Violence en Israël et en Palestine ! Mais de quelle violence s’agit-il ?
On peut compter les coups, énumérer les diverses attaques, entre les roquettes envoyées de Gaza et les bombardements de l’armée israélienne sur Gaza, et chercher les responsables.
On peut condamner l’enlèvement et l’assassinat de trois jeunes Israéliens et déplorer le meurtre d’un jeune Palestinien par des « extrémistes juifs ».
On peut, comme l’a fait le monsieur de l’Elysée, exprimer son soutien à Netanyahou contre l’agression du HAMAS.
Tout cela permet d’oublier les raisons de la violence.
La violence, c’est d’abord la destruction de la société palestinienne et les diverses formes qu’elle a prise depuis la conquête sioniste jusqu’à l’occupation actuelle, depuis l’expulsion des Palestiniens de la Palestine transformée en Etat d’Israël jusqu’à l’annexion rampante que constitue le développement des implantations israéliennes en Cisjordanie.
La violence c’est le refus israélien de reconnaître les droits des Palestiniens considérés comme un obstacle à la constitution de cet Etat déclaré « juif et démocratique » comme pour mieux affirmer que cet Etat ne peut être démocratique que s’il est débarrassé de la partie indésirable de sa population, les Palestiniens.
La violence c’est cette politique d’Apartheid dont l’objectif premier est d’amener les Palestiniens à partir pour ne plus encombrer l’Etat « juif et démocratique ».
A la répression quotidienne infligée par l’Etat d’Israël aux Palestiniens à travers les check-points, les refus de permis de construire, les destructions de maisons, les emprisonnements arbitraires, le Mur de séparation et autres brimades, s’ajoute, quand le gouvernement israélien le juge nécessaire, des agressions armées comme les bombardements périodiques de Gaza ou les assassinats ciblés, une façon de contourner la peine de mort qui n’existe pas en Israël.
Il devient alors facile, pour l’Etat d’Israël et ceux qui le soutiennent, d’appeler terrorisme toute forme de résistance à l’oppression, une façon de renverser les rôles pourrait-on dire, une façon aussi de jouer la fausse symétrie entre une armée puissante et des résistants utilisant les moyens dont ils disposent pour s’opposer à l’oppression. Et c’est cet Etat oppresseur qui apparaît alors, auprès de ses amis, comme un petit Etat agressé par ceux qu’il opprime. C’est cela que voulait dire le monsieur de l’Elysée lorsqu’il téléphonait à son ami Netanyahou pour l’assurer de son soutien contre l’agression du HAMAS.
Il faut pourtant noter un fait nouveau, peut-être le plus important aujourd’hui. Des roquettes peuvent atteindre les grandes agglomérations israéliennes, Jérusalem, Tel-Aviv et même Haïfa, une façon pour les Israéliens de prendre conscience que la guerre n’est plus à sens unique. Même si les bombardements israéliens sur Gaza restent plus meurtriers et si les roquettes palestiniens apparaissent dérisoires face à la puissance de feu israélienne, reste que le territoire israélien n’est plus à l’abri de la guerre. Une façon pour amener les Israéliens à comprendre que la guerre n’est pas à sens unique et que les Palestiniens existent.
On peut y voir la réponse des Palestiniens au refus israélien de les reconnaître en tant que Palestiniens, à la fois réponse existentielle et réponse au silence de ce qu’on appelle la communauté internationale incapable d’amener l’Etat d’Israël à mettre fin à la violence qu’il exerce contre les Palestiniens.
Rudolf Bkouche
Nabil El Haggar