On voit apparaître de temps à autre dans la presse des titres comme ceux-ci
Regain de violence en Cisjordanie
ou encore
Regain de violence à Jérusalem
Et l’on apprend que des Israéliens ont été attaqués, voire tués, par des Palestiniens et que l’armée israélienne a dû répondre, tuant au passage quelques Palestiniens.
Ainsi les Palestiniens seraient violents, eux qui attaquent une famille de colons roulant pacifiquement sur les routes de Cisjordanie occupée ou qui empêchent les Juifs de visiter en toute tranquillité le Mont du Temple, alias l’Esplanade des Mosquées.
Une façon d’occulter la violence qui marque l’occupation et l’annexion morceau par morceau de la terre palestinienne, ce qu’on appelle la « colonisation ». Ainsi les Palestiniens qui s’opposent à la violence israélienne seraient violents et la violence naîtrait du refus palestinien d’accepter le fait israélien.
Tout cela est dans l’ordre des choses, la violence de l’opprimé face à l’oppression est depuis toujours condamnable, elle qui n’est que Résistance à l’ordre imposé par les oppresseurs.
On va alors scruter les divers modes de violence usés par les opprimés pour dire s’ils restent conformes aux règles de la bienséance ou s’ils outrepassent ces règles. Et s’ils les outrepassent, on n’oubliera pas de condamner leurs auteurs, évitant ainsi de poser la question des raisons de ces violences.
La voiture d’une famille de colons est attaquée et les parents sont tués. Avant de condamner ce meurtre ou d’applaudir un acte de Résistance, il est nécessaire de comprendre les raisons qui ont conduit à cet acte et ces raisons sont à chercher dans l’occupation.
De jeunes Palestiniens attaquent à coup de pierres une armée surarmée. Ce n’est pas bien de lapider des soldats, fussent-ils surarmées. Alors ces soldats tirent pour se défendre tuant au passage quelques jeunes Palestiniens. Et le Parlement israélien promet des années de prison aux jeunes lanceurs de pierres. Mais pourquoi ces jeunes Palestiniens lancent-ils des pierres contre ces soldats vaquant à l’occupation ? Que se passe-t-il donc qui peut conduire à une telle violence ? demandent ceux qui ne veulent pas comprendre ? Eh bien, on vient de le dire, il se passe l’occupation.
Les Palestiniens n’inventent rien, comme tous les peuples opprimés par une occupation étrangère, ils résistent. Et c’est cette Résistance qui devient intolérable pour les occupants d’abord, pour leurs sympathisants ensuite.
Alors parler de violence en Cisjordanie ou de violence à Jérusalem, c’est d’abord parler de l’oppression que subissent les Palestiniens, de l’occupation et de la « colonisation ». Oublier cela, c’est vouloir ne rien comprendre et en fin de compte soutenir l’oppresseur.
On peut effectivement énumérer les faits et chercher à mesurer qui est le plus violent, tout cela n’est que façon de ne pas voir la réalité, c’est-à-dire l’occupation israélienne, l’annexion qui se construit au jour le jour avec la volonté israélienne d’éliminer toute présence palestinienne en Palestine.
Il n’y a pas de symétrie entre occupants et occupés, entre oppresseurs et opprimés.
C’est cette fausse symétrie qui a conduit depuis les Accords d’Oslo à la mise en place d’un processus qui n’en finit pas de jouer à « faire la paix », processus pendant lequel occupation et annexion continuent au détriment des Palestiniens.
C’est cette fausse symétrie qui a conduit à cette vague de reconnaissance d’un Etat de Palestine toujours virtuel et l’apparition du drapeau de cet Etat virtuel sur le parvis de l’ONU, comme si le symbole suffisait pour assurer l’existence d’un pur virtuel. Une façon aussi de rappeler l’impuissance quelque peu volontaire devant la politique israélienne.
Ce qui se passe aujourd’hui à Jérusalem n’est que le signe que la violence continue, non par le fait de la Résistance mais par le fait que l’oppression continue pendant que l’Etat d’Israël poursuit sa conquête de la terre palestinienne.
Rudolf Bkouche