Deux piliers de stabilité dans la société Israélienne

Côté israélien, le fait que la classe politique soit aux abois, discréditée, désavouée, n’est un secret pour personne. On se souvient que le 3 mai dernier, la rue israélienne a crié sa colère. Quelque 150 000 manifestants ont battu le pavé à Tel-Aviv pour réclamer la démission du Premier ministre Ehoud Olmert (Kadima) et du ministre de la Défense Amir Peretz (Parti Travailliste).

C’est le rapport de la commission Winograd qui a rallumé la fièvre antigouvernementale dans l’opinion israélienne, pointant le doigt sur ces deux dirigeants comme principaux responsables de la débâcle dans la guerre contre le Liban l’année dernière. Mais tous les manifestants n’ont pas décrié Olmert et Peretz parce qu’ils ont causé la mort de quelque 1 500 civils libanais et palestiniens. Au contraire, la plupart des protestataires ont manifesté parce que Olmert et Peretz n’ont su ni gagner la guerre, ni éliminer le Hezbollah (principal parti de la résistance libanaise), ni liquider son chef Hassan Nasrallah (la nouvelle bête noire d’Israël depuis la mort de Yasser Arafat). Ce camouflet arrive en sus d’une multitude de scandales politico-financiers impliquant bon nombre de figures gouvernementales, y compris le Premier ministre (nominations politiques abusives, trafic d’influence, abus de confiance, fraude électorale, intervention ministérielle dans un appel d’offres, transactions immobilières frauduleuses et même des cas de harcèlement sexuel et de viol). Voilà ce qui confirme une donnée indéniable en Israël. Dans une société qui donne des signes de décomposition morale, il y a deux éléments qui constituent des piliers de stabilité, de par leur pérennité et leur omniprésence : l’armée et la corruption.