Communiqué du 13 février 2024
La semaine dernière nous apprenions par nos camarades de Paris 20ème Solidaire qu’une descente de police avait eu lieu le 17 janvier dernier au foyer Coallia rue Bisson dans le 20ème arrondissement. Nous restituons les faits selon les informations de nos camarades:
« Des policiers en civil se sont rendus à l’intérieur du bâtiment et y sont restés pendant un certain temps avant de mettre leurs brassards de flics et démarrer un contrôle de papiers. La police municipale est alors arrivée en renfort.
Toutes les personnes qui se trouvaient dans le hall d’entrée – entre 10 et 15 (vendeurs et d’autres personnes qu’à la sortie de la prière y étaient restées saluer et parler avec les amis) ont dû s’identifier.
Quelques jours plus tard, au moins deux parmi eux – mais sans doute d’autres- ont reçu des amendes de 300 euros pour vente à la sauvette – même s’ils ne vendaient rien et se trouvaient juste là en train de parler. Depuis, il n’y a plus du tout de vente à l’entrée du foyer Bisson. »
Une autre descente a eu lieu au foyers muriers dans le 20ème arrondissement. Ce type d’opérations qui ressemblent à de bonnes vieilles ratonnades étaient monnaie courante dans les foyers au cours des années 1990, 2000. Ces pratiques ont fort heureusement diminué ces dernières années grâce à la contestation des résidents et à la pression des associations de soutien. Nous ne savons pas vraiment quelle rôle joue Coallia dans ces affaires mais avec le contexte politique actuel nous craignons grandement le retour du harcèlement policier dans les foyers. Et ce n’est pas la seule chose qui nous inquiète dans les foyers Coallia.
Il nous a été rapporté, et nous avons pu constater par nous-mêmes, qu’un un système de contrôle abusif digne des foyers Sonacotra des années 1960 a été mis en place à la résidence de desserrement de Coallia rue Brulefer à Montreuil. Tout visiteur qui franchit le portail du foyer ne serait-ce que d’un pas est abordé par un agent de sécurité employé par Coallia, s’ensuit un petit interrogatoire pour savoir qui vous êtes et ce que vous venez faire au foyer. L’agent de sécurité demande à toute personne n’étant pas résident officiel du foyer de lui laisser sa pièce d’identité que l’o, peut récupérer au moment de ressortir. Des résidents nous ont raconté que ce système de contrôle date de la période de réhabilitation du foyer Bara. La résidence Brulefer a été construite comme un lieu de transit pour les résidents de foyers en transformation à Montreuil. Au moment de la transformation du foyer Bara, la résidence rue Brulefer a servi de lieu de transit pour à peu près 200 habitants en attente que leurs résidences de relogement définitif soient construites. C’est à ce moment là, il y a 4 ans, que ce système ultra sécurisé a été mis en place pour que les sans-papiers surnuméraires ne puissent pas suivre les résidents officiels dans leurs logements de transit. Un agent de sécurité présent 24h/24 7j/7 qui contrôle les entrées et demande une pièce d’identité, qu’il conserve, aux personnes qui sont en visite. Depuis, ce contrôle abusif continue. Pour le moment, la résidence brulefer est la seul où nous avons observé ce système, mais il est important pour nous de mettre en lumière que dans certains contextes, des méthodes autoritaires que nous pensions appartenir au passé peuvent ressurgir très vite.
Nous sommes révolté·e·s de ce retour au tout-contrôle dans les résidences sociales. La fin du contrôle abusif a été l’une des revendications principales de la grande grève des loyers Sonacotra de la deuxième partie des années 1970, et une des victoires de ce mouvement historique. Même s’il ne s’agit que de deux résidences isolées, nous devons tuer dans l’œuf cette volonté des gestionnaires de foyer de revenir à un mode de gestion policier et autoritaire.
Quelques jours après la promulgation de la loi Darmanin, nous sommes dans un contexte dans lequel les droits des personnes migrantes sont grandement menacés. Nous devons redoubler de vigilance face à l’attitude de l’Etat, de la police et des gestionnaires de foyers qui sont sur une pente particulièrement inquiétante. Nous, association de soutien, continuerons à accompagner les personnes qui luttent pour défendre leurs droits. Nous militons pour des foyers comme habitat social de qualité, libres, ouverts et accueillants.
Le Collectif Pour l’Avenir des Foyers
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