Dominique Natanson à Soissons :« L’antisémitisme n’est pas le racisme le plus répandu» «Il ne faut pas oublier de combattre les autres racismes !

Suite au rassemblement de Soissons contre l’antisémitisme, voici 2 articles parus dans la presse régionale :

1) Article paru dans le journal « L’Axonais » « 

Avec sa pancarte, Dominique Natanson était facilement repérable dans le rassemblement contre l’antisémitisme. Ce militant de la cause palestinienne est membre de l’Union juive française pour la paix (UJFP).

«Nous luttons contre l’antisémitisme, c’est très bien. Mais il ne faut pas oublier les autres victimes de racisme les Roms, les musulmans, les noirs victimes de violences policières… Aujourd’hui, des gens instrumenta¬lisent quelques faits antisémites pour interdire l’antisionisme et les critiques envers la politique d’Israël.»

Ancien professeur d’histoire, Dominique Natanson est spécialiste de le l’Histoire de la Shoah et a beaucoup travaillé sur la mémoire juive de Sois- sons.

K. L.
Dominique Natansson est un militant actif de la cause Palestinienne. Il milite activement aussi contre l’extrême droite.


2) Article paru dans « L’Union »

Dominique Natanson : “L’antisémitisme n’est pas le racisme le plus répandu”

Dominique Natanson, juif antisioniste, défend l’idée que toutes les manifestations du racisme doivent être combattues, pas seulement l’antisémitisme.

Dominique Natanson a 67 ans, il est retraité de l’Éducation nationale. Il était professeur d’histoire au collège de Cuffies, puis au lycée Nerval, à Soissons.

Il est porte-parole de l’Union juive française pour la paix II est aussi adhérent CGT et carte NPA. Il vient régulièrement en aide aux migrants et demandeurs d’asile.

Plusieurs membres de sa famille ont été déportés II continue d’interve¬rtir dans les établissements scolaires pour lutter contre le racisme. Il anime un site internet sur la Shoah et a écrit des livres sur la question.

Dominique Natanson, vous êtes le porte-parole de l’Union juive française pour la paix Que pensez- vous de l’intervention d’Emmanuel Macron au Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). mercredi soir ?

Nous sommes une organisation juive laïque dont l’objet est de défendre la paix en Palestine et de lutter contre toutes les formes du racisme. Nous sommes contre la formule « contre le racisme et l’antisémitisme ». qui laisserait à penser qu’il y aurait une hiérarchie dans le racisme. L’énergie de Macron à lutter contre l’antisémitisme. je la comprends, mais pourquoi ne manifeste-t-il pas pour toutes les autres manifestations du racisme, la négrophobie, l’islamophobie, etc. ? J’ai le sentiment qu’il y a deux poids deux mesures. Et ce sentiment ne fait pas du bien aux juifs car c’est aussi ce que veulent les antisémites : mettre les juifs à part.

Vous pensez que ces événements sont instrumentalisés par le pouvoir ?

Oui, il y a selon moi trois instrumentalisations. Celle qui vise à discréditer l’ensemble des Gilets jaunes, que je soutiens par ailleurs. Il est intolérable de se débarrasser de la question sociale grâce aux juifs. Ensuite, le gouvernement utilise la question pour empêcher toute critique contre Israël. Enfin, dernière instrumentalisation : désigner les musulmans comme responsables. L’accusation d’antisémitisme portée à l’égard des jeunes des quartiers est une situation infamante pour eux.

Il n’y a pas d’antisémitisme dans les quartiers ?

On parle de l’antisémitisme des banlieues. Mais c’est un antisémitisme d’extrême droite repris par Soral. Cela concerne une petite frange de la population. Je peux vous dire que parmi les musulmans que je connais, aucun n’est séduit par l’antisémitisme. D’ailleurs, les populations les plus rejetées dans notre société ne sont pas les Juifs, mais les Arabes et les Roms. Il faut voir aussi comment sont traités les migrants. Il faut se souvenir que nous, Juifs, sommes venus de Pologne et de Roumanie, nous avons franchi les frontières clandestinement pour entrer en France.
Pour vous, on n’assiste pas à une résurgence de l’antisémitisme ?
Dans toutes les périodes de crise sociale. les formes de racisme sont exacerbées. Si on regarde les chiffres d’actes antisémites, on n’assiste pas à une courbe montante régulière, ça baisse puis ça monte. L’antisémitisme n’est pas le racisme le plus répandu.

‘CONTRE LE SIONISME. PAS CONTRE LES SIONISTES”

Vous êtes juif et vous vous qualifiez d’antisioniste. qu’est ce que ce terme revêt exactement ?

Le sionisme est une idéologie née au XIX’ siècle qui intègre le colonialisme et le nationalisme avec le projet de créer un état israélien. Au départ, le projet visait l’Ouganda, ce qui prouve la visée colonialiste. Aujourd’hui. le système d’occupation en Cisjordanie est un système que je compare à l’Apartheid, avec des populations séparées et privées de leurs droits et où l’on continue de construire. Je suis contre le sionisme, pas contre les sionistes, je fais une différence entre ceux qui ont un attachement à Israël et ceux qui soutiennent le projet.

Emmanuel Macron a fait un pas en intégrant l’antisionisme à l’antisémitisme. Qu’en pensez-vous ?

Je ne suis pas sûr qu’il ait l’Intention de créer une police de la pensée. Aucune loi ne pourra jamais interdire une critique de nature exclusive d’Israël. La Shoah, pourvu que ça n’arrive plus jamais et pour personne. Il ne faut jamais être du coté des bourreaux. quels qu’ils soient, v compris lorsqu’ils sont Israéliens.