De Tunis à Paris, combattre le racisme, accueillir les migrant⸱e⸱s

Les informations qui nous parviennent de Tunisie sont terrifiantes. Les migrant⸱e⸱s subsaharien⸱ne⸱s y font l’objet d’une violence raciste décomplexée. Harcelé⸱e⸱s par une partie de la population encouragée par les autorités, raflé⸱e⸱s par les agents de l’État, ils et elles sont jeté⸱e⸱s dans le désert, abandonné⸱e⸱s à une mort presque certaine. Le discours présidentiel traîne dans la boue les associations solidaires des migrant⸱e⸱s. Les voix qui combattent le racisme sont réprimées — comme Saadia Mosbah, présidente d’une association de lutte contre les discriminations raciales, qui a été arrêtée. Les avocat⸱e⸱s qui défendent les droits des migrant⸱e⸱s sont poursuivi⸱e⸱s, à l’instar de Sonia Dahmani, enlevée par des hommes cagoulés au milieu d’une interview télévisée en direct. Les journalistes qui ne sont pas aux ordres sont également incarcérés. 

Rien ne peut atténuer les responsabilités des dirigeant⸱e⸱s tunisien⸱ne⸱s dans cette déferlante négrophobe et autoritaire. Mais les politiques tunisiennes actuelles, comme celles de la Libye hier, sont le résultat direct des politiques européennes. La France et les États européens ont décidé en pleine connaissance de cause de mener une politique meurtrière vis-à-vis des migrant⸱e⸱s. Aux morts provoquées en Méditerranée ou dans la Manche, au harcèlement de celles et ceux qui sont parvenu⸱e⸱s malgré tout à traverser, il faut ajouter la décision d’externaliser les frontières et de sous-traiter la répression en finançant des programmes pour refouler les migrant⸱e⸱s, notamment en Tunisie1. Ces assassinats sont donc les nôtres : nos gouvernements n’en sont pas seulement les complices, ils en sont les commanditaires. La décision récente des autorités britanniques d’expulser vers le Rwanda les migrant⸱e⸱s de toutes origines arrivé⸱e⸱s illégalement au Royaume-Uni pour y évaluer leurs demandes d’asile n’est qu’une illustration particulièrement choquante de ces politiques racistes.

L’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) affirme sa solidarité avec les migrant⸱e⸱s violenté⸱e⸱s par les autorités tunisiennes, avec les journalistes, les militant⸱e⸱s et avocat⸱e⸱s antiracistes en Tunisie. Nous demandons l’arrêt des poursuites à leur encontre et la libération immédiate de Saadia Mosbah, de Sonia Dahmani, et de tou⸱te⸱s les autres prisonniers politiques.
L’UJFP réaffirme sa détermination à combattre le racisme sous toutes ses formes, et en particulier la négrophobie. L’UJFP dénonce les politiques françaises et européennes racistes et meurtrières envers les migrant⸱e⸱s. Nous assurons de notre soutien SOS Méditerranée et les “délinquants solidaires” victimes de la répression comme Cédric Hérou.
L’UJFP appelle à la constitution d’un large front antiraciste et solidaire, pour la liberté de circulation et d’installation.

La Coordination nationale de l’UJFP, le 13 mai 2024


Note-s
  1. Lire à ce sujet : www.infomigrants.net/fr/post/56973/lunion-europeenne-multiplie-les-accords-controverses-en-afrique-pour-lutter-contre-limmigration[]