Derrière les dissolutions, la haine

Avec le Décret du 21 novembre 1940, les fascistes du régime de Vichy ont dissout la quasi totalité des organisations juives. Les premières à en pâtir étaient les associations de lutte contre l’antisémitisme et celles qui s’occupaient de charité communautaire. Les antisémites avaient en horreur que l’objet de leur haine témoigne de sa capacité à s’organiser politiquement et à faire vivre des liens de solidarité.

En 2020, les seconds couteaux de la Macronie instrumentalisent l’assassinat de Samuel Paty et menacent de dissoudre des organisations musulmanes. Ce n’est pas un hasard si le CCIF et BarakaCity sont les premières visées. Là aussi, leur dégoût d’une autonomie politique – cette fois-ci musulmane – se mêle à une crainte diffuse d’une charité communautaire qu’ils ne contrôlent pas.

Loin de moi l’idée de placer des régimes aussi différents que Vichy et le pouvoir macronien sur un pied d’égalité, mais il est utile de mettre en exergue des ressorts racistes partagés, ceux-là mêmes qui ont conduit à la dissolution des organisations juives et qui conduiront peut-être à la dissolution de certaines organisations musulmanes. Ces ressorts s’appuient sur une peur panique motivée par la haine d’une communauté que l’on juge toute puissante et que l’on cherche à maîtriser tout en sentant qu’elle nous échappe.

Une solidarité pleine et entière, sans concession ni discussion, avec le CCIF et BarakaCity devrait être la moindre des choses, à moins de considérer que leur islamité en fait des coupables par essence.