Chers participants à l’Eurovision,
Nous sommes israéliens, musiciens, cinéastes, et auteurs. Nombre d’entre nous ont signé une lettre de soutien à l’appel palestinien pour que le concours de l’Eurovision ait lieu ailleurs qu’à Tel Aviv.
Voici pourquoi.
Nous, en tant qu’Israéliens juifs qui aspirons à vivre dans une société pacifique, démocratique, reconnaissons qu’il n’y a pas moyen d’y arriver sans mettre fin à l’oppression exercée par notre gouvernement sur des millions de Palestiniens. Une société ne peut être considérée démocratique si elle maintient un régime militaire sur des millions de gens, leur déniant les droits fondamentaux, dont le droit de vote. Que signifie la démocratie lorsque un cinquième des citoyens israéliens, des Arabes palestiniens, se voient refusés leurs droits par la loi ?
Nos jeunes hommes et femmes sont obligés de servir dans l’armée d’occupation israélienne, participant ainsi à la perpétuation de toutes sortes de crimes contre les Palestiniens, notamment en maintenant un siège illégal sur Gaza.
« Nous vivrons pour toujours par le glaive » a promis notre fanatique premier ministre Benjamin Netanyahou. Eh bien nous ne souhaitons pas vivre toujours par le glaive ! Nous voulons vivre des vies normales, pacifiques, sans opprimer ou soumettre qui que ce soit. Nous ne voulons pas que nos enfants rejoignent une armée que la plupart des gens dans le monde accusent de commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
À Tel Aviv même, Israël déplace les Palestiniens indigènes de Jaffa en usant de moyens économiques et légaux, en expulsant des familles, en démolissant des maisons et en négligeant des quartiers entiers qu’il prive de ressources.
Vous devez vous produire au centre des expositions de Tel Aviv, sur les ruines du village palestinien de al-Shaykh Muwannis dont les habitants ont été déplacés de force et n’ont jamais eu le droit de revenir.
Nous avons longuement réfléchi à la programmation de vos performances. D’un côté, il serait vraiment merveilleux d’entendre vos musiques et vos messages d’inclusivité. D’un autre côté, ces messages seront transmis depuis Tel Aviv, qu’Israël utilise comme un outil de relations publiques, pour distraire de son occupation militaire, de sa politique d’apartheid, et du nettoyage ethnique du peuple palestinien indigène. Ce serait une parfaite diversion.
Nous, en tant qu’artistes, ne pouvons rester silencieux tandis que nos homologues palestiniens souffrent en silence de déshumanisation et de violence et nous vous demandons de vous joindre à nous en vous exprimant publiquement. Des artistes palestiniens vous ont exhorté à vous retirer de l’Eurovision et nous nous joignons à leur appel pour leur bien et pour notre propre avenir.
Sincèrement,
Aviad Albert, musician
Shlomit Altman, artist
Meira Asher, sound artist
Kerem Blumberg, filmmaker
Dror Dayan, filmaker
Anat Even, filmmaker
Ohal Grietzer, musician
Nir Harel, artist
Avi Hershkovitz, film director
Liad Hussein Kantorowicz, performance artist
Noki Katan, DJ
Jonathan Ofir, conductor and violinist.
Hagar Ophir, installation and performance artist
David Oppenheim, artist, musician
Michal Peleg, writer
Nira Pereg, artist
Timna Peretz, filmmaker
Sigal Primor, artist
Danielle Ravitzki, musician, visual artist
Ben Ronen, visual artist
Michal Sapir, musician, writer
Anka Schneidermann, artist
Yonatan Shapira, musician
Eyal Sivan, documentary filmmaker
Eran Torbiner, documentary filmmaker
Eyal Vexler, art and cultural producer and curator
Oriana Weich, artist
Traduction SF pour l’UJFP