BDS France et la campagne MACBI (BDS Maroc) ont alerté les créateurs artistiques, en France et au Maroc, sur la signification que prend leur participation à des événements organisés sous la houlette des institutions officielles israéliennes. Ainsi du festival international du film documentaire DocAviv qui se tient cette semaine à Tel Aviv. Certains internationaux ont d’ailleurs retiré leurs œuvres ou se sont retirés du jury de ce festival 1.
Dans le contexte politique du moment, alors que les États-Unis et Israël viennent d’obtenir la normalisation des relations entre Israël et les Émirats Arabes Unis, et s’activent pour l’obtenir avec d’autres États, alors que des chancelleries occidentales annoncent les ouvertures prochaines de leurs ambassades à Jérusalem, participer à DocAviv comme cinéaste français ou marocain, européen ou arabe, relève d’un acte politique et non d’un geste artistique.
Il s’agit bien de conforter l’Apartheid sioniste et de participer à la tentative d’entériner l’effacement de la Palestine et des Palestiniens, de la vie politique, de la terre, des consciences …
Le cinéaste franco-marocain Kamal Hachkar, professeur d’histoire de surcroît, et récidiviste en matière de normalisation (avec un premier film Tineghir-Jérusalem concourant au Festival d’Ashdod en 2012), présente un second film à DocAviv le 12 Septembre, « Dans tes yeux je vois mon pays ».
Il traite dans ces films d’une coexistence béate et dénuée de tout contexte entre juifs et musulmans marocains : les juifs marocains sont ils allés sur la lune ou en Palestine ? N’ont ils pas été manipulés par le sionisme, placés d’autorité sur les zones frontalières en boucliers humains contre les armées arabes, main d’œuvre docile et bon marché chargée de remplacer les Palestiniens, chair à canon dans les guerres contre les voisins arabes, matériau humain transplanté pour coloniser la Palestine ? De tout cela il n’est jamais question bien sûr. La Palestine est soigneusement effacée d’un sujet qui la concerne pourtant au premier titre.
La liste est longue et documentée de ce qu’il y aurait à dire autour du beau sujet des relations entre juifs et musulmans dans l’histoire du Maroc. Mais Hachkar a choisi son sujet et son camp : il soutient activement le sionisme contre la Palestine, et court toujours en précurseur, en avant de la normalisation arabe que le Maroc vient pourtant de refuser officiellement.
DocAviv se tient à 90 km de Gaza (2 millions d’habitants) autour duquel se resserre jour après jour, mois après mois, année après année, un siège qui dure depuis 2007 où la quantité de nourriture qu’il est permis d’y faire rentrer est mesurée à l’aune de la seule survie, où l’électricité est rationnée à quelques heures quotidiennes, où l’eau est insalubre, les conditions sanitaires désastreuses, et les bombardements gravement meurtriers.
Le festival se tient à 75 km de Jérusalem, la ville du nettoyage ethnique, dont les habitants palestiniens sont progressivement mais méthodiquement chassés.
Il se tient dans la ville de Tel-Aviv bâtie sur une terre où existaient 5 villages palestiniens maintenant disparus, suite à la Nakba de 1948 et aux massacres qui allaient avec.
Ce festival se tient dans un pays dont l’Etat est maintenant régi depuis plus d’un an par une loi qui a officialisé l’apartheid à l’encontre de ses habitants historiques…
Heureusement, Hachkar ne fait pas école. L’année dernière, le cinéaste marocain Nadir Bouhmouch, invité à DocAviv pour son film Amussu, « un film sur la résistance, sur le combat d’une communauté pour l’eau, la terre et la dignité », dit-il. Il a décliné l’invitation en expliquant qu’en tant qu’artiste, il ne se rendrait pas complice des crimes contre les Palestiniens, et qu’il est partisan du BDS et signataire de l’appel du MACBI au Boycott culturel de l’état d’Israël. Évoquant que, dans les conditions actuelles, les Palestiniens ne verraient pas son film, il conclut :
« Je préfère attendre le moment où l’Apartheid s’effondrera, pour que tout le monde puisse avoir accès, ensemble, à la projection, y compris les réfugiés palestiniens, qui continuent à détenir, en plus des clés de leurs maisons, celles des lieux culturels des villes, notamment des salles de cinéma, des lieux d’exposition et des centres culturels qui sont sous occupation et dont vous faites usage. »
Voilà pourquoi nous joignons nos voix à celle du cinéaste Nadir Bouhmouch lorsqu’il en appelle : « à [ses] collègues de la communauté culturelle, en Afrique du Nord et dans le monde, les invitant à refuser toute collaboration avec les institutions sionistes ».
LE FESTIVAL DOCAVIV 2020 À TEL AVIV DE L’APARTHEID ÉBRANLÉ PAR DES ANNULATIONS DANS SA SEMAINE FINALE APRÈS DES APPELS DE BDS
9 septembre 2020, par Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel (PACBI)
Cíntia Gil, Directrice du Sheffield Doc/Fest est l’une des quatre participant·es internationaux/les qui se retirent
Docaviv 2020 – le festival international du film documentaire à Tel Aviv prend fin cette semaine, marqué par des annulations notables de la part de quatre cinéastes et invité·e·s internationaux/les.
Le festival de Tel Aviv de l’apartheid, qui se déroule essentiellement en ligne, a pour partenaires le ministère de la Culture et des Sports du gouvernement israélien d’extrême-droite et la municipalité de Tel Aviv. Il adresse également ses remerciements au ministère israélien des Affaires étrangères pour son soutien.
Parmi celles et ceux qui se retirent du festival, à la suite de demandes privées de la part des soutiens du boycott culturel d’Israël, figurent Cíntia Gil, directrice de Sheffield Doc/Fest, et la cinéaste danoise Eva Marie Rødbro, dont le long-métrage documentaire I Love You I Miss You I Hope I See You Before I Die a été retiré de la sélection Depth of Field (Profondeur de champ) de Docaviv.
Gil, également membre du Conseil d’administration d’Apordoc, association portugaise du film documentaire, et ancienne directrice de Doclisboa, a confirmé au Comité de Solidariedade com a Palestina qu’elle s’était retirée en tant que jurée du festival Docaviv.
Elle l’a fait à la suite de demandes privées du Comité et de l’organisation antiraciste SOS Racismo Portugal, se référant à l’appel de réalisateurs palestiniens et de secteurs plus larges de la société civile en vue du boycott d’institutions culturelles israéliennesqui sont complices des violations des droits humains des Palestiniens commises par Israël.
Outre Eva Marie Rødbro, un·e autre cinéaste international·e a retiré son film du programme du festival, et un·e autre invité·e international·e du festival a annulé sa participation, ces deux personnes souhaitant ne pas être nommées pour le moment.
Les quatre cinéastes et invité·es qui se sont retiré·es avaient été contacté·es en privé par des soutiens du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) pour les droits humains des Palestiniens et ont annulé leur participation à la suite de ces demandes.
La Campagne palestinienne pour le boycott universitaire et culturel d’Israël (PACBI) a vérifié chaque annulation auprès de ses partenaires au Danemark, au Portugal et ailleurs. Les quatre participant·es ont été retiré·es du programme de Docaviv.
En 2014, l’acteur et militant Danny Glover a compté parmi les personnes qui condamnaient l’inclusion du film American Revolutionary : the Evolution of Grace Lee Boggs dans l’édition 2014 de Docaviv, écrivant “nous sommes solidaires du peuple de Palestine”. En 2019, le réalisateur marocain Nadir Bouhmouch a refusé d’accepter une invitation à présenter son film à Docaviv.
Alia Malak, de PACBI, a déclaré :
“Nous remercions les cinéastes et invités internationaux qui se sont retirés de Docaviv 2020 en raison de sa complicité dans le blanchiment par l’art du régime brutal d’Israël, d’apartheid, d’occupation et de colonialisme de peuplement, et en solidarité avec le peuple palestinien.
Des milliers d’artistes, y compris de nombreux cinéastes et artistes du cinéma LGBTQ+ , ont apporté leur soutien public – et d’autres encore, en grand nombre, ont été attentifs — au boycott d’institutions culturelles israéliennes complices, conscients de leur devoir éthique de ne pas nuire aux luttes non violentes pour la justice, et refusant de blanchir par l’art les violations du droit international et les crimes de guerre commis par Israël.
Docaviv n’a jamais pris position en faveur des droits inaliénables du peuple palestinien, reconnus par le droit international. Il ne s’est même pas exprimé quand des avions de chasse israéliens ont bombardé et détruit délibérément le centre culturel Said al Mishal à Gaza, y compris son cinéma destiné aux enfants.
Malgré les efforts déployés par la prétendue “Creative Community for Peace” – une façade abondamment financée et à peine camouflée du gouvernement israélien d’extrême-droite et de son lobby – le soutien au mouvement pacifique BDS continue à croître parmi les artistes et différents groupes et milieux dans le monde entier. Nous exhortons ceux et celles qui travaillent internationalement pour le film et la télévision à les rejoindre.”
PACBI est un membre fondateur du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions pour les droits des Palestiniens.
Traduction SM pour BDS France
Source : BDS Movement