Des origines au triomphe électoral de la droite en 2009 :

le sionisme a gommé les différences idéologiques

Si le sionisme naît à la fin du XIXe siècle, une importante scission se
produit en son sein il y a environ 80 ans. Un nouveau courant qui
s’intitule lui-même « révisionniste » apparaît. Son principal animateur
se nomme Vladimir (Ze’ev) Jabotinsky.

Le « transfert » : un vieux projet.

Jusque-là, les immigrants sionistes installés en Palestine sous mandat
britannique, avaient tendance (comme la plupart des colonialistes) à
ignorer l’existence même du peuple autochtone. Israël Zangwill avait
proféré le mensonge fondateur en affirmant qu’il fallait trouver « une
terre sans peuple pour un peuple sans terre » et que cette terre serait
la Palestine. David Ben Gourion avait bien remarqué que le pays était
peuplé. Il pensait (à juste titre) que ces « fellahs » étaient les
descendants des Hébreux. Mais, feignant d’ignorer la réalité coloniale,
il imaginait que ces « fellahs » s’intègreraient au projet sioniste. La
révolte palestinienne de 1929 (à Hébron) et surtout l’insurrection de
1936 allaient démentir ces rêves.
Dès lors pour Jabotinsky (admirateur du fascisme italien) et ses
disciples, la voie à suivre est claire. Puisqu’il est entendu que les
Palestiniens sont valeureux et prêts à résister avec détermination, il
faut les expulser au-delà du Jourdain.
Dès la fin des années 30, le terrorisme de la droite sioniste se
développe, s’en prenant aussi bien aux Palestiniens qu’aux
Britanniques. Pour la majorité sioniste qui se revendique du
socialisme, cette droite est infréquentable et ces « socialistes »
n’hésitent pas à la qualifier de raciste et de terroriste, voire de
fasciste.
Pourtant, dès le départ, « gauche » et droite sionistes sont d’accord
sur l’essentiel : privilégier à tout prix la construction du futur Etat
Juif au détriment de toute autre considération.

Deux démarches complémentaires.

En 1933, les Juifs Américains décrètent un blocus économique contre
l’Allemagne où Hitler vient de devenir chancelier. Ben Gourion s’y
oppose et le commerce entre le Yichouv (communauté juive en Palestine
avant la création de l’Etat d’Israël) et l’Allemagne nazie se
poursuivra.
À droite, le groupe Stern s’est lancé dans une guerre totale contre les
Palestiniens et les Britanniques. Sa faction la plus dure dirigée par
le futur Premier Ministre Itzhak Shamir assassinera des soldats
britanniques et prendra des contacts avec le régime hitlérien alors que
le génocide nazi bat son plein. Ce même groupe assassinera le comte
Bernadotte pendant la guerre de 1948 pour bien signifier que le nouvel
Etat d’Israël ne respectera pas le droit international.
Avec l’ouverture des archives, les historiens israéliens ont confirmé
ce que les Palestiniens disaient depuis longtemps. La « Naqba »
(catastrophe), c’est-à-dire l’expulsion de 800000 Palestiniens de leur
propre pays était préméditée et elle avait largement commencé au moment
de l’entrée en guerre des pays arabes voisins en mai 1948. Les groupes
terroristes d’extrême droite et l’armée régulière dirigée par la
« gauche sioniste » (la Haganah, le Palmach) ont joué des rôles
complémentaires. Ainsi à Deir Yassine, c’est un groupe terroriste,
l’Irgoun, dirigé par le futur Premier Ministre Menahem Begin qui
massacre la population, mais c’est l’armée régulière qui occupe le
village. Deir Yassine n’existe plus, c’est devenu le quartier de Giv’at
Shaul et le tunnel routier qui passe en dessous porte le nom de
l’assassin : Menahem Begin.

Les responsabilités de la « gauche sioniste ».

« Gauche » et sionisme, c’est un oxymore. Si la droite sioniste a
toujours revendiqué la nécessité du nettoyage ethnique (certains
regrettent aujourd’hui qu’on n’ait pas terminé la guerre de 48 et qu’il
reste des « Arabes » en Israël), la gauche l’a pratiqué sans vergogne.
En fait la « gauche » sioniste est compromise dans tous les crimes
commis contre le peuple palestinien.
En 1948, la « gauche » est au pouvoir pendant la guerre. Non seulement,
elle planifie l’expulsion, mais elle confisque les terres des expulsés
et s’oppose à tout retour des réfugiés palestiniens dès la signature de
l’armistice. L’idée du pays « de gauche » aidé par l’URSS avec des
kibboutz et des pionniers défrichant leur pays pour en faire un jardin,
est fausse au départ : ce pays est né d’un nettoyage ethnique.
En 1956, la « gauche » est au pouvoir quand l’armée israélienne, alliée
aux impérialistes français et anglais, conquiert le Sinaï.
La même année, 49 Palestiniens d’Israël sont massacrés à Kafr Kassem.
Ils protestaient contre le vol de leurs terres.
En 1967, on sait maintenant que la crise autour du détroit de Tiran
était un prétexte. La conquête était préméditée et dès l’été 1967, la
colonisation est décidée. C’est un ministre « de gauche » Yigal Allon,
chef d’un petit parti « socialiste » (l’Ahdut Ha’avoda) qui organise la
colonisation de la Cisjordanie. Comme il n’a pas le personnel politique
pour coloniser, il va rencontrer le seul courant religieux sioniste,
celui des disciples du rabbin Kook. Il leur offre des millions de
shekels pour qu’ils partent coloniser. Aujourd’hui, ce courant
national-religieux, soutenu au départ à bout de bras par la « gauche »,
représente 1/4 de la société israélienne et une bonne partie des 500000
Israéliens installés dans les territoires conquis en 1967 s’en réclame.
Bien sûr, l’arrivée au pouvoir des disciples de Jabotinsky en 1977,
avec la déroute électorale de la « gauche » face à Begin, ressemble à
un tournant historique. C’en est un surtout parce que, pour la première
fois, l’électorat séfarade sanctionne les fondateurs de l’Etat d’Israël
tout en faisant le jeu de la droite raciste.
En 1987, Yitzhak Rabin est ministre de la défense quand la première
Intifada est réprimée avec une très grande brutalité.
En 1993, cette même « gauche » semble avoir accepté l’idée de « la paix
contre les territoires » en signant les accords d’Oslo. Pendant les
quelques mois qui séparent ces accords de l’assassinat de Rabin, 60000
nouveaux colons sont installés. Pourquoi ?
L’épisode de Shimon Pérès au pouvoir avant sa défaite face à Benjamin
Nétanyahou est une succession de crimes destinés à relancer la guerre :
massacre du village de Cana au Liban, assassinat à Gaza de Yahia
Ayache, « artificier » du Hamas (d’après Pérès) en pleine période de
trêve (1996).
À partir de cette période, la « gauche » sioniste participe à de
nombreux gouvernements de coalition. C’est un ministre « de gauche »
(Fouad Ben-Eliezer) qui est à l’origine du mur qui balafre la
Cisjordanie (appelé clôture de séparation en novlangue). C’est un
ministre travailliste réputé sensible aux questions sociales (Amir
Péretz) qui, en tant que ministre de la défense, organise l’attaque
contre le Liban en 2006. Et c’est un autre ministre « de gauche », Ehud
Barak qui commande le carnage qui vient d’être commis à Gaza.
Il y a tellement peu de différence entre « gauche » et droite sionistes
que, quand Ariel Sharon (un pur disciple de Jabotinsky), plus
clairvoyant que ses anciens compagnons, décide d’évacuer Gaza (pour
mieux pouvoir détruire cette région), une partie des travaillistes
(avec Shimon Pérès à leur tête) le rejoint dans le parti Kadima.

À l’origine du consensus

Juste avant d’attaquer à Gaza, Tzipi Livni a consulté l’ensemble des
partis sionistes et tous ont donné leur accord, y compris le Meretz
dont plusieurs dirigeants étaient à l’origine des accords d’Oslo.
L’ancien mouvement de masse Shalom Arshav (La Paix Maintenant) est
devenu un appendice du parti travailliste. Les grands écrivains
considérés comme des consciences morales (Amos Oz, Avraham Yehoshua,
David Grossman) ont approuvé l’agression contre Gaza après avoir
approuvé celle contre le Liban deux ans auparavant.
Michel Warschawski a toujours considéré que la minorité
anticolonialiste en Israël est une petite roue. En 1982, cette petite
roue en avait entraîné une grande et des centaines de milliers de
manifestants avaient dénoncé l’invasion du Liban et les tueries de
Sabra et Chatila. C’est fini. Les manifestations contre le carnage à
Gaza (en dehors de celles organisées par les Palestiniens d’Israël),
n’ont rassemblé que 10000 participants. La frontière ne passe pas en
Israël entre « gauche » et droite. Elle sépare les sionistes des non
sionistes ou des antisionistes.
Le « complexe de Massada » a réussi à convaincre la majorité de la
population israélienne qu’elle est en danger, qu’on veut la détruire,
que les victimes, ce sont les Juifs, qu’il n’y a pas de partenaires
pour la paix et que les Palestiniens poursuivent le projet
d’anéantissement nazi. Le Hezbollah et le Hamas ont été habilement
érigés en épouvantails infréquentables. Puisque l’ennemi est
monstrueux, le permis de tuer existe et il n’y a pas de question à se
poser. Le discours des fanatiques religieux (« les Palestiniens sont
des Amalécites, la Torah dit qu’il est permis de les tuer ainsi que
leurs femmes, leurs enfants, leurs troupeaux ») est devenu le discours
dominant. D’ailleurs le rabbinat militaire a officialisé ce discours
raciste et intégriste en excusant à l’avance tous les crimes de guerre
commis à Gaza. Les barrières morales se sont écroulées.

Les électeurs ont préféré l’original à la copie.

Les dernières élections en Israël, c’est un peu comme si l’OAS avait
gagné la guerre d’Algérie et que des élections françaises se jouent
entre Philippe de Villiers, Bruno Mégret et Jean-Marie Le Pen.
Sans doute l’ancien gouvernement Livni-Barak avait des arrière-pensées
électorales en attaquant Gaza et s’imaginait y gagner des voix. Il est
symptomatique de voir que les trois partis qui sont arrivés en tête aux
dernières élections israéliennes sont trois « héritiers » différents de
Jabotinsky.
Celui qui apparaît le plus infréquentable a été videur dans une boîte
de nuit en Moldavie. Avigdor Lieberman, comme un certain politicien
célèbre en France, a la réputation de dire tout haut ce qu’une bonne
partie de l’opinion publique israélienne pense tout bas. Il a proposé,
il y a quelques années, qu’on lance une bombe atomique sur Téhéran ou
qu’on bombarde le barrage d’Assouan. Ce « diplomate » un peu
particulier est aujourd’hui ministre des affaires étrangères. Son
succès électoral est venu d’une idée plus que centenaire, celle qui a
été à la base de tous les nationalismes meurtriers : un état
ethniquement pur. Il propose sans rire que le million et demi de
Palestiniens d’Israël prêtent allégeance au dieu sionisme, et qu’en cas
de refus, ils soient déchus de leur nationalité et expulsés. Il ne se
dit pas opposé à un Etat Palestinien du moment qu’Israël garde
l’essentiel, à savoir les colonies. Si son succès était prévisible dans
l’électorat russophone, son discours sécuritaire (qui a failli aboutir
à l’interdiction des partis politiques des Palestiniens d’Israël) lui a
permis d’énormes progrès, dans les colonies ou à Sdérot. Il est cocasse
d’entendre les médias français se demander si son arrivée au ministère
ne va pas « mettre un coup d’arrêt au processus de paix ». Quel arrêt ?
Quel processus ? Quelle paix ?
L’héritier « légitime » de Jabotinsky, Bégin et Shamir, c’est
Nétanyahou. Il n’a pas varié, il est toujours hostile à tout Etat
Palestinien. Face à la question démographique (5 millions et demi de
Juifs et 5 millions de Palestiniens entre Méditerranée et Jourdain), sa
stratégie, c’est le Grand Israël et l’Apartheid : confiner les
Palestiniens dans des zones de plus en plus restreintes, les pousser à
partir, installer 300000 nouveaux colons. N’ayant rien à proposer aux
Palestiniens, même pas quelque chose qui pourrait remettre en selle
l’Autorité Palestinienne, il fait diversion en proposant une attaque
« préventive » contre l’Iran. Cette idée est populaire en Israël où
l’on a toujours préféré noyer la question palestinienne dans un univers
plus grand : celui du choc des civilisations et de la guerre du bien
contre le mal.
Héritière de Jabotinsky et de Sharon, qualifiée de « centriste » par
les médias, Tzipi Livni (ancienne du Mossad où elle a organisé des
attentats contre des Palestiniens) est à l’origine du carnage à Gaza.
Sans doute, Barack Obama aurait préféré qu’elle gagne les élections
pour maintenir la fiction de négociations possibles. Les Etats-Unis
essaieront sûrement de la ramener au pouvoir d’ici quelque temps. Le
parti Kadima ne se dit pas hostile à un Etat Palestinien à condition
qu’Israël garde Jérusalem Est, Maale Adoumim, Ariel, les blocs de
colonies, la vallée du Jourdain … Bref, il y aurait des bantoustans
éclatés, non viables reliés par des tunnels et on appellerait cela
l’Etat Palestinien.

Une classe politique nulle

Et les autres partis ? L’empressement d’Ehud Barak à rallier le parti
travailliste à l’extrême droite n’a rien de surprenant. Rien ne les
oppose sur le fond. C’est Barak qui a imposé l’idée qu’il n’y a pas de
partenaire de la paix et qu’il n’y a aucune alternative à l’écrasement
du Hezbollah ou du Hamas. C’est Barak qui a convaincu les hésitants à
l’idée d’une guerre sans fin. Son alliance rappelle les pires moments
de la guerre d’Algérie quand les « socialistes » Guy Mollet, Robert
Lacoste, Max Lejeune faisaient cause commune avec les militaires
« pacificateurs » (les généraux Massu et Bigeard), les adeptes de la
torture ou les futurs dirigeants de l’OAS. Le parti socialiste français
a mis 20 ans à s’en remettre. Laminé aux dernières élections, le parti
travailliste israélien risque de subir le même sort.
À sa gauche, le Meretz est dans l’impasse. Prisonnier du sionisme, il a
échoué dans l’idée d’un « sionisme à visage humain » qui accepterait
grosso modo un retrait sur les frontières d’avant 1967. De toute façon,
cette frontière internationalement reconnue (la ligne verte) n’existe
plus. Elle ne figure sur aucune carte israélienne. L’annexion n’est
plus rampante, tout a été fait pour la rendre définitive. L’autoroute
Tel-Aviv-Jérusalem traverse les territoires occupés à Latrun. De
gigantesques entreprises s’installent en Cisjordanie occupée. Les
ruines d’Hérodion ou de Qumran (Cisjordanie) sont devenues des parcs
nationaux israéliens, la plus grande partie de Jérusalem Est a été
transformée en banlieue résidentielle. Les routes de contournement ont
redessiné la carte de la Cisjordanie. Pour que la solution de « deux
peuples, deux Etats » sur la base de la ligne verte existe, il faudrait
que les 500000 colons partent ou acceptent de devenir citoyens
palestiniens. L’un comme l’autre sont devenus plutôt irréalistes. Faute
d’avoir posé les questions essentielles (le colonialisme, l’égalité des
droits), le Meretz n’a plus rien à proposer.
Du côté des religieux, ceux qui ont conservé méfiance ou aversion
vis-à-vis du sionisme (comme le groupe Nétouré Karta) sont aujourd’hui
très minoritaires. Ce qui a le vent en poupe repose sur une synthèse
entre messianisme fanatique (« Dieu a donné cette terre au peuple
juif »), nationalisme guerrier et racisme. Ainsi, le chef spirituel du
Shass (parti séfarade religieux ayant 11 députés), le rabbin Ovadia
Yossef, a pu déclarer que les Palestiniens étaient tous des serpents et
que la Shoah était une punition divine contre les Juifs qui s’étaient
mal conduits. Le franco-palestinien Salah Hamouri est en prison pour
être soupçonné (sans preuves) d’avoir eu des intentions hostiles contre
ce chef « spirituel » d’une autre époque. Les partis religieux rivaux
ne valent pas mieux.
Ce qui unifie la classe politique israélienne, c’est la corruption.
Sharon et ses fils ont eu affaire à la justice. Ehud Olmert aussi,
mouillé dans des affaires de permis de construire monnayés quand il
était maire de Jérusalem, a dû démissionner. Nétanyahou lui-même a
connu des moments d’éclipse. Lieberman est aujourd’hui poursuivi pour
des détournements sur le financement des partis qui pourraient lui
coûter son poste. Il y a deux ans, une membre de son parti, Esterina
Tartman, a menti effrontément sur ses diplômes pour pouvoir devenir
ministre des sciences (à la place d’un « Arabe » pressenti à ce poste).
Elle a été poussée à la démission quand la vérité est apparue.
Au moment du déclenchement de la guerre du Liban, le général en chef de
l’armée Dan Halutz avait fait un délit d’initié en vendant toutes ses
actions et en précipitant la chute (de 8%) de la Bourse de Tel-Aviv.
Quand les dirigeants israéliens ne sont pas poursuivis pour
détournements, ils le sont pour délits sexuels comme l’ancien président
Moshé Katzav, accusé de harcèlement sexuel et de tentative de viol.
Il n’y a rien à attendre de cette classe politique où le fric et
l’individualisme sont devenus les valeurs dominantes. Il est peu
probable que sorte de cette classe quelqu’un comme le Sud-Africain De
Klerk, capable de négocier un compromis historique et de se projeter
dans l’avenir. Rabin a payé de sa vie le fait d’avoir paru l’être.

Quel espoir ?

Les Palestiniens ont retenu de leur histoire tragique qu’il faut
résister, ne plus partir. On en est à la 4ème génération depuis la
Naqba. Le rêve fou des sionistes, que les Palestiniens disparaissent en
se fondant dans le monde arabe environnant ou qu’ils ne soient plus (à
l’image des Amérindiens aux Etats-Unis ou des Aborigènes d’Australie)
en situation de réclamer leurs droits n’est pas possible.
En même temps, aucune paix juste ne sera possible tant que le projet
sioniste sera à l’œuvre parce que ce projet a toujours reposé et repose
sur la négation de la Palestine.
Alors ? Peu avant le carnage à Gaza, les élections municipales de
Tel-Aviv avaient donné un résultat surprenant. La principale liste
d’opposition était dirigée par un jeune membre du Hadash (le parti
communiste) qui était refuznik (= objecteur de conscience) et
antisioniste. Il y avait des Palestiniens de Jaffa sur cette liste qui
a obtenu 36% des voix. Il semble que les jeunes aient massivement voté
pour un refuznik (c’est un indice). Mais le score obtenu montre une
aspiration à vivre « normalement » sans une guerre tous les deux ans,
sans une mobilisation permanente, sans cette fuite en avant criminelle
et suicidaire. Tout Israélien qui réfléchit sait que la politique
actuelle de destruction de la Palestine et de crimes répétés ne peut
pas durer indéfiniment sans des conséquences très graves pour les
Israéliens.
Si la société israélienne prenait le temps de se retourner, elle aurait
le temps de voir ses vrais problèmes : la violence, l’ultralibéralisme,
l’effacement des identités, le militarisme, la segmentation, la perte
des repères et des valeurs.
Le dépassement du sionisme suppose de répondre à ces défis. Mais pour
quand ? Le temps passe, les crimes s’accumulent. Ce changement
indispensable et cette rupture du « front intérieur » urgent.

Pierre Stambul
(Bureau National de l’Ujfp)