De l’Afrique du Sud à la Palestine ou la continuité d’un combat contre l’apartheid

« Nous savons très bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens » (Nelson Mandela 1997)

« L’apartheid n’a pas survécu en Afrique du Sud et l’apartheid ne survivra pas en Palestine »( lettre de Marwan Barghouti à Nelson Mandela) .

Nelson Mandela qui vient de nous quitter nous aura donné une leçon de persévérance et d’humanité dans sa lutte pour l’égalité des droits contre le régime d’apartheid que son peuple subissait.

Il y a bien des ressemblances entre le régime sud-africain de l’époque de l’apartheid et celui qui sévit actuellement en Israël-Palestine à l’encontre du peuple palestinien. Pratiquement le même déni des droits humains élémentaires, la même politique de parcage dans de vrais bantoustans que sont devenus les territoires palestiniens occupés et la bande de Gaza ou dans des villes de « développement » à l’intérieur de la ligne verte. Le tribunal Russell sur la Palestine, regroupant des personnalités incontestables comme Stéphane Hessel et Desmond Tutu, dans sa session du Cap a conclu que l’Etat israélien pouvait être accusé du crime d’apartheid. Des leaders sud-africains, en visite en Palestine occupée, ont même déclaré qu’à certains égards, l’apartheid israélien était bien pire que ce qu’ils ont connu.

Pourtant, les mêmes qui encensent maintenant Nelson Mandela sont aussi ceux qui criminalisent les militants qui appellent au BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) alors que ce même boycott du régime sud-africain a contribué à la fin de l’apartheid. C’est une bonne occasion pour Mme Taubira garde des sceaux d’abroger enfin la circulaire Alliot-Marie – demande que Michel Warschawski lui a déjà formulée lors de la remise de son prix des Droits de l’Homme comme président de l’AIC.

Les occidentaux ont insisté sur la capacité de Nelson Mandela à « rassembler son peuple ». Mais les Commissions de réconciliation n’ont pu se tenir et fonctionner qu’après que le gouvernement « blanc » ait aboli l’apartheid. Et Mandela avait refusé catégoriquement de sa prison un pseudo accord qui légitimerait les bantoustans.

Le CRIF qui soutient sans faille la politique israélienne, et les autorités israéliennes elles-mêmes qui ont soutenu à l’époque de l’apartheid le régime sud-africain font preuve d’une belle hypocrisie aussi en versant des larmes de crocodile lors de son décès.

Mais il faut aussi rappeler que des Juifs ont lutté aux cotés des opprimés et des persécutés, contre le racisme et pour la justice et l’égalité des droits, de la Russie tsariste avec le Bund à la France de la Résistance avec les FTP MOI en passant par les Etats-Unis lors du combat pour les droits civiques. Et en Afrique du Sud, beaucoup de Juifs aussi se sont investis dans le combat anti-apartheid.

Aujourd’hui, l’Union Juive Française pour la Paix, en se situant dans la lignée de cette mémoire, se retrouve aux cotés des Rroms, des sans-papiers, contre l’islamophobie ici en France et est naturellement solidaire du peuple Palestinien victime de l’apartheid israélien.

Daniel Lévyne membre de l’UJFP