Justement, ces deux bateaux ont levé l’ancre à Chypre le 5 août et sont actuellement dans les eaux internationales en route vers la côte palestinienne, avec des internationalistes de 17 nationalités et de cinq religions différentes à bord. Parmi eux il y a une femme de 83 ans, survivante de la Shoah, ainsi que notre ami israélien Jeff Halper, nominé pour le prix Nobel de la Paix en 2006. Jeff est coordinateur de l’ICAHD (Comité israélien contre la démolition de maisons palestiniennes). Sa participation à ce convoi humanitaire risque de lui valoir une peine de prison à son retour en Israël, qui se targue d’être la « seule démocratie au Moyen-Orient ». Les organisateurs espèrent que la marine israélienne « ne jugera pas utile d’attaquer un groupe de civils inoffensifs » dont le geste a pour objectif d’ouvrir la porte à une vie plus normale pour la population civile de Gaza.
Quelques jours avant le départ des bateaux, Jeff Halper a écrit un article dans lequel il explique sa participation. On peut y lire notamment:
Notre voyage met également en lumière les tentatives d’Israël de s’absoudre de toute responsabilité quant à ce qui se passe à Gaza. Israël prétend qu’il n’y a pas d’occupation ou que l’occupation a pris fin lors du ‘désengagement’, ce qui est totalement faux. L’occupation est définie par le droit international comme reposant sur le contrôle total d’un territoire. Si Israël intercepte nos bateaux, il sera clair qu’il est bien une puissance occupante exerçant le contrôle effectif de Gaza. Le siège n’a non plus rien à voir avec des questions de ‘sécurité’. A l’instar de ce qui constitue l’occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, où Israël assiège des villes, villages et des zones entières, le siège de Gaza est avant tout politique. Il a pour objectif d’isoler le gouvernement palestinien démocratiquement élu, et de briser sa capacité de résistance face aux tentatives israéliennes d’imposer un régime d’apartheid sur tout le pays. C’est pourquoi un Juif israélien comme moi se sent obligé de faire partie de ce voyage pour briser ce siège. (…) Contrairement à ce que nos politiciens nous disent, ils (les Palestiniens, NDLR) ne sont pas nos ennemis mais plutôt un peuple voulant bénéficier de l’autodétermination — comme nous-mêmes auparavant —, je ne peux rester sur le bord du chemin. Je ne peux plus assister passivement à la destruction d’un autre peuple opérée par mon gouvernement, pas plus que je ne peux contempler la façon dont l’occupation détruit la structure morale de mon propre pays. Rester passif, ce serait violer mon engagement en matière de droits humains, qui constituent le fondement de la religion prophétique juive comme de sa culture et sa morale, et sans lesquels Israël n’est plus juif mais devient une Sparte vide quoique puissante.
Pour lire ce très beau texte au complet, voir « Briser le siège : un Israélien à Gaza ».
Nos remerciements à Claire Pâque, membre de l’UJFP, pour la traduction.
Par ailleurs, les organisateurs se sont lourdement endettés pour financer cette opération (ils ont dû acheter les bateaux de leurs propres deniers !). Ils appellent à la solidarité pour aider à couvrir les frais engagés. L’UJFP a versé une contribution et recueille les dons de ses membres et sympathisants qui veulent bien contribuer à cet effort. Ainsi, vous pouvez libeller vos chèques à l’UJFP, avec la mention « Bateaux pour Gaza » à l’endos, et l’envoyer à l’UJFP, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris.