau » en hébreu, acronyme de « Front démocratique pour la paix et l’égalité »), Taal (« viens » en arabe, acronyme de « Mouvement arabe pour le renouveau »)
– Dirigeants : Ayman Odeh, Ahmad Tibi

Le plus petit des deux blocs palestiniens regroupe les factions considérées comme légèrement plus acceptables par les électeurs juifs : Hadash, une faction socialiste arabo-juive dirigée par Ayman Odeh, et Taal, dirigé par Ahmad Tibi, ancien conseiller de Yasser Arafat et voix la plus populaire de la communauté palestinienne au Parlement.

Alors que la scission de la Liste commune est considérée comme un affaiblissement des partis arabes, les chefs des deux partis estiment que cette nouvelle coalition pourrait gagner plus d’électeurs juifs que la Liste commune lors des dernières élections.

Le parti devrait voir son nombre de sièges passer de cinq à huit, selon les derniers sondages.

Meretz

– Sièges actuels : 5
– Dirigeante : Tamar Zandberg (conseillère municipale à la mairie de Tel Aviv de 2008 à 2013)

Meretz, un parti de gauche qui a connu un certain succès dans les années 1990, défend le retrait d’Israël des territoires qu’il occupe depuis 1967 et l’instauration d’un État palestinien qui partagerait Jérusalem comme capitale.

Avec l’effondrement des accords d’Oslo et le virage à droite d’Israël, la popularité du parti – au même titre que sa capacité à mettre en œuvre son programme sociopolitique progressiste – a été réduite de moitié en l’espace de 25 ans.

Dans la course aux élections de ce mois d’avril, le parti promet de réduire le coût de la vie des Israéliens en difficulté, de réformer le système fiscal et de lutter contre la corruption. Il s’est également engagé à éradiquer le racisme, en particulier à l’encontre des citoyens palestiniens d’Israël.

Selon les projections, le nombre de sièges de Meretz à la Knesset devrait passer de 5 à 6.

Judaïsme unifié de la Torah (Yahadout HaTorah)

– Sièges actuels : 5
– Dirigeants : Yaakov Litzman (ministre de la Santé depuis 2015), Moshe Gafni (membre de la Knesset depuis 1988)

Judaïsme unifié de la Torah est le plus ancien parti religieux de la Knesset ; sa première incarnation était en lice pour des sièges dès la fondation d’Israël.

Les deux factions du parti, Agoudat Israel et Degel HaTorah, se présentent conjointement aux élections depuis 1992 sous une liste exclusivement masculine. Depuis lors, elles sont membres subalternes de la plupart des gouvernements israéliens, luttent pour obtenir des fonds et œuvrent à la promotion d’une influence ultra-orthodoxe au sein de l’État.

En matière de politique étrangère et de sécurité, Judaïsme unifié de la Torah détermine ses positions en fonction de préoccupations religieuses plus que de considérations politiques ou sécuritaires et a affiché sa volonté de rejoindre des gouvernements de coalition désireux de s’engager dans des pourparlers de paix avec les Palestiniens.

Le parti devrait passer de cinq à six sièges.

Union des partis de droite

– Sièges actuels : 5
– Factions : Foyer juif (HaBayir HaYehudi), Union nationale (HaIchud HaLeumi), Force juive (Otzma Yehudit)
– Dirigeants : Rafi Peretz (rabbin militaire en chef de 2010 à 2016), Bezalel Smotrich (vice-président de la Knesset depuis 2015), Michael Ben-Ari (membre de la Knesset de 2009 à 2013)

Formée cette année, cette union de partis religieux de droite et d’extrême droite se serait vu promettre par Netanyahou deux postes au sein du gouvernement si ce dernier est réélu.

Le groupe a été condamné par des organisations telles que l’Anti-Defamation League aux États-Unis pour avoir inclus le parti Otza Yehudit (« Force juive »), qui prétend être l’héritier idéologique du rabbin Meir Kahane, un suprémaciste juif notoire. Le dirigeant d’Otza Yehudit, Michael Ben-Ari, a été interdit par la Cour suprême de se présenter en raison de ses opinions ouvertement racistes.

L’Union des partis de droite devrait voir son nombre de sièges passer de cinq à six.

Nouvelle Droite
Hébreu : HaYamin HaChadash

– Sièges actuels : 3
– Dirigeants : Naftali Bennett (ministre de l’Éducation depuis 2015), Ayelet Shaked (ministre de la Justice depuis 2015)

Formé en décembre 2018 par le ministre de l’Éducation Naftali Bennett et la ministre de la Justice Ayelet Shaked, Nouvelle Droite préconise la coopération entre juifs religieux et laïcs, s’oppose à la création d’un État palestinien et prône l’annexion de la zone C en Cisjordanie, où toutes les colonies israéliennes sont situées. Le parti espère capter les électeurs de centre-droit déçus par le Likoud.

Bennett, un magnat des logiciels qui a dirigé le Foyer juif aux élections de 2015 mais qui a quitté le parti depuis, a mené la campagne de Nouvelle Droite visant à limiter les pouvoirs exercés par la Cour suprême sur les soldats qui, selon lui, réfléchissent maintenant à deux fois avant de procéder à des opérations par crainte de poursuites.

Le parti devrait voir son nombre de sièges doubler et passer de trois à six.

Gesher

– Sièges actuels : 1
– Dirigeante : Orly Levy-Abekasis (membre de la Knesset depuis 2015)

Ce parti est dirigé par l’ancienne mannequin et animatrice de télévision Orly Levy-Abekasis, qui est entrée en politique pour lutter en faveur des droits des segments économiquement défavorisés de la société juive israélienne. Au sein de la Knesset actuelle, elle s’est séparée du parti belliciste Israel Beitenou, liste sur laquelle elle a été élue. En prévision des élections de 2019, elle a ressuscité Gesher, qui était autrefois le nom d’une faction dirigée par son père David Levy, ancien ministre des Affaires étrangères.

Levy-Abekasis affirme vouloir mettre fin à « la fracture constante entre la droite et la gauche » et se concentrer sur des questions sociales telles que les retraites, la santé, le logement et le renforcement des petites et moyennes entreprises.

D’après les sondeurs, il est peu probable que Gesher atteigne le seuil de 3,25 % requis pour obtenir un siège à la Knesset.

Zehout

– Dirigeant : Moshe Feiglin (ancien vice-président de la Knesset)

Fondé par Moshe Feiglin, ancien vice-président de la Knesset, Zehout centre son programme sur la promotion de la liberté individuelle, l’annexion complète de la Cisjordanie et la légalisation du cannabis, le tout compilé dans un manifeste de 344 pages.

Feiglin s’est tout d’abord fait connaître en 1993 en dirigeant une campagne nationale de désobéissance civile pour protester contre les accords d’Oslo. Son parti, qui s’est engagé à « mettre fin à la persécution des consommateurs de cannabis », fait déjà grand bruit et certains analystes prédisent qu’il pourrait jouer les faiseurs de rois dès ce mois-ci.

S’il ne détient actuellement aucun siège, le parti devrait en remporter quatre selon les prévisions des sondeurs.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.